Après deux belle journées l’édition 2022 du Rock Hard Festival est déjà une réussite. Il reste la cerise sur le gâteau avec une dernière journée qui s’annonce prometteuse avec un programme riche et varié. Le seul petit bémol viendra d’une météo capricieuse avec quelques bonnes averses qui vont pas décourager un public fourni et déterminé à s’amuser dans la bonne humeur.
Par Franck Lasselle / Crédit photo : Moris DC
Le programme commence avec Wolvespirit. La formation allemande évolue dans un Classic Rock 70’s dans la mouvance de Blues Pills ou Kadavar. Son atout, c’est Debbie Harris, sa voix grave est intense et elle dégage un charisme animal impressionnant. Après une intro psychédélique, le groupe va montrer l’étendue de sa classe avec nombre de brûlots incandescents. Avec « Fire And Ice », « I Want To love », « Don’t You Know » ou « Change The World », on retrouve un ton à l’ancienne. L’orgue Hammond se fait entendre, les riffs sont plein d’un groove 70’s chaleureux et le chant de Debbie est fabuleux dans l’esprit de Janis Joplin. L’accueil est royal, Debbie rayonne et se pose en défenseuse des droits. En fin de concert, « I Am Free » et prenante et sonne comme un cri de liberté. Porté par sa chanteuse, Wolvespirit a déclaré son amour des 70’s avec une classe énorme. Avec un concert d’une telle chaleur la journée est lancée idéalement.





Avec l’arrivée de Sulphur Aeon, le ton va se faire sombre et occulte. Dans le sillage de Behemoth les allemands proposent un Death Black mystique qui lorgne du côté de Lovecraft. Avec « Cult Of Starry Wisdom », le ton donné. Le chant déclamé de M donne le frisson et plonge le public dans les ténèbres. La puissance dégagée impressionne avec un growl des enfers en alternance avec le chant clair. Le rythme est intense et chacun à l’impression de plonger dans une cérémonie secrète. La suite va être prenante, avec « Yuggothian Spell », « Onwards…Towards », « Kadath » ou « Incantation », le groupe écrase tout sur son passage avec le chant clair qui colle le frisson. L’Amphitrite devient un second Mordor avec un accueil royal. Le final avec « Lungs Into Gills » et « Devotion To The Cosmic Chaos » est remarquable en forme de voyage chez les grands anciens. Sulphur Aeron a donné un concert d’une rare force, à la fois brutal et occulte et a largement séduit la foule.





Après cette cérémonie, ce sont les danois d’Artillery qui prennent la scène d’assaut. Formé en 82, la formation est une pionnière en matière de Thrash. Après une courte intro, Michael Stützer et ses camarades lancent la sauce avec « The Devils Symphony ». Force est de constater la forme du groupe qui balance une tartine Thrash. Le rythme est énorme, Michael Dahl hurle avec intensité et ne tient pas en place. L’entame est idéale et la pression ne va pas retomber. Le groupe assomme l’auditoire avec un plaisir palpable et ne semble pas dérangé par la pluie. « By Inheritance », « Turn Up The Rage » ou « Bombfood » ne font pas de quartiers. Les riffs et soli sont rapides et maîtrisés, les refrains efficaces et le côté mitraillette de la batterie ajoute de l’intensité. La seconde partie avec « The Challenge », « In Thrash We Trust » ou « Legions » est bouillante dans un esprit Thrash avec quelques passages mélodiques permettant de souffler. Le final avec « Terror Squad » et « The Almighty » est succulent et achève la foule. Artillery a montré une belle forme, avec un concert aussi réussi il prouve qu’il reste à la pointe du genre que ça soit avec ses anciens titres qu’avec les plus récents.





Après cette tempête, Night Demon déboule. Les Américains font partie de cette scène récente qui remet le Heavy Metal à l’honneur dans l’esprit de Diamond Head ou Angel Witch. Après une intro balançant le classique « Night Of The Demon » le groupe balance un excellent « Screams In The Night ». Puissant et mélodique, le titre est une claque Heavy dotée d’un solo énorme et d’un excellent refrain. Avec » Empires Fall, Hallowed Ground » et « Kill The Pain », le groupe ravit la foule, il se fait rapide et mélodique et évoque Iron Maiden et Judas Priest dans ses riffs. Après un « Howling Man » équilibré entre côté speed et passage mélancolique on retrouve une reprise speed de « The Sun Goes Down » de Thin Lizzy. La seconde partie du concert va être aussi réussie. Avec » Vysteria », « Flight Of The Manticore » ou « The Chalice », le groupe confirme son excellence pour un Heavy sachant se faire accrocheur au travers de refrains bien troussés. Le final sur « Darkness Remain » est costaud en forme de tarte Heavy Metal. Night Demon a confirmé son statut de jeune loup aux dents longues. Le groupe a fait un carton et a montré qu’il était apte à prendre la relève des anciens.





Avec Midnight, le ton se fait occulte. Taillé dans un Black/Speed digne de Venom, le projet de Athenar est culte et cultive un sens du mystère qui plonge dans l’underground avec délectation. Après un son de cloches semblant venus droit des enfers avec un côté malsain, le chanteur et sa bande débarquent sur « Vomit Queen ». Le titre est un moment crade et jouissif de Black’n’Roll avec un côté « cradingue » et un chant de dégénéré sale et cru. En matière de tarte en pleine tronche, il est dur de faire mieux. « Poison Trash » et « Evil Like A Knife » enchaînent dans le même esprit Speed Black 80’s. Le groupe n’est pas là pour s’amuser et la violence dégagée fait mal. Le chanteur apprécie l’accueil et derrière les perles vont s’accumuler avec férocité et un côté barge plaisant. On citera en vrac « Penetratal Ectasy », « Satanic Royalty », « Black Rock’n’Roll » ou « Szex Witchery » et « Telepathic Nightmare » délicieusement sauvages et décadentes. L’esprit des enfers règne et le final avec « Who Gives A Fuck ? » et « Unholy And Rotten » est délicieux dans cet esprit Speed Black 80’s. Midnight a frappé fort avec un concert bestial en forme de pain dans la tronche qui restera comme un moment fort du festival.







Avec Michael Monroe, le festival accueille un grand nom de la scène glam rock. Le chanteur a bien bourlingué depuis 40 ans avec notamment Hanoi Rocks et est connu pour mettre le feu partout où il passe. Et ce n’est pas le déluge qui tombe qui va le freiner. Après l’intro Monroe pousse un cri de guerre et le concert se lance au quart de tour. « One Man Gang », « Last Train In Tokyo » et « Murder The Summer Of Love » font leur effet avec du fun, un côté Rock’n’Roll réjouissant et la voix éraillée de Monroe. Ce dernier est à fond et va sur les retours sous la pluie chanter un « Nothin’s Alright » qui mixe Glam, Rock et Punk. Pour « Trick Of The Wrist », il sort le saxo et fait son effet sur un titre bien rock. Le concert est un show total plaisant et derrière avec « 78, Soul Surrender « ou « Ballad Of Lower East Side », Monroe et sa bande confirment leur talent pour un Hard Glam chaleureux et dansant.
La seconde partie va voir le groupe proposer pas mal de reprises et cela va fonctionner à fond. « Not Faking It » empruntée à Nazareth est une belle folie, Monroe ressort le saxo et s’amuse à faire un grand écart sur scène. Derrière il y a du Hanoi Rocks, du Demolition 23 et du Creedence. Avec « Motorvatin’, Hammersmith Palais » et « Up Around The Bend », le groupe fait un carton. Monroe confirme sa forme et s’amuse à aller au plus prêt du public et tenter un saut depuis la batterie. Le final avec « Dead, Jail Or Rock’n’Roll » et « Oriental Beat » est jouissif en forme de claque Rock’n’Roll. Michael Monroe a donné un concert fabuleux, il a électrisé la foule et montré que le Glam Rock restait d’actualité.






Après ce moment intense les patrons du fest prennent la parole. Et après les remerciement traditionnels ils proposent une sacrée surprise. Le public voit débarquer Sodom pour un concert surprise. Le trio formé de Angelripper, Brings et Merkel va balancer trois titres de Tapping The Vein pour célébrer ses 30 ans. Avec « Body Parts », « One Step Over The Line » et « Wachturm » le groupe va tout dévaster avec une énergie Thrash incroyable en défiant la pluie avec énergie. Ce concert fut court mais jouissif et donne envie de voir vite Sodom pour une prestation classique.




Après ce bon moment, il reste la tête d’affiche, Accept est très attendu, la tournée ‘Too Mean To Die’ a été souvent reculée et la foule piaffe d’impatience. D’entrée, avec « Zombie Apocalypse », le ton est donné, le son est énorme et le groupe en forme. Mark hurle avec énergie et ses compères délivrent un parfait Heavy mélodique. « Symphony Of Pain » enchaîne à merveille avec un super solo d’un Wolf en grande forme et un refrain énorme de force. Derrière « Living For Tonite » et « Restless And Wild », deux gros classiques font hurler la foule de plaisir. Ensuite, Accept va dans le sens opposé d’un Blind Guardian et se concentre sur le répertoire récent. Sans avoir la force des classiques « Overnight Sensation », « The Abyss » et « Shadow Soldiers » font le boulot avec une bonne force Heavy et un côté mélodique efficace, notamment sur un « Shadow Soldiers » accrocheur. Au milieu petite surprise avec « Objection Overruled, » un titre de l’ère UDO, loin d’être le plus connu et qui fait son effet avec un refrain super Heavy.
Après ce moment culotté, Accept revient aux bases et cartonne en enchaînant « Princess Of The Dawn », « Fast As A Shark » et « Metal Heart ». Mark est en super forme et assure parfaitement et Wolf aligne les moments de bravoure à la guitare. On regrettera juste que Martin Motnik et Philip Shouse soient si peu présents, cachés dans le fond de la scène. Cela ne gâche rien et avec « Teutonic Terror » et « Pandemic », le groupe prouve que son répertoire récent dispose de hits Heavy aux refrains et soli irrésistibles. Les rappels se lancent avec un medley de vieux titres, « Demon’s Night », « Starlight », « Losers And Winners » et « Flash Rockin’ Man ». L’exercice est facile mais permet de goutter à ces succulents moments de Heavy mélodique. « Balls To The Wall » et « Rebel « achèvent le concert en beauté, la communion avec le public est totale et on sent une joie énorme d’avoir assister à une si belle prestation. Entre passé et présent, Accept a montré une grande forme. Il n’a rien perdu de ses qualités malgré les changements de line-up et demeure un monstre du Heavy Metal capable de tout dévaster sur son passage.







Il nous reste à remercier le festival pour son accueil et pour son travail précieux au service de la cause métallique et lui donner rendez-vous pour d’autres belles éditions.
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