Six ans après la sortie de Ball-Trap, Malemort revient enfin sur le devant de la scène avec un nouvel opus, Château-Chimère, un opus conceptuel qui s’inspire ouvertement des mystères que renferme le château d’Hérouville. L’occasion pour nous de prendre des nouvelles de Xavier Malemort, son chanteur.

Propos de Xavier Malemort (chant) recueillis par Axl Meu


Ça fait six ans que Ball-Trap est sorti. On peut dire que vous avez eu le temps de le faire vivre comme il se doit, notamment en le présentant au Hellfest ! Quel bilan « post-Ball Trap » pour Malemort ? 

Si tu veux, pour le tout premier album, French Romances, on avait réussi à fixer les bases du style ‘Malemort’. L’idée était de faire s’acoquiner le Metal et le Rock, de présenter un petit cocktail un peu personnel de tout ça. Et ça, on avait réussi à l’afficher sur le premier opus. Mais pour Ball-Trap, on avait conscience qu’il fallait passer à la vitesse supérieure. Je pense que c’était le bon album au bon moment. Les premiers échos « critiques » pour Ball-Trap ont tout de suite été excellents, mais tout a été progressif, ce qui nous a permis de nous produire au Hellfest en 2018. Entre-temps, on avait donné beaucoup de concerts. On était donc aguerris et prêts à défendre notre « beefsteak ». 

Quand avez-vous commencé à penser à la suite, à ce concept-album, Château-Chimère ? D’ailleurs, est-ce que tu peux revenir sur son concept ?

Alors, moi, au départ… Quand tu es un groupe indépendant qui est sur une pente ascendante, il faut donner au maximum, sans appui d’un label. Ça demande beaucoup de temps. On avait vraiment la tête dans le guidon après la sortie de Ball-Trap et on ne pouvait pas se permettre de commencer à penser à la suite, alors qu’on était en train de défendre Ball-Trap. Il m’était impossible de faire deux choses à la fois. Cependant, j’avais déjà l’idée d’une trame, celle du château d’Hérouville. C’est un château mythique. Ça a été un château de légende dans les années 70 puisque la crème de la Pop et du Rock est passée par là. Chacun des albums qui ont été enregistrés là-bas représentent une certaine idée du dépassement. Donc moi, le mélange entre les personnalités fascinantes telles que David Bowie, Iggy Pop ou Pink Floyd qui y sont passées, cette dimension de création, plus cette dimension littéraire, c’est un cocktail qui m’intéressait beaucoup. Tu vois le parfum d’interdit, de mystère qui t’incite à creuser.

Sur cet opus, on reconnaît bien le style de Malemort. Comme sur Ball-Trap, les thèmes abordés sont historiques, alors que votre musique, elle, est moderne… 

J’ai le sentiment que c’est une constante dans le monde artistique d’aller s’inspirer de thématiques qui remontent à loin pour créer du neuf. Ça s’est fait en musique, en peinture, en écriture… Quand un auteur du XIXème siècle, par exemple Alexandre Dumas, qui va plonger dans des thématiques du Moyen-Âge ou de Louis XIII pour écrire et créer. En fait, je préfère largement ça à ces artistes qui se contentent de perpétuer un héritage. Je pense que l’Art se nourrit du passé pour aller trouver du neuf. Par contre, aller copier les anciens juste pour honorer ce qu’ils ont fait. Ça, ça me pose problème. Ce phénomène existe également dans la scène Metal. Il y a des groupes qui le font très bien, mais cette étiquette de « revival » me pose quand même problème. Il y a beaucoup de groupes qui s’entête à émuler un truc qui a déjà été fait. Et ça, on pourra tomber d’accord sur le fait qu’il y a des groupes qui le font bien, mais – je veux dire – j’aime le Metal.

Ça me rend malheureux de me dire que ce style est sujet à l’immobilisme. Moi, j’ai eu la chance de grandir dans les années 90. À ce moment-là, tout le monde disait qu’on n’avait pas de chance, soit disant qu’il fallait être né avant. Oui, les disques des années 80 sont fabuleux. Cependant, heureusement que les années 90 ont poussé la scène Metal à se remettre en cause, car le Grunge avait tout fait sauter à l’époque. Je pense que les périodes de crise permettent de renouveler le style. Pour répondre à ta question, aller puiser dans des thématiques du passé pour créer du neuf – et j’insiste bien dessus -, c’est un peu mon crédo ! 

« Aller puiser dans des thématiques du passé pour créer du neuf – et j’insiste bien dessus -, c’est un peu mon crédo »

Qui est garant de l’identité de Malemort aujourd’hui ? Ta voix ? Les guitares ? 

Je dirais que c’est plus ma voix. En fait, pour ce qui est des guitares, on a toujours multiplier les emprunts. Notre musique, ça a toujours été une sorte de marmite dans laquelle on met toutes les choses qu’on aime. Une seule règle cependant : la cohérence. Cependant, on ne veut pas que nos morceaux soient une simple provocation par ajout de styles. Ça a toujours été une chose dont je me suis toujours méfié. Tu as Faith No More qui y arrive très bien, après… Nous, on vise vraiment la cohérence. Pour ce qui est de ma voix, elle a quand même ses limites. Elle unifie l’ensemble et dégage une certaine authenticité. Parmi les groupes que je vénère, il y a toujours un chanteur dont on reconnaît tout de suite la voix, ces chanteurs qui ne font pas comme chez leur voisin en quelque sorte.

Qui vous a accompagnés pour l’enregistrement et le mix’ ? 

Pour Ball-Trap, on avait travaillé avec Mobo du Conkrete Studio, qui est connu pour avoir conduit des projets très costauds comme Gorod. Là, pour ce nouvel opus, on a travaillé de manière plus étroite encore avec Guillaume des Swan Song Studio. Il est situé dans le fin-fond de la Normandie. Pour ce nouvel opus, on s’est posé beaucoup de questions. On avait peur que la production ne vienne détruire la nuance. On voulait que l’ensemble, bien que puissant, reste naturel. Et Guillaume, je suis retombé sur son nom quand j’ai écouté l’un des derniers singles de Headcharger. En fait, je suis tombé sur le clip, j’ai écouté ça… J’ai bien aimé ce côté « entre Rock et Metal », puissant mais aussi authentique. Je me suis replongé dedans et je me suis rendu compte que Guillaume Doussaud les suit depuis toujours. Je l’ai contacté et je dois dire qu’il a été absolument fabuleux. C’est un super mec. Il est vraiment allé au bout du projet. Il y a de la puissance, mais aussi du sens. La mélodie est toujours mise en avant. Il y a du relief dans ce que nous avons produit… Et c’est vraiment un des points sur lesquels on a insisté avec Guillaume. Il était d’accord. Après, ce qui est intéressant avec Guillaume, c’est qu’il a une vision large : il a travaillé avec des groupes de Punk, des formations de musique du monde. 

C’est avec lui que vous avez travaillé sur le côté cinématographique de l’opus ? 

(Xavier réfléchit…) Je ne pense pas. Il a compris là où nous voulions en arriver. Je pense que c’est dû au fait qu’il y a pas mal de claviers dans notre musique. Certes, il y a une basse et une batterie puissante, mais derrière, il y a eu un travail de clavier, de texture sonore. Et ça, Guillaume a eu l’idée de faire un mix’ global, ce qui permet de créer une véritable toile de fond. Il y a tous ces petits arrangements derrière qui permettent de créer une ambiance et le côté « cinéma ». 

Et maintenant, quid des concerts ? Avez-vous réussi à trouver un « booker » ? 

Pour ce qui est des concerts, nous avons seulement commencé à y réfléchir dernièrement. Ça va être compliqué, mais on va voir ce qu’on peut faire ! Pour le moment, c’est tellement le « gros bordel » depuis que ça reprend… Là, je préfère que les gens découvrent le disque, néanmoins, on n’exclut pas l’idée d’organiser une date pour fêter la sortie de l’album. Pour la suite, on attendra 2023.


Malemort, c’est :

Xavier Malemort : Chant

Sébastien Berne : Guitare rythmique/solo, claviers

Sebastien Lafaye : Guitare rythmique/solo

Aurélien Ouzoulias : Batterie

Shob : basse

Discographie :

French Romances (2012)

Ball-Trap (2016)

Château-Chimère (2022)

A propos de l'auteur

Rédacteur en chef d'Heretik Magazine

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