La carrière de Queensrÿche a connu des hauts et des bas… Mais il semblerait que l’arrivée de Todd La Torre, la formation de Heavy Metal, a permis aux Américains de renouer avec le succès une bonne fois pour toutes. Dans deux semaines sort Digital Noise Alliance via Century Media et nous en avons donc profité pour contacter le chanteur qui a profité de cet entretien pour évoquer les nouveaux problèmes que rencontre le secteur de la musique…

Propos de Todd La Torre (chant) recueillis par Axl Meu


Salut Todd, cette année, tu fêtes ton dixième anniversaire au sein de Queensrÿche. Le temps passe vite ! 

En effet… Ça fait déjà dix ans que je fais partie de Queensrÿche. Désormais, je passe mon temps à voyager et à enchaîner les tournées, et je vis de ma passion ! C’est vraiment satisfaisant, mais ça implique tout de même des sacrifices, comme celui d’être loin de tes proches. J’ai quand même du mal à réaliser que ça faisait déjà dix ans que je suis dans le groupe. Les cycles s’enchaînent, mais ne se ressemblent pas forcément : on écrit un opus, on l’enregistre, puis on part en tournée. Ce n’est pas toujours évident, mais je dois dire qu’il y a pire dans la vie que d’être payé à écrire et à passer sa vie sur la route ! (sourire engageant)

À l’époque, tu avais quand même remplacé Geoff Tate, membre historique et emblématique du groupe. On savait que le faire oublier ne serait pas évident pour toi ! 

Je suis un grand fan de sa voix ! En fait, j’ai rencontré Michael Wilton (guitare, NDLR) à la NAMM en janvier 2012. Suite à notre échange, il me propose de faire de la musique avec lui, sans trop me parler de la crise que traversait alors le groupe. Nous avons donc commencé à travailler ensemble… Il m’envoyait ses morceaux qui, étrangement, sonnaient comme du Queensrÿche, et moi, je travaillais dessus. Ce n’est que par la suite qu’il m’a proposé de rejoindre le groupe. Dix ans plus tard, j’en suis déjà à quatre albums avec le groupe. 

C’est Digital Noise Alliance. Avant celui-ci, vous aviez fait paraître The Verdict. Si mes souvenirs sont bons, tu avais assuré la batterie sur cet opus…

C’est exact. Nous avions une deadline à respecter et Scott (Rockenfield, NDLR) n’avait pas pu se rendre disponible. D’ailleurs, il n’est plus dans le groupe. C’est Casey Grillo qui l’a remplacé. Il est très créatif et a fait un super travail sur l’opus ! 

Est-ce que tu peux nous parler de ce nouvel opus ? Vos morceaux peuvent s’avérer complexes, mais je dois dire que « Forest » a particulièrement retenu mon attention. C’est le morceau le plus calme de l’opus !

On écrit juste des morceaux sans suivre de direction particulière. Tous ces titres ont pris le temps de prendre forme… Et concernant « Forest », c’est vraiment le dernier morceau qui a été composé pour cet opus. On est parti d’une idée simple de Michael et de mon côté, j’ai voulu aborder d’autres techniques de chant. Je voulais que l’on m’entende respirer, un peu à la manière de « Silent Lucidity ». Il n’est pas dans notre intérêt que Queensrÿche ressemble à tous ces autres groupes qui, parfois, en font trop. Je préfère quand il y a de l’espace, un peu comme le font des groupes comme Pink Floyd. Et, à mon avis, « Forest » apporte de la diversité à l’opus. D’ailleurs, nous en avons fait un clip, et il s’avère que beaucoup s’y sont retrouvés. Il évoque la perte d’un proche, d’un membre de sa famille, d’un ami… Je regrette aujourd’hui que peu de groupes prennent la peine d’écrire ce type de morceaux qui, pourtant, étaient légion dans les années 80. Je ne mentirais pas si je te disais que « Forest » est l’un de mes morceaux préférés de l’opus. 

« Il faut prendre en compte la pénurie de tour-bus qui touche notre secteur et l’augmentation excessive du prix de l’essence… »

Quelles sont les thématiques abordées sur cet opus ? 

En général, nos morceaux parlent des injustices sociales. « Tormentum », par exemple, parle des prisonniers de guerre qui se font torturer, des conventions de Genève. « Nocturnal Light » est ouvertement inspiré de la pandémie et nous amène à ré-évaluer certaines situations. « Sicdeth » évoque, quant à lui, le cas de certains serial-killers. En bref, ce qu’il faut retenir par rapport aux thématiques que vous développons, c’est qu’elles sont toujours en lien avec la réalité. C’est toujours assez profond, et ça n’a clairement rien à voir avec les sujets abordés par les groupes de Power Metal ou même Manowar. (sourire)

La dernière piste de l’opus est une reprise de Billy Idol. C’est de « Rebel Yell » Je dois t’avouer avoir été surpris par le choix de ce morceau ! 

C’est un morceau que tout le monde connaît et dont tout le monde est fan ! Plutôt que d’ajouter un titre dont nous sommes peu satisfaits, nous avons décidé d’inclure une reprise. Au départ, nous avions l’intention de reprendre le morceau « She Sells Sanctuary » de The Cult, mais les lignes de chant sont assez linéaires… Tout compte fait, nous avons jeté notre dévolu sur le titre « Rebel Yell ». Les lignes de chant y sont bien plus dynamiques… Je sais que beaucoup d’autres groupes l’ont reprise, mais bon, je pense que nous avons proposé une bonne reprise ! J’ai fait en sorte de respecter la piste originale, mais les guitares sonnent quant à elle comme du Queensrÿche. Nous avons pris beaucoup de plaisir à la reprendre ! 

Quid de la prochaine tournée européenne pour Queensrÿche ? 

J’espère que nous reviendrons en Europe l’année prochaine. Pour le moment, rien n’est confirmé. Je ne peux pas m’avancer, mais je dois quand même t’avouer que la situation est délicate en ce moment. Pour commencer, tous les groupes qui n’ont pas pu tourner durant la pandémie tournent en ce moment, du coup, il est difficile d’avoir un créneau pour se placer. Ensuite, il faut prendre en compte la pénurie de tour-bus qui touche notre secteur et l’augmentation excessive du prix de l’essence. En fait, même quand un groupe a les moyens de partir en tournée, le fait qu’il n’y ait presque plus de bus complique tout. Dans quelques semaines, nous partons en tournée avec Judas Priest et nous sommes toujours à la recherche d’un tour-bus… 

Enfin, une question plus ouverte. L’héritage de Queensrÿche est immense aujourd’hui. Quel est ton avis à ce sujet ? Selon toi, qu’a apporté Queensrÿche à l’ensemble de la scène Metal ? 

Selon moi, Queensrÿche a inspiré un genre entier, le Metal progressif. Mon album préféré du groupe est The Warning (1984), même si tout le monde préfère Operation : Mindcrime (1988). À l’époque, le groupe avait rencontré beaucoup de succès et le groupe était vraiment libre de tout. Aujourd’hui, nous continuons de l’être, prenons plaisir à faire notre musique… Et je pense que les dix dernières années ont été cruciales pour le groupe. Il aurait été dommage que le groupe mette un terme à sa carrière après American Soldier (2009) ou même Dedicated to Chaos (2011). 


Queensrÿche, c’est : 

Eddie Jackson : Basse

Michael Wilton : Guitares 

Mike Stone : Guitares 

Todd La Torre : Chant 

Casey Grillo : Batterie 

Discographie : 

Queensrÿche (1983-EP)

The Warning (1984) 

Rage for Order (1986) 

Operation: Mindcrime (1988) 

Empire (1990) 

Promised Land (1994) 

Q2K (1999) 

Tribe (2003) 

Operation: Mindcrime II (2006) 

Take Cover (2007)

American Soldier (2009) 

Dedicated to Chaos (2011)

Queensrÿche (2013) 

Condition Hüman (2015)

The Verdict (2019)

Digital Noise Alliance (2022)

A propos de l'auteur

Rédacteur en chef d'Heretik Magazine

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