Jeff Grimal est un artiste protéiforme. D’un côté, il arpente les scènes avec ses différents groupes (Kesys, Spectrale, Citadel… et vous l’avez aussi connu dans The Great Old Ones). De l’autre, il remplit des toiles et réalise de nombreux artworks (Gorod, In Cauda Venenum, 20 Seconds Falling Man). Et comme vous pourrez admirer quelques unes de ses œuvres et le rencontrer dans les Annex (Mezzanine) dans le cadre du Tyrant Fest, nous l’avons passé à la question.

Par Hyass


On te connaît musicien et peintre, l’un et l’autre formant un tout. Peux-tu nous raconter ton parcours ?

Mon parcours fut long et périlleux, mais les choses ont commencé très jeune. Ma famille achetaient des œuvres d’art, allaient aux expos, au cinéma, aux concerts. J’ai baigné enfant dans cette ambiance artistique. Ma mère est musicienne (piano et accordéon) et j’ai pu aussi m’intéresser à la musique classique, au Rock, au Jazz… À l’école, je gribouillais des dessins pendant les cours. J’avais un profond désintérêt pour les études, j’étais dans mes rêveries. Je n’arrivais pas à m’intéresser aux futilités sociales. J’étais dans un collège catholique que je haïssais, les profs et les curés prônaient la bonne parole tout en étant de sombres merdes avec les élèves. C’est à cette période que j’ai commencé à avoir un goût prononcé pour les arts sombres. Un copain un peu plus âgé que moi m’a fait écouter des albums de Slayer et Celtic Frost que j’ai tout de suite adorés. C’est aussi à cette époque que la littérature d’horreur et de science fiction est entrée dans ma vie. Après les cathos, mes parents m’ont fait entrer au Centre de Formation Artistique de Bordeaux. J’y ai étudié les techniques que j’utilise maintenant. J’ai eu un prof excellent qui peignait comme un grand maître tout en étant très humble. J’ai énormément appris avec lui. Pour ce qui est de la musique, je suis un autodidacte et j’ai appris en jouant en répétition en faisant des reprises de Punk comme la plupart des ados. J’ai eu une multitudes de groupes qui vont du Metal en passant par le Folk ou le HxC.

Tu abordes des thèmes sombres dans tes œuvres. Certains diront que tu y peins tes cauchemars… Pourtant les couleurs sont extrêmement présentes et on sent une volonté de travailler la profondeur de la matière.

On a souvent en tête le cliché des couleurs sombres pour une peinture qui va montrer une ambiance pesante, mais par moments, j’ai envie de casser les codes. Utiliser des couleurs vives peut autant donner une impression d’angoisse. Tout dépend aussi du regard du spectateur : j’ai déjà eu des remarques apaisantes sur des tableaux qui paraissent au premier abord ténébreux. Il est vrai que je fais des séries sur les mondes du bas astral, mais, pour donner un exemple sur les épaisseurs et le concept qui va avec, il faut que je parle des séries Citadel. C’est mon travail le plus personnel à ce jour. C’est un concept sur l’ancrage, sur la matière justement. Je suis une personne très rêveuse, très perchée par moments, et les textures et la verticalité de ces œuvres me permettent de me relier au monde matériel. C’est une sorte de guérison. Il y a un coté très spirituel : la conception de certaines peintures est pour moi un alignement magique entre ce monde et ceux dits subtils.

Tu as réalisé de nombreux artworks d’albums, notamment pour les groupes dans lesquels tu officiais. Comment se passe une telle collaboration ?

La plupart du temps les groupes viennent avec leurs concepts. Ils m’envoient leurs textes et la description de leur vision. Ensuite, je propose des croquis et on décide ensemble. Après, tout dépend si c’est du dessin ou de la peinture. Je préfère travailler à la peinture, c’est beaucoup plus rapide et simple pour moi. Le dessin technique j’adore, mais j’y passe un temps vraiment plus conséquent. C’est une activité qui peut ressembler à mon travail perso, mais vu que l’énergie vient de leur musique, je dirais que c’est un peu parallèle. J’apprends beaucoup d’eux. J’essaie de sortir de mes sentiers battus.

Les Editions Des Flammes Noires viennent de te consacrer un artbook, où se mélangent tes œuvres et des textes de Raphaël Verguin.

Cela faisait un moment que j’avais en tête d’éditer mes œuvres en artbook, mais aucun budget pour le concrétiser. Été 2020, j’ai reçu un message d’Emilien des Editions des Flammes Noires. Le courant est passé de suite ! J’ai senti en lui une vraie passion pour mon art. C’est une personne vraiment professionnelle et je suis très satisfait de son travail. Pour les textes, j’ai choisi Raphaël Verguin car il a vraiment le don de transformer mes dires en belles phrases. C’est très difficile pour moi de tout mettre en ordre sur papier : iI y a trop d’idées, de concepts. J’avais besoin de quelqu’un de confiance et Raphaël s’en est sorti haut la main.

Tu exposes au Tyrant Fest cette année. Tu es quelqu’un de solitaire, tu parles même d’ascétisme. Comment vis-tu le fait d’exposer tes œuvres ou de monter sur scène ?

Les expositions et les concerts sont toujours des moments très stressants. J’aime ça et, en même temps, tout ce monde peut paraître effrayant. Je suis une personne très solitaire qui vit en campagne, ça me permet de créer dans le calme. Alors il me faut un certain temps pour me sentir à l’aise en présence du monde. Mais je croise toujours des gens très agréables et ça me fait vite oublier mon côté ermite !

À RENCONTRER LORS DU TYRANT FEST DANS LA ZONE XPO / Mezzanine :

Mot de l’organisation : « Inspiré par des maîtres de la Fantasy et de la Science-Fiction comme Edgar Allan Poe, Isaac Asimov et H.P. Lovecraft, le travail de Jeff Grimal possède une forte identité picturale où s’épanouit un monde dessiné hypnotique et envoûtant, rappelant la peinture immersive et contemplative du début du 20ème siècle (Nicholas Roerich, Zdzisław Beksiński, H.R. Giger).
Jeff Grimal conçoit hors du temps, des mondes extraterrestres, faisant le lien entre des civilisations anciennes secrètes et des villes englouties du futur, pleines d’une monstruosité inexplicable. Par ailleurs, il envisage l’Art de manière interdisciplinaire, en menant simultanément une carrière artistique et musicale (Spectrale, Kesys, ex-The Great Old Ones). Ces deux aspects se rencontrent dans son travail, lorsqu’il crée diverses œuvres pour des groupes de Rock et de Metal (Gorod, In Cauda Venenum, 20 Seconds Falling Man…) »

JEFF GRIMAL – Editions des Flammes Noires
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