Après trois ans d’absence, le Cernunnos est de retour en ces 18 et 19 Février. Lui aussi a résisté à la pandémie et le plaisir de retrouver Noisiel et sa ferme du Buisson est total. Le cadre est toujours aussi chaleureux et l’organisation n’a pas changé. La partie médiévale, avec son marché, ses artisans et ses activités restent gratuites et permettent de retrouver un public familial.

La partie qui nous intéresse le plus se déroule dans les deux salles de concerts de l’ensemble culturel. Pour des raisons pratiques, les concerts s’enchaînant sans pause entre les deux scènes, priorités a été donné à la salle principale : La Grande Halle. Tout démarre samedi midi et l’ambiance historique et médiéval prend tout son charme. Le cadre permettant une immersion totale dans la culture païenne.

Par Franck Lasselle // Crédit photos : Moris DC


Le premier contact se fait dans la petite salle, l’Abreuvoir avec Les Harpies. La salle étant encore facile d’accès. Également appelés Chiennes de Zeus, la formation est composée de chanteuses venus du nord de la France, du Pays Basque et de la Réunion. Les trois harpies sont accompagnées de musiciens au violoncelle et aux percussions et vont proposer un concert aux allures de spectacle. Dans la bonne humeur le trio va faire impression, les voix des chanteuses sont splendides, pleines d’un esprit Folk généreux. Dionysos est mis à l’honneur, le whisky, le punch et le rhum n’étant pas oubliés. La suite va être charmante, le public est attentif et profite d’un voyage au cœur des légendes. Le trio a présenté une humanité dont chacun a besoin. Les Harpies ont fasciné et lancé le week-end de la meilleure des manières.

Dans la salle principale, c’est Bansidh, gagnant du tremplin, qui ouvre le programme. Il œuvre dans un Pagan/Folk teinté de Black qui retrace l’histoire des Andecaves, peuple gaulois au temps de la Guerre des Gaules. Après une intro épique et guerrière, le groupe se lance avec « Diio Crouos ». Le titre fait effet avec un côté puissant porté par la voix Black. Le public est chaud et apprécie ce bon moment. La force se mixant à un Folk amené par les instruments traditionnels. Les ambiances sont parfaites et plongent dans l’âme gauloise. Le groupe apprécie l’accueil et cela donne un speech sympathique pour présenter le Death gaulois. La suite va être aussi plaisante. Un côté dansant se ressent et la fête est sympathique. Avec « Bloody Night », « Gervovie » ou « Killed By Her Scream », le groupe confirme sa force pour un Pagan folk puissant et accrocheur. Tout cela charme et fait effet, le groupe arrivant même à lancer un circle-pit. Le final avec la chute d’Alésia achève en beauté le voyage en terre gauloise. Bansidh a donné un concert prenant et puissant. Il a charmé son monde et a sans doute gagné de nombreux nouveaux adeptes.

La suite reste dans le style avec Vosegus. Les nantais font partie de la nouvelle génération Pagan/Black qui marche dans les traces de Belenos en contant en français les légendes ancestrales. L’intro Folk fait effet et avec « Pour une Vie », le concert est lancé idéalement. Growl et chant clair profond sont en adéquation. Le ton Black impressionne et le Folk par la flûte se fait une bonne place. Tout cela est épique et fait voyager avec un bon équilibre entre force brute et moments calmes. L’accueil est chaleureux, le public appréciant ce plongeon dans les histoires anciennes. La suite avec « La Danse du Feu », « Chant de Bataille » ou « Honore les Dieux » est prenante. La face Folk ressort, le growl évoque les abysses de l’âme tandis que le chant clair apporte la force épique qui fait voyager. La force dégagée dans les parties Black est impressionnante avec une énergie brute qui décoiffe. Le final avec « Retourne à la Terre » est parfait en forme de dernière aventure en terre ancienne. Vosegus a fait impression. Il a proposé une prestation habitée et se pose en digne héritier des grands anciens.

Avec Hrafngrimr, le festival ne quitte pas la France. Le collectif a vu le jour en 2019 avec Mattjö Haussy ex-Skáld. L’objectif est de mettre en avant la mythologie nordique par un néo-folk ambiant en forme de spectacle vivant. Il se place dans les pas de Skáld et de Heilung pour le côté onirique et théâtral avec violon, harpe ou guimbarde. Dès « Vinatta », le plongeon est complet. Les musiciens créent un ensemble fort en âme, les chants amènent un côté shamanique incantatoire intense. Le côté ambient a du charme, l’enchaînement des titres se fait avec de la grâce et de la puissance. « Blot » est l’occasion d’un hommage émouvant à Michael Kadi. Entre le texte en vieux norois, la flûte et le chant Folk prenant l’émotion est palpable. La suite va être prenante en forme d’hommage aux dieux du Nord. Avec « Runir », « Fylgja » ou « Ovinr », la petite troupe se montre possédée par l’esprit des anciens. Le public assiste à un pur moment de Pagan/Folk avec un côté guerrier. Le final sur « Einherjar » est intense et clôture le spectacle avec force. Hrafngrimr a proposé un concert prenant, il a fasciné et montré qu’il avait capté un état d’esprit ancien avec respect et intelligence.

L’esprit ne va pas changer avec Sowulo. Les Néerlandais évoluent dans un Folk qui puise ses influences dans la tradition païenne et chamanique. Cela va donner un concert en forme de conte qui retranscrit le histoires anciennes. L’idée de spectacle est visible sur scène avec deux cornes dragon géantes. Quand elles retentissent sur l’intro, cela donne un air solennel fort et entraîne un public fourni au loin. ‘Gastcyning’ confirme l’idée de voyage. La harpe et un chant d’une rare pureté amènent de la mélancolie. De titre en titre l’évasion est totale. Avec « Brego In Breoste, » « Stearcost Ealra » ou « Sceadugenda », les musiciens font planer avec une maîtrise parfaite des instruments anciens. L’âme dégagée est intense avec des chants masculins et féminins en harmonie avec un côté aérien possédée. L’âme dégagée est superbe, il y a une grande mélancolie dégagée avec un côté tribal digne de l’époque des anciens. Le côté théâtral et vivant fait effet et chacun profite du spectacle attentivement. La suite avec notamment « Aet Wega Gelaetan », « Begalan » et « Eaxlgestella » est prenante. Il y a toujours autant de pureté avec cette force tribale et folk qui parle à l’âme. Le final avec « Wyrd Webba » est parfait avec un chant masculin incantatoire et des mélodies médiévales fabuleuses. Sowulo a proposé un spectacle magnifique. Il a été à la hauteur de sa réputation de conteur et a ravi une foule conquise.

Il reste un morceau pour finir la journée. Avec Fejd, le festival accueille un grand nom de la scène Folk métal. Depuis plus de vingt ans, les Suédois font voyager dans leurs terres au travers de disques marquants et de concerts en forme de tourbillon émotionnel. La salle affiche complet et l’ambiance est excellente quand le groupe débarque avec « Bergakungen ». Tout l’arsenal Folk se met en branle avec la guimbarde, la vielle à roue, flûte et cornemuse. Le chant conteur est excellent et tout cela est dansant et rythmé. La suite avec « Gryning » et « Den Skimrande » fait effet, le Folk se mixe à une face métallique. La voix de Niklas est puissante et envoûtante, le suédois faisant effet. Un côté épique et dansant ressort et cela charme la salle. « Storm » puis « Drangen Och Krakan » sont Folk et incantatoires. L’impression d’écouter une histoire ancienne est forte et transporte avec un côté dansant irrésistible. La seconde partie va être pleine de charme. « Nidhogg », « Svansesang » ainsi que « Harjaren » et « Offerrok » sont endiablées, Folk et dépotent avec un aspect épique. Les refrains sont top avec un chant conteur porté par les instruments anciens comme la vielle bien mise en avant. Le final avec « Yggdrasil » voit l’instrument encore sur le devant. Le titre se faisant intense avec une bonne force de frappe sans négliger une autre belle mélodie folk. Fejd a fait honneur à son statut de grand groupe scénique. Il a proposé un concert chaleureux mettant à l’honneur les légendes d’antan.

Ceci achève une belle première journée. Le Cernunnos est parfaitement lancé, l’ambiance est top et les trois longues années d’attente se sont effacées comme par magie. La suite sera attendue de pied ferme par un public de passionnés qui a savouré pleinement la magie des concerts.

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Rédacteur en chef d'Heretik Magazine

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