Pour sa deuxième journée, le Cernunnos propose une nouvelle affiche alléchante. L’entame se fait un peu plus tôt que la veille pour finir à un horaire correct avec une pensée pour les gens travaillant le lendemain.

Par Franck Lasselle // Crédit photos : Moris DC


L’entame se déroule dans la Grande Halle avec Trollheart. Comme son nom l’indique, la formation originaire de Nantes met les trolls en avant avec un esprit Folk Black proche de Finntroll et Trollfest. Pour sortir du lot, la formation va proposer un concert interactif. Le chanteur, The Troll, ne va cesser de parler avec la foule comme un vrai comédien. L’idée, bien servie par un décor splendide, est de transformer la foule en trolls avec un côté « fun » sympathique. Au milieu du délire le groupe va proposer d’excellents titres. En début de prestation l’intro « The Awakening » instaure l’ambiance Folk. Derrière, « Anger And Hunger » et « The Hunt » font le taff avec efficacité. Le ton est costaud mais aussi dansant et festif. The Troll hurle avec hargne sur un rythme intense. On apprécie les claviers bien en avant dans un esprit Black, un côté festif et un solo de kazoo rigolo. Sur « Scream For The Forest », l’interactivité est totale avec un combat d’épées en plastique dans les premiers rangs lors d’un wall of death. Avec « More Troll That Troll » et « Shut Up », le groupe confirme son aisance pour un pagan black intense. Le chant rugueux fait effet et on retrouve un côté mystique. Cela sera aussi l’occasion pour le chanteur de slamer jusqu’au fond de la salle. Les premiers rangs sont servis en alcool et le tout se termine avec « Brothers Of Drink », reprise parfaite pour une belle fête Folk et Pagan. Trollheart a réussi sa mission, en transformant le public en trolls et en montrant une belle aisance artistique. Le groupe a de belles armes pour grimper les échelons de la notoriété.

Avec Verikalpa, direction la Finlande. La formation œuvre dans un pagan Black dans la lignée de Korpiklaani ou Finntroll. L’intro guerrière et épique donne le ton et l’accueil réservé par la foule est chaleureux. Les musiciens sont maquillés dans un pur esprit viking et avec « Naulattujen Vaellus », le concert est lancé idéalement. Le clavier amène un côté Folk. Le ton est dansant et entraînant avec une voix caverneuse, le tout dans l‘esprit d’un Turisas. Le côté rapide et mélodique d’un « Verikauhu » fait effet. Après un bonjour sympa, le groupe va enchaîner les titres. « Varjosahti », « Taisto » et « Raivokansa » sont taillés dans un pur Black/Pagan festif et intense. La facette Folk n’est pas oubliée et tout cela fait danser. « Tyrmä » est brute de décoffrage, le clavier se taille une belle place et au chant Jani s’arrache les cordes vocales. Avec « Kalmoarmeija », le tempo ne se calme pas avec ce parfait compromis entre Folk dansant et rage Black. Tiré du nouvel album, « Tunturihauta » se fait plus épique et mélodique. « Karhunkaataja » et « Rautanen Herra » sont de bonnes grosses claques rapides mettant en avant la face Black. « Pahan Laulu » achève le concert idéalement avec un ton plus folk sympathique, Verikalpa n’invente certes rien de neuf mais il manie la poudre Pagan/Black avec efficacité et a proposé un concert rythmé de grande qualité.

Le festival va faire voyager avec Hamradun. Originaires des Îles Féroé, les musiciens proposent un folk rock chanté dans leur langue natale. Ils relatent les légendes et mystères de leurs terres avec un côté féerique. Avec « Kirsten Piils Kilde » le public embarque dans un bateau direction le grand nord. Porté par le chant pur de Pol Arni Holm, le titre est un grand moment de Folk avec un côté intimiste et une montée en puissance amenée par l’orgue. L’idée de conte musical est forte avec une belle âme qui ressort. Le public apprécie et le groupe remercie de manière discrète. ‘Sneppan’ et ‘Sinklars Visa’ sont des merveilles de pureté, Pol est quasi a cappella et le plongeon dans l’âme de l’Île est total. La suite avec ‘Hevndin’ est toute aussi belle. Le ton est plus rapide avec une grande force mélancolique par un refrain épique. Le concert est une tranche de vie et cela donne le frisson. Le groupe explique sa culture et cela donne avec « Grimmer Gar Pa Gulvet » et « Kvæðið Um Hargabrøður » des titres fort en émotion. Il y a une force Folk avec l’orgue en avant, un chant envoûtant et un côté Dock. L’alternance des ambiances est parfaite et permet de mettre en musique une histoire familiale. Le public apprécie cette immersion intime dans l’univers des musiciens. Inspiré d’une autre légende, « Jallgrims Kvæði » est un grand moment de Folk avec de belles parties instrumentales. « Naglfar » achève le concert idéalement. Évoquant le Ragnarök, il se fait rythmé avec l’orgue en avant, une belle partie instrumentale et le chant conteur charmant. Hamradun a proposé un concert remarquable, il a transporté une foule attentive dans le lointain de son île et a illuminé le festival avec classe.

Avec Cruachan, le festival accueille une légende de la scène Folk et Celtique Metal. Les irlandais sont est un des fondateurs du genre et avaient fait un triomphe ici en 2015. Depuis son line-up a évolué, Keith Fay a remplacé ses musiciens, rappelant notamment Joe Farrel pour le poste de bassiste. Avant le début, Fay s’adresse à la foule avec sympathie. D’entrée, le groupe balance avec « The Living » un extrait du nouvel album, The Living And The Dead. Parfait moment de Folk celtique, le titre est porté par le violon et une mélodie entraînante et dansante. Fay apprécie et remue la foule sous le charme de sa voix éraillée. La suite va être un voyage en terre celtique. Avec « To Invoke The Horned God », « Born For War » et « Marching Song Of Feach MacHugh », on retrouve le meilleur d’un son dansant. La face métallique est énergique et on apprécie le côté épique, le chant brut de décoffrage et des mélodies splendides. Le violon amène la face dansante et  cela fait un carton pour le plus grand plaisir d’un Fay souriant.

Autre nouveauté, « The Crown » est une réussite avec un parfait mixe entre puissance et mélodique. Le chant pur fait effet tout comme la mélodie au violon dans un esprit celtique. « The Harp, The Lion, The Dragon And The Sword » est reprise en chœur par la foule. Doté d’un refrain fabuleux, ce classique intense et accrocheur rencontre un succès énorme. Après un « Some Say The Devil Is Dead » doté d’une mélodie celtique énergique, le groupe propose ses classiques. « The Morrigan’s Call », « Blood For The Blood God » et « Ride On » ravissent. Le côté Folk Celtique est superbe. Les mélodies des refrains sont superbes avec un chant éraillé plein de charme. Le final est composé de deux nouveautés. Avec « The Reaper » et « The Hawlthorn », le groupe confirme sa forme. Les titres sont festifs et entraînants avec un violon bien présent et des mélodies celtiques en or. Cruachan a montré une grande forme. Fay a su bien s’entourer et a confirmé la force du groupe pour un Folk Metal celtique de premier ordre. Au vu de la qualité du nouveau matériel, la suite des aventures de la formation s’annonce radieuse.

Avec la venue de Skálmöld, le festival clôture sa programmation en beauté. Les Islandais sont les patrons incontestés d’un viking métal épique, guerrier et puissant. Ils mettent en musique les histoires de viking  avec une classe et une intelligence qui les fait sortir du lot. Dans une salle pleine, le groupe va ravir en proposant l’intégralité de son deuxième album, Börn Loga. L’intro avec « Óðinn » est parfaite. Chaque musicien chante avec la grosse voix de Björgvin pour un résultat épique et solennel en forme de lancement d’une aventure en terre nordique. « Sleipnir » et « Gleipnir » font un carton derrière avec un ton viking remarquable. Le chant caverneux de Björgvin est intense et en parallèle on savoure un ton heavy galopant remarquable avec des mélodies entraînantes. L’ambiance est excellente, tout le monde savoure le plongeon en terre viking. Le bonsoir adressé à la foule est sympa, on sent le groupe heureux de partager sa culture.

Avec « Fenrisulfur », Skálmöld entraîne dans les légendes nordiques avec un aspect épique et viking. Le chant est d’une belle puissance bien aidé par des chœurs majestueux. La partie instrumentale est réjouissante en forme de tarte Heavy. L’interlude ‘Himinhrjodur’ est un bon moment guerrier. ‘Midgardsormur’ se place dans une veine mélodique, épique et planante avec une emphase énorme portée le chant haut perché. La partie solo scotche avec un rythme énorme teinté de thrash. Après un autre petit discours sympa, « Narfi » est chanté en communion avec le public. L’accroche mélodique est forte, le refrain avec chœur énorme et la puissance là avec un bon équilibre des forces. « Hel » enchaîne, joué pour la première fois hors d’Islande il est un immense moment  »rentre-dedans » avec une force viking énorme. Au détour d’un break au clavier, il prend des airs de complainte nordique avant de s’achever de manière puissante et épique. « Vali » est porté par des chœurs épiques et un refrain splendide. « Loki » est un final parfait, elle alterne les ambiances avec force. Le refrain est dantesque, le côté accrocheur donne le frisson tandis que le rythme colle au mur. Les soli sont énormes et cela met l’ambiance avec quelques slams. Le break final est fabuleux avec le refrain chanté a cappella, le tout étant un grand moment épique d’une rare intensité.

Après l’album, Skálmöld revient vite pour deux rappels. « Nidavellir » est un jus de Viking Metal doté d’un rythme intense et de parties instrumentales de haute volée. Tirée du premier album, « Kvadning » est un mixe d’ambiances entre puissance et mélodie épique planante. Le côté viking ressort parfaitement avec un côté mélancolique à fleur de peau. Avec cette prestation Skálmöld a frappé fort. Les islandais ont confirmé leur belle aisance scénique, ils ont passionné le public avec un parfait voyage dans leur beau pays. À présent, on les attend de pied ferme avec un nouvel album en préparation.

Cela termine un week-end riche et passionnant. Cette nouvelle édition du Cernunnos a été parfaite et chacun quitte la ferme avec avec pas mal de souvenirs en tête. Il reste à remercier l’organisation pour son travail au service de la cause Folk et les remercier pour leur accueil. Chacun a pris rendez-vous pour l’édition suivante pour retrouver le charme et la beauté du site.

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