Pionnier du Metal Industriel français, Treponem Pal a dernièrement fait paraître un nouvel album, Screamers, qu’il défendra bientôt à The Black Lab (Wasquehal). Quelques semaines après sa parution, nous avons pris des nouvelles de Marco Neves, son emblématique chanteur.
Propos de Narco Neves (chant) recueillis par Axl Meu
Comment la conception de Screamers s’est-elle goupillée ? Pourquoi avez-vous mis autant de temps pour sortir de nouveaux morceaux ?
Parce que nous sommes un peu long à la détente ! Il y a eu la COVID, ce qui ne nous a pas empêchés d’avancer, certes, un peu plus lentement… Nous avons pris le temps d’enregistrer une nouvelle version de l’album. Nous n’étions pas satisfaits du premier jet qu’on avait fait, du coup, on a refait pas mal de choses, à 70%, de voix, de texte, d’arrangement, de montage…
Qu’est-ce qui a fait que vous avez été satisfaits de ce second jet ?
Si tu veux, tu ne peux pas continuer et attendre. Après avoir écouté chaque titre des milliers de fois, au bout d’un moment, il faut arrêter. Ça nous a pris huit mois pour refaire ce qui ne plaisait pas. Mais, au bout d’un moment, il faut que tu t’arrêtes, sinon, tu deviens fous ! C’est Infini sinon. C’est une histoire sans fin si tu ne t’arrêtes pas. En tout cas, la version finale nous est apparue comme solide. Elle tenait clairement la comparaison avec les autres sorties du groupe.
La conception de l’album s’est fait à quatre : moi, Polak, Didier, et Jean-Pierre Matthieu – qui nous a rejoints pendant le confinement – a bien participé aux basses et à la programmation, ainsi qu’au mixage de l’album.
Il y a eu un gros changement de line-up dans le groupe. Vous avez un nouveau bassiste, un nouveau batteur… Laurent est revenu à la guitare. Est-ce que ça a eu un impact sur la conception de l’opus et sa manière de sonner ?
En fait, non, car – comme je t’ai dit tout à l’heure – l’album a été fait à quatre. Nicky Tchernenko (basse), Bastien Amy (batterie) et Laurent sont arrivés après la conception de l’album. Quand on a fini l’album, on a compris qu’il nous faudrait un super bassiste, un super batteur pour la scène… Et, parallèlement, Laurent et moi nous sommes retrouvés et avons décidé de refaire un bout de chemin ensemble. Du coup, maintenant, il y a deux guitares sur scène.
En ce qui concerne votre son, on reconnait toujours la patte de Treponem Pal, c’est-à-dire, ce côté Indus, Metal… Quand on vous écoute, on peut avoir l’impression d’écouter la version française de Killing Joke. Comment Treponem Pal définirait sa musique aujourd’hui. Quelle est la base du style de Treponem Pal en 2023.
Notre style est très divers depuis toujours. À la base, on vient plutôt de Punk. Courant 80, à 86, avec les premiers membres de Treponem Pal, on venait tous du Punk et tous les dérivés qui sont arrivés au même moment, à savoir le Hardcore, le Goth Rock, la musique Indus’, la New Wave, le Crossover… On s’est vraiment nourri de tout ça. Nous, on prenait tout ce que chaque genre avait à offrir pour reprendre à notre sauce. Donc, si tu veux, si on devait se définir aujourd’hui… Je parlerais de Metal Indus’, au même titre que Godflesh, The Young Gods, Prong et Killing Joke, qui nous ont influencés et avec qui on a tourné.
Comment sont travaillées vos sonorités ? Il y a quand même quelque chose de très mécanique dans votre musique. Il y a du groove, de l’agressivité… Comment cela se travaille ?
Ça ne se travaille pas. Ça vient naturellement. On a toujours une basse influencée par le Dub : ça tourne et ça crée ce côté « Transe ». Les guitares sont quant à elles très hachées, très mécaniques. Il y a ce côté mécanique dans ce que l’on fait pour avoir un décollage automatique, sans se perdre des considérations inutiles. On essaie de garder des morceaux de quatre minutes max’. C’est assez pour la brutalité, la finesse… Mais voilà, on fait très attention à ça. D’autres groupes peuvent faire des morceaux plus longs, mais nous, ce n’est pas notre came.

« Par l’énergie qu’on dégage, par les textes qu’on peut avoir, dans nos morceaux, on peut y retrouver de nombreux clins d’œil à la liberté qui nous est chère.«
Comment fais-tu pour que tes textes soient en adéquation avec la musique composée ?
En fait, pour les paroles, j’ai besoin de la musique. En général, je me concentre sur le refrain et j’essaie de trouver les mots et la mélodie qui vont coller au refrain. Ensuite, j’essaie de trouver une mélodie ou un « flow » qui vient se placer et qui appuie la musique. Enfin, c’est ce que j’essaie de faire, du moins, je ne sais pas si j’y arrive !
De quoi parles-tu sur Screamers ?
Sur « Screamers », j’y parle du droit à la différence indispensable, le refus de toute autorité, police, gouvernement et tout ce qui s’en suit. Sur « Too Late », j’y parle d’expériences de vie, des plus joyeuses aux plus sombres, sans que je puisse t’en dire plus.
Est-ce que l’on peut dire que Treponem Pal est un groupe engagé ?
Ce que l’on fait, ce que j’ai toujours fait a une forme d’engagement. Après, tu n’es pas obligé de brandir un drapeau pour qu’on comprenne ce que tu fais. Par l’énergie qu’on dégage, par les textes qu’on peut avoir, dans nos morceaux, on peut y retrouver de nombreux clins d’œil à la liberté qui nous est chère. Cette liberté nous coûte cher à l’heure qu’il est. Par exemple, aujourd’hui, pour les droits des LGBT, dans certains pays, c’est quelque chose qui est banni, et c’est quand même assez grave. Disons qu’il ne pourrait pas y avoir des gens proches de l’extrême droite dans notre entourage. On ne se prétend pas antifa, mais on a un grand respect pour eux.
L’histoire de Treponem Pal est énorme, tout comme l’héritage que vous avez laissé derrière vous. Vous êtes les pionniers du Metal Industriel en France.
Oui. C’est quelque chose de naturel qui est arrivé comme toutes les autres tendances. Nous avons voulu mélanger plusieurs esthétiques et compiler dans notre musique plusieurs tendances, Cold Wave, Hardcore, Metal Industriel… En faisant ça, nous avons crée une nouvelle tendance que la presse a appelée Rock / Metal Industriel, avec des groupes comme Godflesh, Ministry, les Young Gods… Il y avait aussi Killing Joke, qui est considéré comme le précurseur du genre. Ils étaient là depuis 1979. Je pense également les Swans, un groupe phare avec qui nous avons joué. À l’époque, ils étaient vraiment considérés comme les Motörhead du Rock Industriel avec leurs albums Filth et Cop. Ce groupe vient de New York, comme les Sonic Youth…
On verra Treponem Pal cet été sous la Temple au Hellfest aux côtés de Fields of the Nephilim, She Past Away… Un mot sur la programmation ?
J’adore… Fields of the Nephilim… J’adore cette scène Rock Gothique britannique, et même Paradise Lost et co’… Je regrette juste de ne pas être là trois jours avant pour aller voir Black Flag…
Treponem Pal, c’est :
Nicky Tchernenko : Basse
Bastien Amy : Batterie
Polak : Guitare
Laurent B : Guitare
Marco Neves : Chant
Discographie :
Treponem Pal (1989)
Aggravation (1991)
Excess And Overdrive (1993)
Higher (1997)
Weird Machine (2008)
Survival Sounds (2012)
Rockers’ Vibes (2017)
Screamers (2023)
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