Iceland parlera sans doute à tous ceux qui fréquentaient la scène Thrash Metal dans les années 90. Après un album éponyme paru en 1995 et plusieurs concerts, Iceland se dissolve pour mieux revenir trente ans après et décide de redonner un coup de jeune à son seul opus. À quelques jours de sa sortie, nous avons discuté avec Philippe Roux, chanteur et guitariste du groupe.

Propos de Philippe Roux (chant, guitare) recueillis par Axl Meu

(crédit photos : Moris DC)


Les nordistes ont eu la chance de revoir Iceland à Grenay en septembre dernier dans le cadre du Handirock Bike en compagnie de Heart Attack, Deficiency et Loudblast… Il faut savoir que Iceland a sorti son seul et unique album en 1995 avant de se séparer en 1998… D’ailleurs, il est introuvable aujourd’hui.

Oui, notre premier album n’avait été pressé qu’en 500 exemplaires à l’époque et il est un peu devenu « culte » par la force des choses. Enfin, si on peut dire ça. Aujourd’hui, il est prisé des collectionneurs. La K7 était également très recherchée. Et on en avait encore quelques-unes. On voulait donc en faire profiter nos fans lors de notre passage dans le Nord. C’est vrai qu’il n’était pas donné. Aujourd’hui, les prix du vinyle oscillent entre 500 et 1000 euros…

Avant de revenir sur votre actualité, peux-tu me dire pourquoi le groupe s’est séparé en 1998 ?

Il y a eu plusieurs phénomènes… On avait pas mal tourné pour la promotion de l’album. On avait donné pas moins de 200 concerts. Puis, en 1998, le Neo Metal est arrivé avec des groupes comme Korn qui ont littéralement tout balayé sur leur passage. Il y a eu bien sûr une vague de groupes français avec Mass Hysteria mais aussi Watcha… Tous les groupes de Thrash étaient passés de mode. Notre batteur est parti… Conscients d’avoir fait le tour de la question, nous avons décidé d’arrêter.

Plus de 20 ans après, vous décidez de revenir sur le devant de la scène. Pourquoi ?

Ça a été un concours de circonstances. Moi, personnellement, j’étais souvent à l’étranger. Travaillant dans le tourisme, je me suis fait gentiment rapatrié en France pendant la pandémie. Je n’avais plus de travail… J’étais resté en contact avec les autres membres du groupe. Bernard (Landais, basse) se produisait dans le cadre de la fête de la musique avec l’un de ses projets et il m’avait proposé qu’on se voie. Finalement, il m’avait tendu un piège et il m’avait proposé de le rejoindre sur scène pour jouer quelques morceaux. On avait fait des reprises de Slayer, Black Sabbath… Notre connivence est revenue et donc on a décidé de se revoir. C’est là qu’est venue l’idée de reformer Iceland et de ré-enregistrer l’album qu’on a sorti en 1995.

Pourquoi avez-vous décidé de ré-enregistrer plutôt que de le rééditer ?

En fait, il y a une différence entre l’album de 1995 et celui qui va sortir… Celui de 1995 a deux morceaux supplémentaires. Sur celui qui sort le 12 mai, il va y avoir huit morceaux. Ensuite, on a voulu le ré-enregistrer pour changer le son, le rendre plus moderne. C’est pour cette raison que l’on s’est associé à trois batteurs, amis de longue date, Aurélien Ouzoulias, le batteur de Satan Jokers, Franky Costanza (ex-Dagoba, les Tambours du Bronx) et Dirk Verbeuren (Megadeth). Je les ai contactés, tous étaient partants pour participer.

Et pour le son, vous avez fait appel à HK Krauss du Vamacara Studio…

Écoute, on l’a rencontré à cette occasion. Je sais que c’est un bon pote de Stéphane Buriez de Loudblast. On l’a contacté et nous lui avons proposé de mixer l’album. Il a été partant. On a fait un très bon partenariat.

Comment avez-vous fait pour réenregistré l’album sans perdre de vue l’essence des années 90 ?

C’est un peu l’association de trois éléments qui a permis cela, notamment HK, et bien sûr, le jeu des batteurs. Cette espèce d’association « old-school » / « Neo-school ». L’idée était de garder l’essence des années 90.

« En 1998, le Neo Metal est arrivé avec des groupes comme Korn… Tous les groupes de Thrash étaient passés de mode. »

Pourquoi n’avez-vous pas de batteur officiel ?

Parce que notre batteur d’origine est à Madagascar et qu’il travaille dans une ONG. Il est un peu loin… On a un batteur pour la scène, qui est un élève de Nicolas Bastos d’ailleurs. Il est là pour les concerts d’Iceland sur scène… Mais pour le moment, nous n’avons pas encore trouvé LA personne pour les studios. Pour le moment, on fait comme ça. Si prochain album il y a, il y a certainement un batteur. Pour l’instant, personne ne s’est présenté pour rejoindre le navire.

Maintenant oui, vos amis et fans aimeraient bien vous voir enregistrer de nouveaux morceaux. Est-ce en projet ?

Complètement. Nous sommes actuellement en train de composer le deuxième album. Nous commençons à les jouer sur scène histoire de les roder avant de les mettre en galette. Pour l’instant, nous avons cinq morceaux. Nous composons en parallèle de la sortie de cet album. J’espère que, d’ici un an voire deux ans, nous aurons un nouveau produit à présenter aux fans.

Tout à l’heure, tu m’expliquais que le contexte des années 90 vous avait poussés à dissoudre le groupe. Aujourd’hui, à l’heure actuelle, vois-tu une différence ? Trouves-tu qu’il y a un meilleur traitement pour les groupes de Thrash ?

Oui, bien sûr. Avant, il y avait des vagues, des espèces de « modes ». Heavy, Thrash, puis Death… Puis quand le Neo Metal est arrivé, tout le monde n’écoutait que ça. À l’époque, quand ce style est arrivé, tous les autres styles étaient dépassés. Tout le monde n’allait voir que du Neo Metal. Au fur et à mesure, tous ces styles ont été remis au goût du jour, mais en même temps. Aujourd’hui, on peut écouter de tout. Et ça, c’est vraiment la grosse différence. La preuve de tout cela, c’est le Hellfest où tous les styles sont représentés. On arrive quand même à élargir les goûts.


Iceland, c’est :

Christophe Avalange : Guitare

Philippe Roux : Guitare, chant

Bernard Landais : Basse

Discographie :

Iceland (1995)

Iceland (2023)

A propos de l'auteur

Rédacteur en chef d'Heretik Magazine

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