En cette fin avril, nous sommes à St Omer dans la Salle Vauban, mais pas pour retrouver une sixième édition du Dreamer Fest. Les organisateurs ont choisi de trouver un nom plus en adéquation avec l’affiche. Le Brutal Swamp Fest est lancé et propose une solide programmation avec onze groupes. Le festival garde la tendance des éditions récentes du Dreamer en mettant à l’honneur le Death Metal.
Par Franck Lasselle // Crédit photos : Moris DC
Cette journée marathon commence en début d’après midi avec In Hell. La formation française est connue pour son Black/Death occulte. Elle évolue en quatuor avec Olivier à la guitare et au chant. Devant un public qui va rapidement remplir la salle, le groupe se montre motivé. Après une intro sombre, le ton va être costaud. Olivier est parfait avec un ton violent et majestueux digne de Behemoth. Le rythme est intense et au milieu de la brutalité, on apprécie de bons passages mélodiques. Avec « Hunter Become The Hunted », « Vatican » ou « Liturgy Of Charlatan’s Sabbat », le groupe montre une belle capacité pour une musique occulte digne du meilleur de Hate ou de Belphegor. Le tout dépote et sur le final « Theologia For Baphomet » et « Excommunication » font effet avec un côté Dark glacial. In Hell a lancé la journée idéalement. Il a montré qu’il demeurait très pertinent dans l’art noir.
Human Waste débarque d’Allemagne et évolue dans le Drutal/Death. Pour sa première venue en France, le groupe ne va pas faire dans la dentelle. D’entrée, il dévaste tout sur son passage. Porté par un gros son, il tabasse avec un rythme énorme. La violence prend à la gorge, pas loin de l’esprit de Krisiun, avec une technique efficace. Derrière, le constat est le même, la brutalité est à l’honneur avec un côté majestueux. Avec « Cause We’re Fucked » et « Loose My Shit », le groupe enchaîne deux missiles en forme de tarte en pleine gueule. Il achève son monde avec deux nouveaux titres. Ceux-ci présagent du meilleur avec un ton percutant et un côté Grind dans les hurlements de damné de Jan. Human Waste a proposé un concert intense et a montré qu’il était un représentant très honorable le de la scène Brutal/Death.
Avec Savage Annihilation, l’intensité ne va pas baisser. Les Français œuvrent à la croisée Cannibal Corpse et Dying Fetus. Après une intro calme en forme d’annonce de tempête, ils vont tout exploser. « Par delà les Dunes de Cadavres » est d’une sauvagerie totale. Le rythme est démentiel, le chant caverneux semble venir des abysses et la technique impressionne. Les musiciens sont au point et plein d’expérience et prennent plaisir à jouer le plus vite possible. L’accueil est excellent et avec « Les Catacombes de l’Abomination », le groupe confirme avec sauvagerie. Le rythme est tout aussi énorme et le chant aux allures Grind impressionne. L’accueil est parfait et le groupe apprécie l’ambiance. Jamais la pression ne va se relâcher et, avec notamment « L’Orgie des Morts », les baffes se succèdent. Le chant en français de Dave est top avec un côté guttural digne de Georges Fisher. Savage Annihilation a proposé un concert énorme et a fait impression avec une fabuleuse brutalité.
Le ton reste au Brutal/Death avec Serial Butcher. Les vétérans belges vont faire impression en démarrant cash. Le son est bon et l’intensité dégagée laisse pantois. Le rythme est délirant avec un côté bestial sans pitié. Le ton hyper guttural de Sven, fraîchement arrivé dans le groupe, fait effet en forme de cri primal. La suite va être bouillante, la brutalité est à l’honneur et Sven confirme un talent pour tutoyer les abysses de l’âme. Avec « Brute Force Lobotomy » et « Fresh Frozen Females » enfoncent le clou. Les musiciens ne sont pas venus pour plaisanter et tabassent. Les bruitages gore sont top et aident à l’idée bestiale. En fin de prestation « A Crash Course in Cranium Crushing » et « Flayes Human Skin » font aussi mal en forme de tarte bien envoyée. Serial Butcher a été parfait, il a montré un visage sans concessions très séduisant.
Avec Hurakan, le ton va se faire plus moderne. Les amiénois ouvrent dans le Deathcore et après une intro Pop décalée, ils prennent la scène d’assaut avec motivation. « Void » lance les hostilités avec un rythme rapide et un growl soutenu, le tout dans le ton du genre. Cela passe bien, le public apprécie et se remue. Avec « Asmodeus » et « Warlords Of Bob Taurus », le groupe confirme sa forme. Tout cela est remuant et le coté machine de guerre du groupe fait effet. Il tabasse et le côté Slam/Death continue de déchaîner un public qui a été motivé. Dans la suite, « Charon » ou « Umbra » font impression dans un esprit Deathcore méchant. En fin de prestation, le petit nouveau « Cold Heart » est à la hauteur de ses aînés avec un ton abrasif furieux et met un joli chaos dans les premiers rangs. Au milieu de groupes Death classiques, Hurakan a tiré son épingle du jeu. Il a balancé une bonne claque de Deathcore et montré que le genre n’avait rien à envier à ses aînés.
Avec Basement Torture Killings, le ton repart au Death teinté Grindcore. La formation anglaise aime le Gore et les serials killers et est porté par Beryl. Avec ses couettes et sa robe de jeune fille, elle impressionne par son côté décalé et dégage un air torturé barge. Après une intro Pop, le groupe balance un énorme « Armchair Psycho or Pure Predator ». Porté par un growl de cinglé, le titre est une courte claque taillée dans un Death/Grind Speed dégageant une intensité folle. La suite va aussi féroce, le groupe redéfinit l’idée de sauvagerie et propose des titres parfaits comme bande son de film gore. Avec « Gorgasmic Movements in the Dark », « The Rat Catcher » ou « Severed Head Fellation » et « Psychoflage », il balance un Death/Grind méchant et d’une violence effrayante. Sa chanteuse est impressionnante tant elle est plongée dans son personnage hurlant avec férocité. « The League of Extraordinary Killers » et Public Displays of Agression » achèvent avec la même démente bestialité. Basement Torture Killings a marqué par sa hargne et n’a pas laissé indemne. Droit sorti des cercles de l’enfer, il a proposé une prestation parmi les plus marquantes de la journée.
L’arrivé de Putrid Offal ne va pas permettre de souffler. Au contraire les vétérans nordistes du Death Grind vont faire mal au public. Avec « Livor Mortis », le ton est donné. Putrid Offal fait dans le Grind féroce et joue avec une vitesse ahurissante. Le growl de Franck est énorme et l’intensité dégagée est prenante. Le groupe va enquiller les titres. Courts et sauvages ils assomment avec une classe peu commune. Dans le menu Goregrind du groupe, il y a de quoi se faire plaisir. Ainsi « Organic Execution », « Dura Mater », « Mortuary Garland », « Skilled Ritual », « Let There Be Rot » ou « Necrotic Mutilation » sont des leçons de violence maîtrisée. Le public apprécie une décharge de violence brute portée par un growl bestial et une technique parfaitement en place. Sur le final « Heaven’s Door » ainsi que « Suffering » achèvent leur monde avec la même hargne. Putrid Offal a montré qu’il restait un des maîtres en matière de Grind. Il a tout dévasté avec une force qui imprime le respect.
Avec Cenotaph, le festival file en Turquie, la formation fête ses 30 ans et œuvre dans un Brutal Death proche de Suffocation. D’entrée avec « Schizoid Acts of Mental Defloration », le groupe détruit tout sans pitié et fait mal. La suite avec « Rancid Gluttonus Morbid Obesity » et « Verbalized Opinions About » est aussi hargneuse. L’intensité est énorme, le growl de Eren est caverneux et chacun est soufflé par la rapidité d’exécution et l’énergie dégagée. L’idée de cri de guerre est totale avec « Consumed By Embryophagy » et « Anti-Pathogenic Morbid Incubation ». Le groupe se fait écrasant de force avec une technique de haute volée et un côté Doom Death écrasant. Le final avec « Antagony of Embritomania » et « Multi-Organ Failure Epidemic » est aussi violent avec un rythme énorme. Cenotaph a fêté son anniversaire de la meilleure des manières. Il n’était pas le plus connu de l’affiche, mais il a largement convaincu grâce à une violence d’une rare efficacité.
Avec Korpse, direction les Pays-Bas avec une formation œuvrant dans le Slam Brutal Death. Le groupe est en forme et motive le public. Derrière, il envoie la sauce férocement. On retrouve un ton Brutal et remuant porté par la voix caverneuse de Sven. L’intensité dégagée est énorme avec une bonne lourdeur et tout cela met le feu à un public remuant. Le groupe va enchaîner les parpaings avec une force de frappe énorme. « Insufferable Violence », « Retaliation » et « Self Preservation » sont des monstres taillés le meilleur d’un Death Brutal moderne. Sven impressionnant toujours avec un ton guttural semblant sorti d’un film d’horreur. « Disposable Underaged Obejcts » et « Genocidal Bloodbath » se font rapides et continuent de faire bouger la foule. Sur le final « Stoneage » et « Molestation Condonation » font effet dans le même ton slam qui donne envie de tout casser en se remuant sauvagement. Korpse a proposé un concert efficace porté par des musiciens au top de leur art. La prestation aura en tout cas laissé des traces sur un public fourbu, mais heureux.
Avec Severe Torture, le ton va revenir à un Brutal Death classique proche de Cannibal Corpse. Ils ne vont pas prendre de gants dès le début de concert. Le ton est brutal, l’intensité prend à la gorge. La voix gutturale de Dennis fait effet, la violence à l’état pure transforme le concert en baston. La maîtrise technique est là, le solo ébouriffant confirmant l’idée. « Dismal Perception » va enfoncer le clou en forme d’uppercut en bonne et due forme. Le délicat « Baptized In Virginal Liquid » est un bon gru jus de Death bien gore avec une méchanceté qui fait plaisir. « Fisting The Sockets » est décapant et décoiffe un public qui encaisse autant que possible. Le chant caverneux abyssal de Dennis est parfait et entraîne dans un océan de brutalité Death Old School. Derrière, avec notamment « Buried Hatchet » confirme sa forme avec une intensité incroyable. Severe Torture n’a pas fait dans la dentelle et a proposé un excellent moment en forme d’ode au Death pur et dur.
Le programme a pris du retard et l’heure est avancée quand Blood Red Throne débarque. La légende norvégienne du Death est attendue et la salle reste bien remplie. Après une intro décalée sur du Hank Williams III, le groupe colle la raclée. « Brutalitarian Regime » est une bombe de Death portée par le growl d’un Bolt déchaîné. L’accueil est excellent, le public semble infatigable et se remue. Avec « Itika » et « Homicidal Ecstasy », le rythme est énorme. La maîtrise technique cloue sur place, la violence se fait majestueuse et prend à la gorge. Bolt promet un concert longue durée puis « Soulseller » et le nouveau single « Latrodectus » dépotent. La hargne dégagée est énorme, le groupe donne la leçon en dégageant une bestialité hors normes. « Conquered Malevolence » fait tout aussi mal en forme de tarte en pleine tronche. Alors que le concert est idéalement lancé un souci technique coupe l’élan de longues minutes. Une fois le souci réglé le concert repart sur les chapeaux de roues. Le groupe déroule son savoir faire et balance avec « Transparent Existence », « Smite » ou « The Light, The Hate » des missiles détonnants. Tout est à bloc niveau technique avec une batterie d’une rare rapidité. Le final avec « Arterial Lust » et « Mephitication » est majestueux avec toujours un rythme intense. Blood Red Throne a frappé fort et tabassé son public avec une classe fabuleuse.
Le Brutal Swamp Fest est lancé idéalement, la journée a été riche et brutale. Chaque groupe a participé à la rendre inoubliable et le public en ressort fourbu mais heureux et sans doute impatient de remettre ça. Il nous reste à remercier l’organisation et les groupes pour leur travail au service de la cause Death Metal.
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