En ce début de mois de mai, nous sommes à Izegem en Belgique pour assister à la onzième édition du Headbanger’s Ball Fest. Le festival est un incontournable du calendrier et propose de belles et riches affiches. L’édition de cette année est « sold-out » confirmant le retour du public et l’attrait pour les festivals de taille moyenne sachant rester accessibles à tous.
Par Franck Lasselle // Crédit photos : Moris DC
Ce sont les Belges d’Arson qui lancent les festivités. La scène soignée avec un décor de vieille maison frappe tout comme le look des musiciens, tous en costumes élégants. Cela dégage de la classe et apporte un côté théâtral. Ceci se confirmera pendant le concert avec le garçon de café amenant du whisky aux premiers rangs. Avec « Troublemaker », on retrouve une furie Rock’n’Roll portée par un gros son. Il y a du Sludge et un côté Motörhead, le tout avec un chant aux accents hardcore et sudistes. Le mixe est audacieux mais fonctionne porté par un chanteur boule de nerfs qui harangue le public. La suite avec « Lord Of Misrule » est plaisante avec un côté dansant enivrant. Avec « You Know It », « Empire » ou « Witch Hunt », la combinaison entre hardcore et musique sudiste enduite de bourbon cartonne et ravit une foule nombreuse. Le final avec « Old Gods », « Saints & Sinner » est flamboyant et dynamique et confirme le charme à part de la formation. Arson a fait un carton auprès d’un public qui a apprécié un beau spectacle.
Avec les bruxellois de My Diligence, le ton va se faire Stoner et Doom avec une pointe de psychédélisme. « The Matter, Form and Power » lance les hostilités avec un ton Desert Rock. Le trio dégage une grosse énergie avec un bon mixe entre face aérienne et côté lourd écrasant. Cédric alterne entre chant planant et hurlements aux airs de fin du monde et le résultat est probant. La suite avec « On The Wire » et « Sail The Red Light » est planante avec des gros riff Stoner Doom. Tout cela fait voyager avec un parfait équilibre entre moments intenses et écrasants et passages aériens. Les musiciens proposent de longues plages instrumentales qui font filer une foule hypnotisée dans un monde lointain. « Celestial Kingdom », « Embers » ou « Resentful » dégagent le même esprit, entre force et mélodie et font décoller. « Elsamotherium » achève le concert avec une parfaite alchimie des ambiances, faisant partir dans des horizons désertiques. My Diligence a proposé un concert percutant et envoûtant. Il a entraîné dans un beau voyage et a confirmé une classe folle.
Bear va entraîner dans un progressif teinté de Djent aux accents Mathcore. Après une intro sombre le groupe colle une claque avec Atone. Le rythme est intense, le chant hurlé est rageur et la technique colle au mur. Niveau chant ça alterne entre clair et ton hardcore pour un résultat ébouriffant. Le public apprécie le gros début et avec « Dissolve Dissipate » et « Earthgrinder », la folie continue de plus belle. Le groupe envoie du lourd dans un esprit Prog teinté Djent avec une vitesse folle. Le chant hurlé fait mal tandis que le clair amène une bonne récréation. Tout cela est remuant et agréable, la technique ne se faisant pas extrême. La suite avec « Serpents », « Vanta » ou « Kuma » est furieuse. La violence dégagée est intense mais le groupe sait soigner les mélodies avec des refrains accrocheurs. L’ambiance est excellente et le petit tour de James guitare en main dans le public fait effet. Dans le final « Arm Me » et « Wreckthings » sont prenantes avec le même audacieux mixe des genres, entre Prog et Hardcore. Bear avait la rage et a proposé un concert remarquable en tout points, il a clairement marqué les esprits.
Psychonaut est également belge et propose un post métal à la croisée de The Ocean, Tool et Mastodon. L’entame avec « A Storm Approaching » est impressionnante. On retrouve une technique de haute volée, l’esprit « Post Metal » se ressent dans le côté émotionnel. Le chant planant et colérique contribuant à mettre en place une atmosphère spéciale. Ce début intense ravit la foule et avec « Halls Of Amenti », le groupe enfonce le clou. Il y a l’idée de progressif moderne puissant et hypnotique avec un chant émotionnel à fleur de peau. La foule est dense et il règne dans la salle un calme idéal pour apprécier le concert. Avec « Violate Consensus Reality », « Interbeing » ou « A Pacifist’s Guide To Violence », le groupe se fait implacable et aérien. Les parties instrumentales sont longues dans le même esprit progressif avec un côté astral et aérien. Ce côté aérien respire les 70’s et le chant, entre hurlement et douceur, contribue à la force du voyage. Le final avec « The Fall Of Consciousness » est dans le même esprit Post Prog avec une partie instrumentale de toute beauté. Ce titre hypnotique clôt à merveille la prestation de Psychonaut. Le groupe a proposé une prestation prenante et confirmé qu’il avait les armes pour prétendre au statut de groupe majeur de la scène Post Metal.
Avec Lowrider, nous partons en Suède pour retrouver un Desert Rock proche de Kyuss. Dès l’intro en vidéo, planante et psychédélique, le voyage est lancé. « Sernanders Krog » entraîne loin, l’orgue fait effet tout comme la voix grave et profonde de Ole. La basse se fait bien entendre et c’est un trip 70’s qui ressort. Il règne dans la salle un esprit planant avec un côté astral sous acides aux travers d’un long passage instrumental. Le succès est total et avec « Dust Settlin’ », le trip reprend avec un gros riff gras et un chant intense en forme de cri de lamentation. Cette force pour faire partir loin au milieu d’un désert est fabuleuse et forte en âme. Avec « Ode To Ganymede », « Ol’ Mule Pepe » et » Convoy V », le ton se fait plus planant. Le feeling des musiciens est fabuleux, l’orgue fait effet tout comme la voix bien grasse digne de John Garcia. « Into The Wild » se fait plus aérienne et marque par sa belle et longue partie instrumentale pleine d’âme. « Red River » est portée par la basse, elle marque avec le chant voilé planant et un côté Stoner chaleureux. « Lamaneshma » et « Pipe Rider » achèvent une prestation magique et enfumée avec le même charme aérien, planant et 70’s. Lowrider a été grand, il a fait voyager son auditoire avec une classe folle digne des grands de la scène Desert Rock.
Avec Sakis Tolis, le festival frappe un joli coup. Le chanteur de Rotting Christ a récemment sorti Amongs The Fires Of Hell et ses escapades live sont rares. Le concert va proposer l’intégralité de l’album. L’entame sur « The Silence » est excellente, la voix grave de Sakis fait effet. On retrouve une emphase certaine avec un côté incantatoire, le tout porté par un gros riff et un son costaud. Rotting Christ est proche et cela va se confirmer avec les autres titres. « My Salvation », « The Dawn Of A New Age » ou « We Are The Fallen Angels » sont mystiques, sombres et teintées d’excellents refrains épiques. Le côté mélodique ressort et rappelle le Rotting Christ de l’époque ‘’Triarchy Of The Lost Lovers’’. Sakis apprécie l’accueil et remue le public. Dans le final, « I Name You Under The Cult » et « Nocturnal Hekate » sont Dark avec un côté lyrique et des chœurs religieux donnant le frisson. Sakis va proposer deux bonus. « Holy Moutain », single de Rotting Christ jamais joué en live fait le boulot avec un refrain mélodique et une bonne force de frappe. Le classique « Tou Thanatou », épique, rapide et mystique, a fait effet avec ses parties en grec. Sakis Tolis a proposé un concert solide, certes peu différent de son groupe principal. Mais sa sympathie et la qualité des titres auront vite fait oublié cela.
Avec leur Heavy Psychédélique et teinté Stoner, les Américains de King Buffalo sont très attendus par une salle remplie. Après une belle intro cinématographique planante le concert se lance avec « Hebetation ». Entre psychédélisme par le chant et Stoner par la musique le trio balance un mélange qui fait voyager. Le travail instrumental est fabuleux avec un côté aérien. La suite avec « Grifter » est toute aussi belle. Le chant profond et abyssal prend aux tripes. En parallèle, la force Stoner Desert Rock est d’une intensité prenante. « Regenerator » et « Shadows » ont la même capacité à faire décoller. Le clavier amène un côté 70’s plein de feeling et tout cela dégage un côté mystique. Le chant profond envoûte une foule attentive dégageant une force d’âme peu commune. « Mammoth » est une claque fabuleuse qui entraîne loin dans des contrées désertiques avec un chant psychédélique splendide. L’immersion est totale et le final va être splendide. Avec « Centurion », « Firmament » ainsi que « Cerberus » on retrouve cette même impression de voyage total avec des riffs planants et un chant profond plein de feeling. King Buffalo a finit la journée de la meilleur des manières. Il a transporté son public dans des horizons éloignés avec une classe peu commune. Il a montré qu’il demeurait un patron en matière de Rock Stoner classieux.
Cela achève une journée riche et intense. Le Headbanger’s Ball Fest a proposé une nouvelle excellente affiche. À n’en point douter chacun a hâte de revenir dans les lieux pour savourer une prochaine édition. Il nous reste à remercier chaleureusement l’équipe du fest, ses bénévoles et les organisateurs pour leur accueil et leur travail passionné au service de la cause métallique.
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