Lille n’est peut-être pas la capitale européenne de la Cold Wave, mais peut se targuer d’accueillir de belles formations. En plus de Cerbère Coryphée – qui organise de temps en temps des soirées froides -, nous pouvons compter sur The Black Lab qui – en accord avec la boite « Ah Bon ? Productions » – organise le Disorder Fest. Deux ans après une première édition remarquée en 2021, le festival « froid » revient avec une affiche ambitieuse se déroulant les 8 et 9 septembre, toujours à The Black Lab. Nous avons fait le déplacement pour assister à la première de ces soirées, conviant Venin Carmin, Hammershøi et She Past Away. 

Par Axl Meu


Venin Carmin ne nous est pas inconnu : la dernière performance nordiste des filles remonte au 11 mars dernier à La Malterie (c’était dans le cadre d’une des fameuses « vagues de froid » organisées par Cerbère Coryphée). Cette nouvelle prestation a donc permis à ceux qui n’étaient pas là en mars dernier de se rattraper. En plus, The Black Lab offre sans doute des conditions d’écoute bien plus optimales ! En ce nous concerne, nous sommes directement happés par le duo « chant / basse » / « chant / machines » qui évolue dans une Pop/Punk dynamique, communicative à la fois sensuelle et charismatique, évoquant parfois Kælan Mikla et Siouxsie and the Banshees dans le fond comme dans la forme. À noter chez elles la volonté de sonner plus « Pop » tout en abordant des sujets graves comme la dépression sur « Constant Depression ». Bien joué ! 

Nous ne connaissions pas Hammershøi avant d’être confrontés à sa musique. Après le concert, Google nous a appris que Hammershøi était en fait le nom d’un peintre danois de la seconde moitié du XIXème siècle… Peut-être que la formation s’est inspirée de ses œuvres pour forger sa musique à mi-chemin entre l’EBM et la Synthpunk. Le contraste entre la musique de Venin Carmin et celle d’Hammershøi est donc assez saisissant. La musique d’Hammershøi est bien plus agressive et simpliste (en apparence) que celle de Venin Carmin. Les rythmiques sont mécaniques et les passages vocaux, souvent diffusés à l’aide du video-projecteur, sont souvent parlés. Même si on regrette un manque d’animations sur scène (cela dit, un des frontmen est allé dans la fosse), la musique de la formation nous est apparue entraînante et solide. Nous sommes désormais bien « chauds » pour She Past Away.

Tous étaient là pour She Past Away ce soir. Il faut dire que la formation porte en elle le renouveau de la scène « Dark Wave / Post Punk ». Volkan Caner (chant, guitare) et Doruk Öztürkcan (machine, voix) ont clairement innové dans ce style et ont – par exemple – renforcé le côté électronique de The Cure. Ainsi, les mélodies travaillées par les Turcs sont plus bien plus « dansantes », comme en attestent les superbes « Durdu Dünya » et « Katarsis » joués en première partie de concert.

La musique des Turcs a ce petit « quelque chose » qui nous attrape et qui finit par ne plus nous lâcher, bien que nous n’y comprenions trop rien. Les paroles sont écrites et chantées en turc, et pourtant et pourtant, les musiciens réussissent trop facilement à transcender cette barrière du langage pour mieux nous remuer. Et donc, les morceaux – allez, au hasard – « Insanlar », « Hayaller? » et « Ruh » (qui est une adaptation du poème « Le Revenant » de Charles Baudelaire) sont très parlants en fin de compte. She Past Away – nous a fait danser (jusqu’à la crise d’hystérie) sur des sujets personnels engageant l’introspection et le questionnement de soi. C’était puissant.  

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Rédacteur en chef d'Heretik Magazine

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