ITW – Sakrifiss

Depuis que les réseaux sociaux, et notamment YouTube, sont devenus un tremplin pour une génération en quête de nouvelles formes de communication, tous les styles de musique ont vu des personnages venus d’horizons divers émerger et devenir, pour une poignée d’entre eux(elles), de véritables stars. Le Metal n’a pas échappé à cette règle et, bien que plus marginales par rapport à d’autres genres, certaines chaines s’enorgueillissent de milliers d’abonnés. Parmi les youtubers spécialisés dans le métal, un personnage atypique attire la curiosité par ses vidéos chirurgicales sur le Black Metal et son humour noir décalé et sarcastique : Sakrifiss. L’homme au masque en jean et au célèbre “Malsoir” a accordé à Heretik Magazine une longue interview dans laquelle il explique sa passion pour le Black Metal, ainsi que ses projets musicaux, notamment Enterré Vivant avec qui il vient de sortir un deuxième album, Shigenso.

Propos recueillis par Fred VDP


Salut Sakrifiss ! Tout d’abord merci d’accorder du temps à Heretik. On te connaît avant tout pour tes vidéos sur YouTube. Quand et comment t’est venue, un jour (ou une nuit) l’idée de parler du Black Metal sur un réseau social, masqué d’un simple jean ?

Malsoir ! Comme tout dans une vie, une décision découle tout simplement de tout ce qui s’est passé auparavant. Alors pour expliquer pourquoi j’ai commencé à faire des vidéos, il faut remonter à plusieurs étapes : la première expliquera pourquoi je m’intéresse au Black Metal : parce que je suis tombé dedans dans les années 90. la deuxième, pourquoi j’ai décidé d’en parler au lieu de rester un simple auditeur : parce que vers 2008 le forum que je consultais, Postchrist, était dans une bonne dynamique et que la plupart des membres les plus actifs ont décidé de faire des chroniques afin de mieux alimenter encore la partie du site présentant des albums. la troisième, pourquoi le faire désormais en vidéo également : parce qu’en 2017 j’ai eu envie de m’adresser à un public qui ratait peut-être ce que je faisais sur le site que j’avais rallié, Thrashocore. Je voulais continuer les écrits, mais les compléter par des petites présentations filmées.

La dernière question concerne le fait de le faire masqué. Je fais partie de la génération qui ne se soucie pas du visage des gens. La génération principalement du « corpse paint ». N’étant pas très doué en maquillage, j’ai décidé de cacher mon visage d’une autre manière, avec ce que j’avais sous la main, car je n’allais pas non plus m’amuser à fabriquer quelque chose de très développé. Ce ne serait pas très black metal de sortir ma trousse à couture ou ma boite à outil pour me forger un nouveau faciès. Des ciseaux et un jean ont suffi. Et à vrai dire, cette idée remonte à plus loin que mes premières vidéos puisqu’un avatar était réclamé sur Postchrist et qu’il fallait obligatoirement mettre sa propre apparence. J’avais fait la première version de mon jean découpé à ce moment-là, il y a donc une quinzaine d’années.

La culture Metal, et principalement Black, est-elle vraiment différente au Japon (pays dans lequel tu t’es exilé depuis quelques années) de ce qu’elle est en occident ?

La scène Black n’existe pratiquement pas. Tu auras toujours des gens pour te dire qu’il y a une scène avec des japonais passionnés. Évidemment, c’est le cas, mais c’est comme si tu cherchais des passionnés de bonsaïs en France. Il faut soit creuser pour les trouver, soit avoir de la chance… Par contre, le Metal est plus accepté dans la musique populaire, dans le sens où tu trouveras plus de groupes non-metal qui en intègrent dans leur musique. Sans parler de Baby Metal, il y a beaucoup de groupes de Idol qui mettent un passage Death dans un morceau. Ils ont généralement un public d’hommes d’âge moyen qui y sont sensibles.

Quel est justement ton point de vue global sur le Black Metal en 2023 ? Et d’une manière plus précise sur le Black Metal français ?

La scène est tout simplement ce qu’on connaît d’elle. Celui qui se contente de faire ses achats en ligne sur une distro particulière sans se soucier des réseaux sociaux par exemple n’aura pas la même vision que celui qui va obligatoirement sur Facebook pour trouver d’éventuels pseudo-scandales qui animeraient sa journée. On se plaint souvent de choses dans la scène que l’on pourrait éviter de découvrir si l’on ne se rendait pas aux mauvais endroits. Chacun a sa responsabilité dans ce qu’est « la scène ». C’est facile de retourner sur un webzine comme Thrashocore et de retrouver la manière de communiquer d’il y a 15 ans. C’est aussi possible de se contenter des labels underground qui existent encore et ne pressent que des formats K7, ou vinyles… Il faut arriver à adopter les gestes qui correspondent au monde qu’on veut intégrer…

Par contre, si la question touchait plus au contenu de la scène Black Metal dans son ensemble, je constate juste qu’il n’y a plus de tendance unique dans le Black Metal. Nous avons eu des modes (sympho, pagan, dépressif, retour du trve, post). Et là nous remarquons plutôt que tous les genres existent en même temps sans que l’un d’eux puisse être considéré comme dominant.

Le black français a toujours été très vivace, mais les Français s’en sont rendus compte assez tardivement. Les Légions Noires ont plus de succès maintenant qu’à l’époque. A la fin des années 90, beaucoup pouffaient lorsqu’un groupe chantait en français. Il fallait que ça chante en anglais pour être crédible. Je vois donc l’effet contraire, et tant mieux pour nos groupes, mais cela cache aussi aux yeux de beaucoup la qualité d’autres scènes, qui mériteraient d’être plus mises en avant. L’Amérique du Sud par exemple.

Parallèlement aux vidéos, on peut t’entendre sur deux projets musicaux : Enterré Vivant et PeurBleue. Peux-tu nous dire quelques mots sur ces deux groupes totalement différents ?

J’ai été approché par Erroiak il y a trois-quatre ans parce qu’il voulait utiliser des paroles que j’avais prononcées dans une de mes vidéos. Il souhaitait les mettre en musique. Puis il m’a proposé de poser ma voix sur le refrain. C’est assez naturellement que nous avons poursuivi pour passer à un deuxième titre, un troisième, et à la formation du groupe puisque nous avions compris que nous allions faire ainsi tout un album. C’est devenu Enterré Vivant.

Et pour Peurbleue, c’est totalement le contraire. J’ouvre ma boite mail, et je vois le message d’un inconnu qui me demande si j’ai un chanteur à lui proposer pour son projet. Je lui demande un extrait, et j’ai essayé d’y poser ma voix. Je lui ai donc proposé de prêter ma voix sur quelques titres, et comme ça fonctionnait plutôt bien, j’ai demandé à être un membre à part entière. Le fait que ce soit un style totalement différent de l’atmosphérique d’Enterre Vivant m’a bien motivé. Et finalement nous avons sorti un album sur le label Les Acteurs de l’Ombre Productions en 2022.

Le deuxième album de Enterré Vivant, Shigenso, est sorti il y a quelques semaines. Peux-tu nous parler de son processus de création et pourquoi le choix des 4 éléments comme thématique?

Nous avions sorti notre premier album en 2021 sur Drakkar. Nous en étions satisfaits, mais nous avions envie de plus explorer notre personnalité, et donc notre dualité. Le fait est que l’un est plongé dans la culture occidentale et l’autre dans la culture asiatique, principalement japonaise. C’est ce que nous avions commencé sur l’EP Shiki, qui parlait des 4 saisons en 12 minutes, comme il y a autant de mois. Il me fallait une thématique qui soit très imprégnée de la pensée japonaise, tout en étant également abordable en Occident. Les éléments s’imposaient donc d’eux-mêmes. Je voulais rester sur leur côté purement naturel, et non spirituel, donc je suis resté sur les quatre principaux : le vent, le feu, l’eau et la terre. Nous avons ensuite travaillé morceau après morceau.

Comment se passent tes sessions d’enregistrement avec Erroiak (qui habite en France) ? Enregistrez-vous tout à distance ou vous arrive-t-il de vous voir en studio ?

Je n’ai jamais rencontré Erroiak. Je suis un peu compliqué justement avec les rencontres physiques. Il m’est arrivé de rencontrer certaines personnes, et ça ne s’est pas trop mal passé avec la plupart, mais je ne suis pas très naturel dans ces situations-là. Je sais mieux exprimer mes besoins et mes envies à distance. Le téléphone est donc aussi contrariant, car je ne peux dire que ce qui me passe par la tête au moment de la discussion, et de nombreux oublis sont à déplorer. J’enregistre donc mes voix de mon côté, je les plaque sur la mélodie créée par Erroiak en faisant de nombreux essais, et je lui envoie le résultat. Il s’occupe ensuite du mix et de la plupart du reste. Je me contente de donner des instructions sur le concept, les ajouts de sons ou d’instruments, éventuellement des idées de chant.

Sakrifiss youtubeur, Sakrifiss musicien et chanteur, mais il y a aussi le Sakrifiss écrivain ! As-tu prévu un tome 2 de ton livre sur le Black Metal paru aux éditions Les Flammes Noires ?

Oui, je suis un peu comme Barbie. Tu as Barbie hôtesse de l’air, Barbie cuisinière, Barbie avocate… Sakrifiss écrivain a deux idées de nouveaux livres. Mais ce ne sera pas une suite. J’ai dit tout ce que je souhaitais sous l’angle voulu dans le premier. C’était des réflexions tirées de mes expériences pour essayer de présenter ce qu’est, ou ce que peut être, le Black Metal. Comme je n’aime pas parler de ce que je n’ai pas encore accompli, je n’en dirai pas plus, mais en tout cas je risque bien de recontacter Les Flammes Noires dans quelques mois…

Je sais que tu n’es pas un fan de concerts mais aura-t-on un jour la chance de voir Sakrifiss sur une scène avec l’un de tes projets ?

Il ne faut jamais dire jamais. J’affirmais que je ne serai jamais chroniqueur et je le suis devenu. J’étais sûr de ne jamais faire mon propre album et j’en ai sorti plusieurs… Donc je risque de ne pas être très convaincant en expliquant que je ne me vois pas faire de concert. En fait, il faudrait que diverses conditions soient remplies, et c’est ce qui complique l’affaire. Quand ? Où ? Mais surtout comment s’y préparer ? Ce qui me conviendrait, ce serait d’inaugurer le concert du futur, dans le métavers. Sakrifiss de chez lui, Erroiak de chez lui… Non ? Mauvaise idée ?

Pour terminer, à la manière de Sakrifiss, un petit mot particulier pour les lecteurs de Heretik et les fans des Hauts-de-France qui te suivent régulièrement sur YouTube ?

J’espère tout simplement que tout le monde trouve des groupes correspondant à ses moignons ! Je ne suis jamais plus satisfait que lorsque l’on me remercie d’avoir fait découvrir ceci ou cela. J’en suis plus fier que lorsqu’on me dit que je suis rigolo, ou que mes mots crus sont tordants. La finalité est tout de même que les groupes présentés soient soutenus. Donc arrête de rire et va acheter des albums, quelque soit le format !

#TPAMU – Cryptic Process

Régulièrement, une formation des Hauts-de-France viendra se présenter et parler de son actualité. C’est le principe de notre rubrique Touche Pas à Mon Underground. Désormais, vous n’aurez plus aucune excuse pour ne pas les soutenir et ne pas les voir en concert ! Cette fois-ci, nous avons laissé la parole à Cryptic Process.

Une rubrique proposée par Chris Kilmister


« Cryptic Process se compose de deux membres : Ugo à la guitare et programmation batterie ainsi que Damien (moi) au chant. C’est une line-up assez atypique, mais ce projet est né durant la pandémie. En fait, nous sommes de vieux potes et nous voulions juste refaire du son ensemble. D’ailleurs à la base nous ne faisions que des jam basiques guitare/batterie sur des reprises, juste pour s’amuser, puis rapidement Ugo est arrivé avec quelques riffs typés bien Brutal Death et il a vite été évident que nous crevions d’envie de refaire sérieusement du son brutal et technique. Ça a toujours été notre style de prédilection ! 

Concernant notre parcours musical, nous sommes d’anciens membres et fondateurs de Goryptic (et Heresy). Nous avons tous les deux eu un parcours dans le Grindcore pendant plusieurs années : Ugo a été guitariste dans Trepan’Dead, tandis que moi j’étais chanteur dans Unsu. Notre style peut se rapprocher un peu de Goryptic, mais nous voulions repartir d’une page blanche avec ce nouveau projet ! Nous considérons que nous repartons de zéro, malgré nos passifs.

Le nom Cryptic Process s’est imposé naturellement à nous, car notre processus créatif est assez atypique, voire même étrange / barré. Les riffs et rythmiques sont assez bizarres et alambiqués. Ce n’est quasiment jamais de la composition en 4/4, nous aimons quand c’est tordu et que ça demande un effort de compréhension et d’écoute. Nous aimons quand il y a du mouvement dans une composition, des breaks fracassants, des parties blast à fond, en sommes quand c’est bien varié. Il est important d’apporter ce contraste dans un titre afin de ne jamais s’ennuyer que ce soit en le jouant ou juste en l’écoutant !

Au niveau des paroles c’est très varié et j’aborde beaucoup de sujets différents. Il y a des lyrics sur l’absurdité actuelle de notre monde, la vie engluée dans ces réseaux, cette surconsommation compulsive, mes expériences personnelles, mais également des paroles totalement space sur des entités nous rendant visite (des êtres d’une autre dimension hostile par exemple). Nous ne sommes pas dans le délire ultra « gore » comme la majorité des groupes de notre style, mais il y en a quand même çà et là. Cependant nous essayons de créer des vraies histoires et pas juste dire « Kill Kill, Blood, Guts ». D’ailleurs, une bonne moitié des paroles sont en Français. Pour moi, le chant est avant tout un instrument avec de multiples sonorités à exploiter, qui doit apporter un liant à l’ensemble et rendre la composition encore plus massive et violente. Les variations vocales sont très importantes, autant que les variations des autres instruments.

En termes d’influences, nous aimons beaucoup de groupes comme GoratoryNecrophagistCryptopsyDying FetusAborted ou encore Infant Annihilator. Et des choses un peu plus « old-school » comme PanteraCarcass, etc… Nous écoutons aussi d’autres styles totalement différents qui peuvent apporter une ouverture dans nos propres compositions.

Nous avons donc bossé et composé intensément pendant deux ans et demi. Chaque semaine, nous revenions sur chaque partie, chaque note, nous avons fait un gros taff sur les arrangements et l’équilibre des morceaux, Ugo a passé énormément de temps sur la batterie et la basse afin que cela soit parfait. Nous sommes arrivés à neuf titres et il fallait en faire quelque chose de concret ! En août 2023, nous sommes donc entrés en studio pour enregistrer notre premier album, Human Snack, composé de ces neuf morceaux. Il sortira en décembre en version physique digipack et bien sûr il sera dispo sur toutes les plateformes de streaming. Nous avons tout fait de A à Z pour l’enregistrement, le mix et mastering et visuels !

En juin, nous avions balancé un titre sur Youtube « Awakening Before This » juste pour voir les retours, car personne ne nous connaissait ! Très rapidement, après la sortie de ce clip promo, nous avons été contactés par plusieurs labels qui étaient intéressés par notre son ! Nous en avons retenu deux, à savoir Crypt of Dr. Gore et Drowning in Chaos Records. Ils sont ultra-chauds pour nous aider à faire un maximum pour la promo du groupe ! 

Prochaine étape pour nous : les concerts ! Nous travaillons actuellement sur la préparation du live à deux sur scène avec un ingé son pour gérer les batteries & basse en multipistes afin d’adapter et envoyer au maximum dans les gueules ! Nous ne connaissons pas l’avenir, si ça se trouve nous allons trouver un très bon batteur dispo dans le secteur. Nous savons qu’il y a des gens qui pensent que, sans batterie, ça ne vaut pas le coup, mais à nous de prouver le contraire, car c’est une toute nouvelle expérience. Nous sommes les premiers à nous interroger sur le sujet, mais l’expérience prouvera si – oui ou non – ça le fait ! »

Pour plus d’informations : https://www.facebook.com/crypticprocess

ITW – Final Strike

Encore inconnu du grand public, Final Strike est tout simplement le nouveau projet mené par Christian Eriksson, l’ex-chanteur de NorthTale. Dernièrement, il a pris le temps de travailler sur ce nouveau projet et ce premier opus, Finding Pieces, qu’il est venu présenter à la rédaction quelques jours avant sa sortie.

Propos recueillis par Axl Meu


Salut Chris. Comment te portes-tu ? 

Je suis chez moi, je me porte bien. Ça fait maintenant trois ans que nous travaillons sur le projet Final Strike. Quand j’ai lancé ce projet, je traversais une mauvaise période dans ma vie. Je ne savais pas trop si je devais continuer à faire de la musique ou non. J’étais vraiment fatigué de tout. J’ai pris le temps de me poser et de me poser les bonnes questions. Et finalement, j’ai décidé de me lancer une dernière chance et de forcer un nouveau groupe. Un vrai groupe, constitué d’amis, de frères. J’avais déjà contacté  Patrick Johansson (batterie) et Jimmy Pitts (claviers) avec qui j’avais déjà joué au sein de NorthTale. J’ai ensuite contacté les deux autres, Martin Floberg (guitare) et Jan Ekberg (basse). Et là, le 24 novembre prochain, nous allons publier notre premier opus, Finding Pieces. 

Est-ce que tu peux revenir sur ton départ de NorthTale ? C’était à cause de la pandémie ? 

En fait, c’est un peu comme toutes les autres relations. Si ça ne marche pas, ça ne sert à rien de te forcer. C’est un peu comme une relation amoureuse. Au bout d’un moment, tu sais si vous êtes faits l’un pour l’autre… (sourire) C’est aussi simple que ça. Ça n’a pas marché entre nous, donc on s’est séparés. 

Quand as-tu commencé à penser aux morceaux qui figurent sur le premier opus de Final Strike ? Est-ce que ces morceaux t’ont aidé à gagner en confiance ? 

Quand tu es impliqué dans un groupe, tu passes beaucoup de temps avec les autres membres du groupe. Il faut que tout le monde soit sur la même longueur d’onde. L’amitié compte beaucoup également. C’est un critère très important pour nous. 

J’avais une vingtaine de morceaux quand j’ai quitté NorthTale. Au départ, je n’avais ni la foi, ni l’énergie de relancer un nouveau groupe. Ça prend beaucoup d’énergie de tout relancer. Mais après quelque temps de réflexion, avec Patrick et Jimmy, on s’est promis d’écrire l’opus que nous aurions rêvé de tenir entre les mains à notre adolescence. Juste pour l’amour de la musique… Faire ce qui nous plait ! 

Quand j’ai écouté Finding Pieces, je dois avouer avoir pensé directement à l’époque faste d’Helloween. Par moments, certains morceaux sont très « Power Metal », d’autres plus « Hard Rock » dans l’âme. Est-ce que tu peux me parler de la direction musicale prise sur l’album ? 

J’adore la musique. C’est aussi simple que cela. Jeune, j’écoutais beaucoup de Gamma Ray, Helloween, Masterplan, HammerFall… Mais aussi Kansas, qui est l’un de mes groupes préférés. Pareil pour Queen

Bien sûr, nous sommes qualifiés de groupe de Power Metal… Mais pour nous, notre musique s’adresse surtout aux fans de Power, de Heavy et même de Hard Rock. Finalement, ça n’a pas trop d’importance. Le morceau « Archers » pourra s’avérer être dynamique, très « Power Metal »… Et puis, tu as le morceau « Fly » qui est plutôt un hymne rock. On ne veut pas se limiter qu’à un seul style. Voilà tout. On voulait tout simplement se faire plaisir ! 

« Avec Patrick et Jimmy, on s’est promis d’écrire l’opus que nous aurions rêvé de tenir entre les mains à notre adolescence »

Quelles sont les thématiques abordées sur Finding Pieces ?

Le message est clair. Si tu prends le morceau « Finding Pieces », par exemple. On avance dans la vie, on se construit une identité, une vie… Et par moments, tu remets tout en question. Par exemple, j’ai décidé à mes cinq ans que je voulais être une rockstar, un artiste… J’ai fait ça toute ma vie. Mais à un moment donné, j’ai été amené à tout remettre en question : « Est-ce que j’ai vraiment envie de faire ça toute ma vie ? Est-ce j’ai besoin de ça ? ». Finalement, la vie est constituée de pièces comment celles d’un puzzle, qu’il nous faut assembler, qui peuvent s’avérer être bonne pour soi.

Tu savais que tu voulais être chanteur à tes cinq ans ?!

Oui ! (Rires) J’avais cinq ans… Mon grand-frère a neuf de plus que moi. Il écoutait beaucoup de Metal déjà ! À l’époque, je trainais dans sa chambre et il n’aimait pas trop ça. Il avait affiché beaucoup de posters dans sa chambre. Je me souviens de son poster « Dr. Stein » (Helloween). Dans sa chambre, j’y ai aussi trouvé des VHS et sur l’une d’elles, il y avait le clip de « We’re Not Gonna Take It » de Twisted Sister. J’ai tout de suite accroché le « What are going to do in your Life ?! I wanna rock ! ». et depuis, c’est resté. C’est ce jour que j’ai su que je voulais être musicien.

Pour toi, quel est le morceau le plus important de l’opus et pourquoi ?

C’est difficile. Personnellement, j’adore tous les morceaux. Si tu prends « Restless Mind ». Ce morceau a un feeling très « Hard Rock », comme si c’était Tommy Lee (Mötley Crüe) qui jouait de la batterie dessus. Mais la thématique du morceau est assez sérieuse, car il évoque la fatigue intellectuelle. Mon esprit est en perpétuelle activité… Cet opus a un effet thérapeutique pour moi. Mais finalement, je pense que tout le monde peut s’y retrouver.

Et maintenant, qu’allez-vous faire ? Pensez-vous embarquer pour une tournée ? En ouverture d’un gros groupe ?

On travaille avec une agence de booking, oui. Et j’espère de tout coeur qu’on arrivera à donner quelques dates dans le cadre de festivals l’été prochain. On espère également tourner, mais ce sera assez difficile, car deux membres vivent aux États-Unis, et trois autres, ici, en Suède. Et soyons honnêtes. Depuis la pandémie, tout a augmenté. Tout est cher. On veut tourner, mais en même temps, je peux te dire que nous avons déjà entrepris l’écriture du deuxième opus.

Comment avez-vous réussi à signer chez Reaper Entertainment ?

Je connais Florian “Flori” Milz depuis l’époque où il travaillait pour Nuclear Blast. J’étais dans Twilight Force… On se connait depuis un moment, donc !


Final Strike, c’est :

Patrick Johansson : batterie

Jan Ekberg : basse

Martin Floberg : guitare

Jimmy Pitts : claviers

Christian Eriksson : chant

Discographie :

Finding Pieces (2023)

ITW – Angra

Angra tient une place importante dans le cœur de tous les fans de Speed / Power Metal qui se respectent. Même s’il est vrai que nous sommes à des années-lumière de la période faste du genre, ses plus fiers représentants continuent de sortir des opus de qualité. C’est le cas d’Angra qui est revenu sur le devant de la scène avec Cycles of Pain (Atomic Fire). Et c’est un Rafael Bittencourt particulièrement optimiste qui est venu nous en parler.

Propos de Rafael Bittencourt (guitare, piano) recueillis par Axl Meu


Comment te portes-tu Rafael ?

Je suis très enthousiaste à l’idée de sortir de cet album. On aurait pu publier ce nouvel album bien avant, mais pas mal de choses ont fait que ce n’était pas possible. En tout cas, pour le moment, tous ceux qui ont pu écouter l’album en avant-première semblent l’aimer. Là, on se prépare pour partir en tournée ! On part demain ! 

Où allez-vous partir en tournée ? 

Pour commencer, nous allons tourner un peu partout au Brésil. Demain, je prends l’avion pour Brasília, puis nous passerons par São Paulo,  puis nous donnerons d’autres concerts en Amérique latine. 

Vous voilà donc avec Cycles of Pain. Quand avez-vous commencé à travailler sur cet opus ? 

À la fin de la pandémie, courant 2021/2022, nous avons essayé d’écrire des morceaux ensemble, mais c’était assez difficile. Mais je dois dire que le gros de l’album a été composé après la tournée anniversaire de l’album Rebirth. Nous étions partis en tournée pour fêter les 20 ans de l’album et je dois dire que ça nous a tous reboostés. Nous avons enfin pu nous revoir, rencontrer des nouveaux et vieux fans. Les gens étaient vraiment contents de pouvoir enfin se revoir et passer du temps ensemble. Et finalement, on peut dire que ça nous a inspirés.

Cycles of Pain a été composé entre septembre et octobre de l’année 2022. Nous avons loué une maison de campagne quelque part au Brésil pour travailler ensemble sur les morceaux. Ça a été très vite. Nous nous sommes un peu mis la pression, mais finalement, je trouve que nous avons été très efficaces. Nous étiens vraiment contents de nous retrouver, d’être ensemble pour composer cet album.

Fabio vite toujours en Italie ? 

Oui. Et Bruno, notre batteur, vit à Los Angeles.

Est-ce que tu dirais que la tournée anniversaire de Rebirth a eu un impact sur la manière dont sonne Cycles of Pain ? 

Oui, vraiment. L’enthousiasme engendré par cette tournée était assez crucial. C’est vraiment ce qui nous a permis de composer l’opus. Ce nouvel opus évoque la douleur certes, mais je trouve qu’il dégage une forme d’optimisme, du moins, pour ce qui du groupe. Cette tournée nous a vraiment permis de nous retrouver et d’échanger. Souvent, nos morceaux sont le fruit de nos conversations. Nous ne sommes pas du genre à nous asseoir, à jouer des accords au hasard et à les enregistrer. J’estime qu’il faut prendre le temps de parler et de mettre en place une forme d’état d’esprit. Et ce n’est que par la suite que la musique arrive.

« Cet opus montre aux gens qu’on ne peut pas résumer Angra qu’à un seul style. » 

Un morceau a retenu mon attention lors de l’écoute de cet album, c’est « Vida Seca ». La touche brésilienne est très intéressante et très rafraîchissante. On y retrouve les racines d’Angra sur ce morceau, à la fois dépaysantes et épiques. 

Ce n’est plus un secret pour personne. Nous nous inspirons énormément de la musique brésilienne et écoutons beaucoup d’artistes brésiliens. Je peux sincèrement te dire que mon idole de tous les temps vient du Brésil. Aujourd’hui, on voulait créer cette atmosphère, de sorte à ce que les gens en sachent un peu plus sur nous. À côté, j’ai toujours adoré jouer sur les contrastes. Par exemple, le titre « Rebirth » en comporte énormément. On joue sur la corde mélancolique dans un premier temps, puis nous plaçons un passage « grandiose ». J’ai toujours aimé ce genre de combinaison. Cette fois-ci, nous avons voulu reprendre les mêmes idées, tout en incluant des sonorités issues du folklore brésilien. 

Est-ce que tu peux me parler du « Tears of Blood », le dernier morceau de l’opus, très grandiose, incluant plusieurs guests ? 

Avant que ce morceau ne soit composé, je m’étais toujours fixé comme objectif d’écrire un morceau sur lequel Fabio pourrait chanter avec sa voix d’opéra. Pour ce morceau, il le fait sous forme d’un duo en compagnie d’Amanda Somerville. Je me suis inspiré du thème du Fantôme de l’Opera. Fabio joue le rôle de l’assassin et Amanda, celui de sa petite amie. L’ensemble est vraiment dramatique et Amanda, vraiment géniale. 

Y a-t-il d’autres guests sur l’opus ? 

Oui, l’introduction de « Vida Seca » est chantée par un artiste brésilien, Lenine, très réputé ici. On l’admire tous au sein du groupe. La chanteuse Vanessa Moreno chante, quant à elle, sur le morceau « Here in the Now ». Aussi, Kiko Loureiro joue également le solo d’un morceau bonus et Fernanda Lira, du groupe Crypta, chante également sur une version alternative du morceau « Tears of Blood »

Pour toi, de cet opus, quel est le morceau qui fait le plus sens à tes yeux ? Quel est le plus surprenant ? 

On vient de mentionner le morceau « Vida Seca », que j’aime beaucoup pour son côté « local » et épique. En tout cas, j’ai beaucoup aimé travailler sur cet opus, parce qu’il est vraiment varié. Cet opus est long, il dure une heure, mais finalement, sa richesse fait que le temps passe assez vite quand on l’écoute. Par exemple, j’adore le morceau « Faithless Sanctuary », sa progression… Un peu avant, il y a « Cycles of Pain » qui est une très belle ballade… Cet opus montre aux gens qu’on ne peut pas résumer Angra qu’à un seul style. 

Désormais, quels sont vos plans de tournée ? Où et quand comptez-vous revenir en Europe ?

Nous comptons revenir en Europe d’ici mai / juin 2024 pour nous produire dans le cadre de festivals. Pour l’instant, nous sommes encore en train d’organiser tout ça. Rien n’a été confirmé pour le moment. 


Angra, c’est : 

Rafael Bittencourt : guitare, piano 

Felipe Andreoli : Basse

Fabio Lione : chant 

Bruno Valverde : Batterie

Marcelo Barbosa : guitare 

Discographie : 

Angels Cry (1993) 

Holy Land (1996)  

Fireworks (1998) 

Rebirth (2001) 

Temple of Shadows (2004) 

Aurora Consurgens (2006) 

Aqua (2010)

Secret Garden (2014)

Ømni (2018)

Circles of Pain (2023)

ITW – Autopsy

La rédaction d’Heretik Magazine s’était déjà rencardée l’année dernière pour échanger avec Chris Reifert, l’emblématique batteur/chanteur d’Autopsy, dans le cadre de la sortie de Morbidity Triumphant. À l’époque, nous étions bien loin de nous douter que les Américains reviendraient sur le devant de la scène avec Ashes, Organs, Blood and Crypts : nouvel opus et donc, nouvelle opportunité pour nous de nous entretenir avec le légendaire batteur.

Propos de Chris Reifert (batterie/chant) recueillis par Axl Meu


Salut Chris, notre dernière conversation remonte déjà à l’année dernière. C’était à l’occasion de la sortie de Morbidity Triumphant. Pourquoi avez-vous décidé de revenir avec un opus seulement un an après Morbidity Triumphant ? 

Pourquoi pas ? (Rires) Nous nous sentions juste inspirés et avions envie de sortir un nouvel opus. Pour nous, c’est un peu normal… À l’époque, dans les années 80 et 90, nous faisions en sorte de sortir le plus d’opus possible des albums, des EP ou même des split. Si je me souviens bien, en 1991, nous avions sorti trois opus en un an. Pour nous, c’était normal. Tant que nous avons quelque chose à dire musicalement parlant, nous le faisons. Nous n’avons pas d’obligation contractuelle avec Peaceville Records. Quand nous expliquons aux gars du label que nous sommes prêts à travailler sur un album, ils nous donnent carte-blanche. C’est aussi simple que ça. 

Les morceaux qui constituent Ashes, Organs, Blood and Crypts sont-ils tirés des sessions de Morbidity Triumphant ? 

Ce sont des nouveaux morceaux. Il me semble qu’on a commencé à les écrire en début d’année. En fait, je ne me fixe pas de deadline ou quoi que ce soit. On s’est donné trois ou quatre mois pour tout écrire. C’est bizarre, car tu n’es pas le premier à me poser cette question. On me la pose souvent. (Rires)

Mais non, il ne s’agit pas des restes du dernier opus. En tout cas, tu ne verras jamais de morceaux bonus ou autres sur nos albums. Nous faisons juste en sorte de finir tous nos enregistrements à temps. C’est déjà pas mal ! (Rires) Donc, pour revenir à ta question, les morceaux qui constituent Ashes, Organs, Blood and Crypts sont nouveaux ! 

Je sais qu’Autopsy ne se produit pas beaucoup sur scène. Est-ce que vous avez pris le temps de défendre Morbidity Triumphant sur scène ou pas ? 

Ici et là… Nous ne donnons pas des tonnes de concerts. Nous ne sommes pas le genre de groupes à partir en tournée, mais nous avons pu donner quelques concerts bien sympathiques pour défendre le nouvel album, en Europe, au Mexique et aux États-Unis, par exemple. 

Ashes, Organs, Blood and Crypts est sorti à quelques jours d’Halloween. Est-ce un hasard du calendrier ou une volonté du label ? 

C’est une idée de Peaceville Records. Nous, on ne s’occupe pas trop de ça. Et finalement, je trouve ça plutôt bien, car Halloween et le Heavy Metal vont bien ensemble. C’est leur idée.

« Tant que nous avons quelque chose à dire musicalement parlant, nous le faisons. »

Pour revenir à l’album, on reconnait bien la patte d’Autopsy. Est-ce que tu peux me le présenter ? 

Nous faisons simplement ce que nous savons faire, c’est tout. Il n’y a pas vraiment de surprises. Je veux dire, si tu aimes Autopsy, il y a de fortes chances pour que tu aimes ce nouvel opus. Après, pour ceux qui n’aiment que Severed Survival (1989) et Mental Funeral (1991), je ne peux trop rien faire pour eux. Nous avons sorti d’autres choses depuis. On sait ce que le groupe vaut et on sait comment le groupe doit sonner. Ça ne sert à rien de faire croire aux fans que nous sommes toujours en 1991, car ce n’est pas le cas. Nous essayons surtout de nous renouveler tout en restant nous-mêmes. Nous ne sonnerons jamais comme Dream Theater ! (Sourire) Imaginons que tu sois fan de Cannibal Corpse ou d’Incantation. Tu ne seras jamais déçu par leurs albums, car ils sonnent tous comme ils doivent sonner. Nous essayons de rester dans le coup, tout en essayant de ne pas trop modifier notre son. Nous ne voulons pas recycler certaines idées du passé. Ça ne nous intéresse pas. 

Tu as écouté les nouveaux opus de Cannibal Corpse et d’Incantation ? 

Oui ! Ils sont géniaux. Ce sont des groupes que je continue d’écouter, bien évidemment. Je prête toujours une oreille attentive à leurs sorties. J’adore le Metal en général, de même que le Rock’n’Roll. Cette année a été géniale : Cirith Ungol a sorti un nouvel opus, pareil pour Voivod, Overkill, Raven, Alice Cooper, les Rolling Stones, Yes… Oui, je continue de suivre les groupes que j’aime et d’acheter leurs albums quand je peux. C’est génial. 

Samedi dernier, vous avez sorti un clip, illustrant « Rabid Funeral ». C’est un mini-film d’horreur réalisé par Rabidog Films. Dis-nous en plus ! 

Il faut tout simplement le consulter ! On l’adore ! Et en plus, nous n’avons rien eu à faire pour le produire. Nous avons envoyé notre morceau à Rabidog Productions au Canada et la boîte s’est occupée de tout… D’ailleurs, c’étaient déjà eux qui s’étaient occupés du clip de « Knife Slice, Axe Chop » tiré de Morbidity Triumphant. Ils font vraiment tout. Ce sont des fans de Metal et, quand tu regardes leurs clips, tu peux ressentir leur enthousiasme. Nous adorons leur travail et vraiment, dès qu’ils nous ont montré la première version, nous l’avons immédiatement adorée. 

Pour ceux qui ne l’ont pas vu, je peux dire qu’il s’agit d’une sorte de films d’horreur de 5minutes 30. C’est exactement le type de vidéos que nous avons toujours adoré dans le groupe et ce, depuis nos débuts, dans les 80. Le clip de « Rabid Funeral » rappelle ces films gore que nous regardions en boucle quand nous étions mômes. Là, on peut dire que ce clip est une version raccourcie de tous ces films que nous aimons au sein d’Autopsy. Il déchire. 


Autopsy, c’est :

Chris Reifert : batterie, chant

Danny Coralles : guitare

Eric Cutler : guitare, chant

Joe Trevisano : basse

Discographie :

Severed Survival (1898)

Mental Funeral (1991)

Acts of the Unspeakable (1992)

Shitfun (1993)

Macabre Eternal (2011)

The Headless Ritual (2013)

Tourniquets, Hacksaws and Graves (2014)

After the Cutting (2016)

Morbidity Triumphant (2022)

Ashes, Organs, Blood and Crypts (2023)

ITW – Aset

Présenté comme un projet réunissant des membres de Seth et Oranssi Pazuzu, Aset est avant tout un nouvel ovni Black Metal dont l’identité reste aussi mystérieuse que fascinante. Astral Rape, le premier opus du groupe sorti chez Les Acteurs de l’Ombre Productions, est un concentré de questions et de sujets métaphysiques autour de l’être humain et de ses valeurs. Rencontre, secrète et philosophique, avec l’entité Aset.

Propos du groupe recueillis par Fred VDP


Pouvez-vous présenter Aset aux lecteurs d’Heretik ? Peut-on connaître l’identité de ses membres ?

Aset est une entité protéiforme qui va bien au-delà du simple groupe qui sort cet album. Aset a réussi à connecter des individus ou des egos pour faire partie d’un cadre beaucoup plus large et arriver finalement à une sorte d’âme planante qui imprègne le projet. L’idée derrière tout ça est de faire revivre le concept de la sur-âme « émersonienne » (Ralph Waldo Emerson, essayiste, philosophe et poète américain, NDLR) selon lequel l’ego conscient est essentiellement une limitation d’une âme beaucoup plus vaste. Nous avons donc cherché à nous affranchir de cet ego pour nous connecter tous à cette âme commune qui concrétise la notion d’entité. Est-il nécessaire de connaître les noms et visages des musiciens pour apprécier l’œuvre ? Nous ne sommes pas en quête de plus de reconnaissance individuelle. Au contraire, notre entité n’établit aucun égo, ceci afin de mieux permettre aux auditeurs de se concentrer objectivement sur la musique et l’univers véhiculés. À ce titre, nous allons à l’encontre de nos sociétés actuelles, basées sur l’individualité de l’être et une mise en avant du “je” ayant pour fin l’obsession hystérisée de la reconnaissance de l’individu.

On sait pourtant que Aset est la fusion entre des membres de Seth et Oranssi Pazuzu. D’où vient ce souhait de travailler ensemble et comment vous êtes-vous rencontrés ?

Deux noms de groupe ont effectivement fuités dans le milieu Black Metal, nous n’avions donc pas d’autres choix que de présenter Aset ainsi, mais les composantes de l’entité ne se limitent pas à ces groupes, loin de là. La rencontre s’est faite au travers d’Aset, qui a contacté un certain nombre de musiciens pour intégrer l’entité. Nous avons tous en commun une carrière déjà bien remplie, et la volonté de servir Aset sans avoir besoin de plus de reconnaissance.

« Nous n’avons donc aucun projet de concert et il est difficile de l’envisager vu la nature même d’Aset qui ne reconnaît pas l’individualité des musiciens.« 

Pouvez-vous nous parler de la création de Astral Rape ? Son écriture, sa composition et son enregistrement ?

Le matériel présent sur cet album a été écrit et composé sur une période de 4 ans environ. Aussi surprenant que cela puisse paraître, l’enregistrement a eu lieu il y a plus de 10 ans, même si l’album a été mixé plus récemment. Cet écart entre l’enregistrement et le mix est principalement dû aux autres activités des composantes de l’entité. En plus d’essayer de proposer quelque chose de différent de ce que nous faisons habituellement, l’idée était d’engendrer un art plus conceptuel allant de pair avec l’univers véhiculé à travers les paroles. En ce qui concerne le processus de création, Aset travaille comme une entité et en tant que telle, il n’y a pas de conception de l’individualité en jeu. Le processus d’écriture fait partie d’un tout qui façonne notre identité et notre son.

Quels sont les thématiques évoquées dans cet album ? Le titre « Astral Rape » étant à lui seul très suggestif et interrogateur.

Le viol astral, l’invasion de l’esprit par l’astral est quelque chose qui a été documenté à travers les âges et dans le monde entier, parfois sous d’autres noms comme la possession démoniaque. Nous voulions travailler sur le voyage au-delà de l’âme, au-dessus de notre nature humaine pour voyager à travers les royaumes astraux. Pour cela, il fallait introduire la notion d’Astral. L’Astral est une force puissante et primitive qui nous enveloppe, pouvant être utilisée comme moyen de matérialiser sa volonté à travers l’espace et le temps. Celui qui ose l’utiliser pour des questions obscures peut frapper avec une puissance effrayante, s’il la maîtrise, mais peut également être frappé en retour s’il n’est pas assez fort pour manipuler cette force primitive. La colère de l’Astral, dans les deux cas, peut détruire votre esprit, vous posséder, vous violer « astralement ».

Aset a-t-il prévu de se produire en Live ? Si oui, avez-vous déjà programmé quelques dates ?

La logistique nécessaire pour réunir l’entité et la présenter au public comme un tout requiert un dispositif bien trop complexe pour être mise en œuvre actuellement. Nous n’avons donc aucun projet de concert et il est difficile de l’envisager vu la nature même d’Aset qui ne reconnaît pas l’individualité des musiciens.


ASET, c’est :

Non communiqué

Discographie :

Astral Rape (2023)

ITW – SIERRA

Étoile montante de la scène Darkwave française et protégée de Carpenter Brut, SIERRA était en journée promo le vendredi 6 octobre dernier pour présenter à la presse musicale son premier opus, « A Story Of Anger ». En attendant de la voir à Lille (à L’Aéronef le 15 décembre prochain, avec Ultra Sunn), nous l’avons rencontrée et avons échangé avec elle !

Propos de SIERRA recueillis par Axl Meu


Avant de parler de ton nouvel opus, j’aimerais un peu revenir sur ta tournée américaine au cours de laquelle tu as présenté ton nouvel opus, A Story of Anger. 

J’étais déjà allée aux États-Unis l’année dernière pendant un mois. J’y avais fait la première partie de Carpenter Brut. Là, c’était hyper intéressant. C’était ma première tournée en headliner, donc, forcément, c’était différent de l’année dernière. J’en garde un très bon souvenir. J’y ai donné 12 dates en deux semaines. C’était plutôt intense ! On a vécu des choses super cool et on peut dire qu’on a vu du pays ! (Sourire) Là, je suis encore un peu déconnectée ! Mon esprit est resté là-bas et mon corps est ici. Je suis encore un peu épuisée, mais c’était vraiment cool ! 

Ton premier opus, A Story of Anger, est sorti il y a trois semaines maintenant. Avant cet opus, tu avais sorti quelques EPs… Tu as dû prendre pas mal de temps pour construire cet album. Pour commencer, je vais te demander de parler de SIERRA. Tu as lancé ce projet en 2017. 

J’ai sorti mon premier EP en fin 2017, ça fait six ans maintenant. Je savais que je voulais faire un projet assez sombre, assez impactant dans les sonorités dans le type de basse, dans les choix instrumentaux. Puis, au fil du temps, mon style s’est affuté… Le projet de base était de lancer un projet electro / cinématographique, quelque chose de dansant… J’ai pris le temps de faire plusieurs EP, quelque chose dans l’ordre de cinq. Je ne voulais pas faire un album tout de suite… Je voulais prendre le temps de le faire et surtout m’assurer d’être accompagnée pour le faire. 

Est-ce que tu peux me présenter A Story of Anger ? Quelles étaient tes intentions concernant cet opus ? Quelques guests interviennent sur l’opus. Pourrais-tu également développer à ce sujet ? 

Je voulais parler de colère au sens large, développer des idées autour d’émotions fortes, développer sur ce que la colère peut engendrer : cette envie de vengeance… Je ne voulais pas parler de violence, mais plutôt d’intention primaire, de la puissance que l’on aimerait ressentir lorsque l’on est dans une situation complexe. J’ai pas mal de recherches pour les visuels et des planches avec beaucoup d’images assez froides. J’ai aussi développé plusieurs maquettes de sons pour ensuite trouver un lien commun entre tous ces sons pour en faire l’album.

Je voulais avec des guests sur l’album. Sur un EP, c’est toujours un peu plus compliqué… Quand tu as la chance de développer un format long, je trouve cela toujours plus intéressant d’ajouter la patte d’un autre artiste. Pour Carpenter Brut, je trouve ça hyper logique vu qu’on a tourné ensemble et qu’il soutient mon projet depuis un moment. Je lui ai proposé de faire un son avec moi, « Power ». Pour Health, j’avais déjà travaillé avec eux pour un de leurs morceaux, « Hateful ». Et pour Corvad, c’est quelqu’un que j’apprécie énormément, que je suis depuis un moment. Je trouve que ses morceaux sont très similaires à mon univers. Il a aussi participé à la B.O. du dernier Batman, donc on se comprend quant à notre envie d’être lié à un univers cinématographique.

« J’évolue dans un style qui marche mieux à l’étranger qu’en France. Mon premier pays, c’est les États-Unis, c’est là que j’ai le plus de ventes et d’écoutes. »

On dit que la Cold Wave / Dark Wave est proche des intentions du Metal… Certains amateurs de Metal se retrouvent dans les sonorités de la Dark Wave / Synthwave. Pour toi, quels sont les principaux points communs entre ces deux esthétiques ? 

Le fait de proposer du contenu indépendant qui sort des sentiers battus. Je pense qu’il y a une forme d’envie d’écouter autre chose que ce qu’on écoute à la radio et de voir autre chose que des groupes qui se produisent en tête d’affiche lors des festivals. Après, de mon côté, ça ne veut pas dire que je n’aime pas. Je suis la première personne à écouter de la musique Pop et commerciale. Mais je pense que les gens qui écoutent à la fois du Metal et de la Synthwave ont envie d’écouter des choses qui sortent des sentiers battus. Après, pour moi, l’autre point commun, c’est aussi le côté « Dark ». Ça, c’est clair. Quand on va aux soirées typées « EBM / Dark Wave », ce n’est pas pour entendre des sons hyper joyeux, quoi que… Carpenter Brut finit bien ses sets avec « Maniac ». Mais bon, il y a vraiment une envie de se détacher du quotidien et de se plonger dans un univers assez fort et sombre qui nous prenne aux tripes. 

Quelles sont véritablement tes sources d’inspiration ? Est-ce que tu as des références qui t’inspirent ? Des films ? Des groupes ? Je pensais à Boy Harsher qui doit t’inspirer…

J’adore Boy Harsher. D’ailleurs, je faisais passer du Boy Harsher avant de monter sur scène lors de ma tournée US. Leur univers n’est pas forcément similaire au mien : le leur est bien plus chanté, plus dansant… En tout cas, je le comprends ! Après, en ce qui concerne les personnes qui m’inspirent vraiment et qui m’ont donné envie de faire de la musique, je dirais Gesaffelstein, The Toxic Avenger, Justice… Tous les artistes du label Headbanger Records. J’ai beaucoup aimé ses artistes, un peu moins aujourd’hui, car le label est parti plus du côté des sonorités Pop / Disco / Funk. 

Quels sont tes projets aujourd’hui ? Où vas-tu te produire prochainement ? À Lille ? 

Je vais me produire bientôt à Lille, l’Aéronef avec Ultra Sunn. Je crois que c’est le 15 décembre ! J’ai quelques dates en France. Je joue bientôt à Strasbourg, Paris, Rennes, à Lyon aussi… Mais je dois avouer que j’ai plus de demandes à l’étranger qu’en France. 

Comment expliques-tu cela ? 

J’évolue dans un style qui marche mieux à l’étranger qu’en France. Mon premier pays, c’est les États-Unis, c’est là que j’ai le plus de ventes, d’écoutes. La Darkwave, la Synthwave, c’est un courant qui a été créé en inspirant de groupes américains « By Night ». Ça me va de jouer à l’étranger, mais si j’aimerais que la scène en France se développe en peu plus, mais je pense que c’est culturel ! Après, on n’est pas à l’abri d’une percée en France à l’avenir. Qui sait ? Mais pour l’instant, ça marche mieux en Europe de l’Est et aux États-Unis ! 


SIERRA, c’est : Annelise Morel (chant, machines)

Discographie :

Strange Valley (EP-2017)

Gone (EP-2019)

See Me Now (EP-2022)

A Story of Anger (2023)

ITW – Tyrant Fest

Les 21 et 22 octobre prochains, tous les fans de musiques extrêmes auront les yeux rivés sur le site du 9-9Bis de Oignies, une nouvelle fois hôte du Tyrant Fest pour sa sixième édition. L’équipe d’Heretik Magazine, partenaire officiel de l’événement depuis son lancement en 2016, a posé quelques questions à Alex Lang, programmateur et organisateur du festival, à quelques semaines du lancement des hostilités.

Propos recueillis par Axl Meu // Crédit photos : Julien Cambien


Salut Alex, comment te portes-tu à trois semaines de l’événement ? Que prépares-tu en ce moment ? 

Je vais bien. Nous sommes effectivement dans la dernière ligne droite avant l’ouverture des portes et, comme chaque année, c’est une excitation grandissante. Actuellement, je bosse essentiellement sur la coordination entre les équipes du 9-9bis et notre équipe de bénévoles chez Nao Noïse sur l’organisation du Jour-J, ses petits paramètres et aussi parfois ses imprévus. C’est le lot de chaque organisation et ce qui fait qu’un événement est aussi intéressant à travailler.

Le Tyrant Fest a fait son grand retour en 2022 après deux années de flou, liées à la COVID-19. Comment un festival comme le Tyrant Fest a-t-il réussi à sortir de cette crise ? Quel bilan tires-tu de la dernière édition ?

2022 fut une édition de retour après deux ans d’absence, édition pour laquelle le public a répondu massivement présent une nouvelle fois. Nous étions très fiers de notre programmation mais nous ne savions pas trop ce que cela allait donner : les remplissages de salles n’étaient pas au top et nous n’avions pas beaucoup communiqué durant une longue période. C’est pourquoi nous sommes très reconnaissants envers le public qui soutient les festivals ou les concerts en général. C’est la base. Si nous sommes encore là en 2023 pour une sixième édition, c’est parce que le public se déplace et soutient le festival. 

« Si nous sommes encore là en 2023 pour une sixième édition, c’est parce que le public se déplace et soutient le festival.« 

L’édition 2022 est aussi l’édition qui nous a permis de prendre un bon rythme de croisière avec notre coproducteur et hôte, le 9-9bis. C’est très agréable de pouvoir travailler dans ce genre de conditions et cela se ressent sur l’organisation le jour-J. Je pense que le public l’a ressenti : l’ambiance générale en 2022 était vraiment top !

Depuis la crise du COVID, le cachet des groupes a augmenté. Les charges ont explosé, et par conséquent, les festivals de taille moyenne comme le Tyrant Fest sont amenés à s’adapter. Comment avez-vous réussi à concocter cette affiche, tout en respectant votre cahier des charges, à savoir celui de proposer un festival à la fois sombre, ouvert et accessible. On parle de 40€ la journée, ce qui reste relativement accessible.  

D’ailleurs, nous avons d’ailleurs modifié légèrement la date du festival pour pouvoir accueillir Enslaved. Le cas inverse, ils n’auraient plus été disponibles. De plus, personne ne tournait en novembre. Cela aurait été compliqué de programmer dans ces conditions. Donc la fenêtre de tir est assez étroite chaque année. C’est ce qui fait que le challenge est intéressant à relever. Un challenge d’autant plus compliqué, car nous souhaitons aussi rester un festival accessible avec un prix de pass raisonnable. Nous avons toujours eu une politique de prix bas, alors même que le pass augmentait tous les ans. Aujourd’hui, nous collons au tarif normal d’un événement de 2 jours avec 2 scènes, 18 groupes, 30 exposants, et un site assez vaste à animer et sécuriser. 

L’édition 2023 – la 6ème – marque un tournant dans l’histoire du festival : un nouveau logo et une programmation plus axée « Post » que l’année dernière. Quid du nouveau logo ? Dans quelle optique l’équipe du Tyrant Fest a-t-elle travaillé sur la prog’ ? 

Oui, nouveau logo, nous en sommes très contents. Il a été réalisé par David Sanden, un artiste espagnol. Personnellement, je trouve qu’il reprend bien les codes du logo originel du Tyrant Fest que j’avais réalisé en 2015, tout en les modernisant et en les rendant plus massifs.

Pour la programmation, c’est certainement la journée du dimanche qui te fait dire ça, mais c’est un pur hasard que nous changions de logo et donnions une petite touche Post-Hardcore à notre programmation. Il ne faut pas y voir une volonté définitive de remplacer un style par un autre. Nous avons toujours eu une programmation éclectique avec en point commun la noirceur. Le festival n’est pas un festival de Black Metal comme beaucoup le pensent ou le souhaiteraient… Nous avons toujours eu à cœur de mettre à l’honneur des artistes qui pratiquent des musiques sombres : ça passe par le Black Metal, c’est certain car nous affectionnons ce style depuis toujours, mais nous aimons aussi le Death, le Doom, le Sludge ou le Post Hardcore, parce que c’est aussi ce que nous écoutons !

« Nous avons toujours eu une programmation éclectique avec en point commun la noirceur. Le festival n’est pas un festival de Black Metal comme beaucoup le pensent ou le souhaiteraient…« 

D’ailleurs, nous avons programmé dans les éditions précédentes du Psychedelic Rock, du Punk Hardcore ou encore de la Synthwave, et si on parle de Post Hardcore, nous avons reçu The Secret en 2019. Il ne faut donc pas y voir un changement de programmation. De notre point de vue, nous restons bien dans le cadre Tyrant que nous avons défini dès le départ. Le cru 2024 sera peut-être teinté de Doom ou de Death. Qui sait ?

Cette année, on y retrouve Cult of Fire, qui rappellera sans doute un certain Mephorash aux habitués du festival… 

J’ai découvert Cult Of Fire en live aux Feux de Beltane. J’avais trouvé le groupe très bon, mais ne jouant qu’une seule fois par an et par pays, nous avons dû nous armer de patience, période COVID incluse. C’est effectivement le genre de groupe qui a fait l’image du festival, nous en avons conscience : Batushka, Mephorash, Imperial Triumphant ou encore Wolvennest sont des artistes avec un impact visuel et auditif qui rendent l’expérience Tyrant Fest encore plus immersive. Cult of Fire ne dérogera pas à la règle : le décorum sera incroyable !

« Il y en a pour tout le monde cette année : du Black, du Death, du Doom, du Sludge et du Post-Hardcore bien sombre !« 

En plus des gros noms, à savoir Bölzer et Enslaved, quelles sont les formations à découvrir cette année ? 

C’est compliqué de te parler d’un groupe plus que d’un autre. Nous les avons programmés, car nous estimons qu’ils ont tous quelque chose à dire, un show à faire valoir. Il y en a pour tout le monde cette année : du Black, du Death, du Doom, du Sludge et du Post-Hardcore bien sombre ! En revanche, je peux te dire – car ça n’engage que moi – que j’ai un faible particulièrement pour Bölzer, Mantar, Otargos, Karras, Plebeian Grandstand et Nature Morte sur cette édition.

Le Tyrant Fest, c’est également des animations annexes et des expositions. Quelles animations seront proposées aux festivaliers cette année ? 

Le public pourra effectivement déambuler comme d’habitude dans ce que nous appelons l’Annex. C’est une zone du festival qui réunira une nouvelle fois sur cette édition ce que nous développons depuis 2017 à savoir, un village d’exposants (Vigo), des expositions temporaires (Xpo), des conférences (Dialo), la découverte du site (Visites et Rando), un salon de tatouage tenu par Les Petits Martyrs (Tattoo) ainsi qu’une belle offre de food trucks et une zone de restauration / détente chauffée avec retransmission des concerts (Resto). Toutes ces choses vont être annoncées dans les jours qui viennent. 


LE TYRANT FEST :

QUAND ? Les 21 et 22 octobre prochains

OÙ ? À Oignies, le 9-9Bis

POUR QUI ? Enslaved, Bölzer, Cult Of Fire, Mantar, Nostromo, Kronos, Otargos, Karras, Conjurer, Deliverance Band, Pénitence Onirique, Plebeian Grandstand, Mütterlein, Nature Morte, Virgil, Witching, Yarotz, QueenAres.

COMMENT ? https://www.tyrantfest.com/shuttle // https://www.tyrantfest.com/tickets

ITW – Incantation

Incantation, c’est un peu la force tranquille du Death Metal américain. À chaque sortie d’album, on sait toujours – plus ou moins – à quelle sauce on sera mangé. Toujours est-il que l’on passera toujours un excellent moment en leur compagnie. Cette été, nous avons contacté Chuck Sherwood (basse) et John McEntee (chant, guitare) et avons essayé de mieux comprendre leur nouvel opus, Unholy Deification.

Propos de John McEntee (chant, guitare) et Chuck Sherwood (basse) recueillis par Axl Meu


Que s’est-il passé pour Incantation après la sortie de Sect of Vile Divinities ?

Chuck Sherwood (basse) : La sortie de Sect of Vile Divinities était déjà programmée quand le virus est arrivé. Nous savions qu’il n’y aurait rien : ni concerts, ni festivals. Nous avions maintenu la sortie de l’album, bien que nous ne puissions pas tourner. Cela dit, nous avons été tellement productifs durant cette période que nous avons écrit assez de morceaux pour deux albums. Nous savions que nous ne pourrions pas tourner, donc nous avons passé notre temps à composer de nouveaux morceaux. Au départ, nous avions du mal à nous voir, mais finalement, ça l’a fait. Nous avons tout fait pour garder la flamme.

Comment avez-vous choisi les dix morceaux qui constituent Unholy Deification ?

John McEntee (chant, guitare) : Nous avons en sorte de garder les plus agressifs sur cet opus. Celui-ci est particulier, car c’est le premier concept-album du groupe. Cet opus comprend donc dix morceaux qui forment ensemble dix chapitres, placés dans le désordre. Cet opus a pas de mal de moments « doom », mais cette fois-ci, il contient plus de passages chaotiques. En tout cas, il est plus agressif !

L’album commence sur « Offerings (The Swarm) IV », mais c’est le quatrième chapitre… Est-ce que vous pouvez m’en dire plus sur le concept de l’album ? Qu’en est-il de l’histoire ?

Chuck : L’album commence au chapitre IV. En fait, nous avons organisé la tracklist en fonction du « flow musical ». Après, si les fans veulent la réarranger en fonction des chapitres, ils peuvent le faire. Néanmoins, je trouve que la tracklist actuelle correspond.

John : Après, les fans peuvent se faire un autre avis sur l’opus, en fonction de l’ordre des morceaux. Et c’est plutôt cool, notamment pour nos « die-hard » fans, à qui l’on donne plusieurs façons d’écouter notre album.

Comment procédez-vous pour composer ? Vous avez beaucoup de morceaux. Comment les sélectionnez-vous ? Y a-t-il des critères de sélection ? Vous est-il déjà arrivé de refuser certains morceaux car ils ne nous correspondent pas ?

Chuck : Cela ne nous dérange pas de sortir des sentiers battus et d’apposer de nouvelles influences et nuances à notre musique. L’idée est que ces morceaux se fondent bien avec le reste de notre catalogue. Parfois ça marche, parfois, non. Il faut que ça soit naturel et, jamais, nous ne nous forçons. Avant toute chose, il faut que l’ensemble soit honnête par rapport à ce que nous sommes. Après, il n’y a pas vraiment de limites dans ce que nous faisons. Ce qui ne marche pas n’est pas voué à fonctionner en fin de compte. Au contraire, nous gardons les idées qui ont une raison d’exister ! Nous ne sommes pas du genre à nous dire : « nous devons faire quelque chose de différent, donc faisons quelque chose de différent ». Ce n’est pas comme ça que ça fonctionne chez Incantation.

John, quels sont les sujets abordés sur ce nouvel album ?

John : Je pense que Chuck est plus apte à répondre à cette question vu que c’est lui qui écrit les paroles.

Chuck : Tu veux dire, le concept ? En fait, l’album évoque une histoire en lien avec la magie et les rituels, sur le fait de devenir une divinité éternelle. Chaque morceau est une nouvelle étape dans ces rites et conduisent l’homme à devenir un dieu ! La première vidéo, « Concordat (The Pact) I » – que nous avons sortie pour la promotion de l’album – aide à se faire une idée de la chose. On y voit un individu signer un contrat avec une sorte d’entité supérieure. C’est pour cette raison qu’il s’agit du premier chapitre.

Ces derniers mois, Incantation s’est envolé pour l’Australie. Est-ce que vous pouvez me parler des moments phares de cette tournée ?

John : Chuck était là pour la tournée sud-américaine, mais pas en Australie. Malheureusement. À cause du travail… En ce qui concerne la tournée latino-américaine, elle était tout simplement géniale ! Et je pense que Chuck pourrait aussi bien t’en parler que moi.

Chuck : Oui, c’était tout simplement fantastique. Nous étions avec Crypta et avons eu l’opportunité de visiter des villes dans lesquelles nous ne nous étions jamais produits avant. Après ça, nous avons continué avec Deicide et Kataklysm… Le fait de voir Deicide proposer un show « old-school » basé sur Legion, c’était vraiment génial !

Que pouvons-nous souhaiter au groupe désormais ? Partir en tournée prochainement ?

Pour le moment, il n’y a pas de tournée de prévue… Nous allons faire en sorte d’embarquer en tournée au printemps 2024. On verra. Ça fait un moment que nous ne sommes pas allés en Europe en dehors de la saison estivale, donc on aimerait bien que cela se fasse ! Bien sûr, nous sommes en pourparlers pour jouer dans le cadre de festivals d’été, on verra !


Incantation, c’est :

John McEntee : Guitare, chant

Kyle Severn : Batterie

Chuck Sherwood : Basse

Luke Shively : Guitare

Discographie :

Onward to Golgotha (1992)

Mortal Throne of Nazarene (1994)

Upon the Throne of Apocalypse (1995)

Diabolical Conquest (1998)

The Infernal Storm (2000)

Blasphemy Full-length (2002)

Decimate Christendom (2004)

Primordial Domination (2006)

Vanquish in Vengeance (2012)

Dirges of Elysium (2014)

Profane Nexus (2017)

Sect of Vile Divinities (2020)

Unholy Deification (2023)

#TPAMU – Rush On Mars

Régulièrement, une formation des Hauts-de-France viendra se présenter et parler de son actualité. C’est le principe de notre rubrique Touche Pas à Mon Underground. Désormais, vous n’aurez plus aucune excuse pour ne pas les soutenir et ne pas les voir en concert ! Cette fois-ci, nous avons laissé la parole à Rush On Mars.

Une rubrique proposée par Chris Kilmister


« Rush On Mars est composé de quatre membres, à savoir Nathan Dartevert (Chanteur/Guitariste Rythmique/Trompettiste), Dimitri Janiak (Guitariste Lead), Thomas Rateau (Bassiste) et Arthur Debary (Batteur et choeurs). Avant notre formation actuelle, le groupe existait sous un autre nom Prisma”, formé par Dimitri et Thomas (alors à la batterie), qui ont eu l’occasion de faire une seule prestation publique. Après cela, ils se sont liés à Arthur, un ami batteur avec qui ils ont déjà eu l’occasion de partager des moments musicaux dans la salle de musique du lycée, et Nathan, ex-chanteur de son groupe de lycée (Hook n’ Studs). Nous sommes donc tous des potes de là-bas, partageant des inspirations variées et une énergie commune.

Ce n’est qu’après le lycée que nous avons eu notre formation définitive et que l’on commençait à répéter régulièrement. “Rush On Mars” fait écho à la thématique principale qui commence à être mise en place au fil de nos morceaux. C’est une référence au fait que l’Homme cherche inlassablement à explorer l’espace, actuellement vers Mars, plutôt que de régler, avant toute chose, les problèmes terrestres. Nous imaginons donc une civilisation inspirée de la notre fuyant une Terre en déclin pour se réfugier sur Mars dans le but d’interpréter de manière fictive et avec pas mal de science fiction, ce à quoi l’Humanité pourrait être confronté dans un futur proche. “Rush on Mars”, c’est aussi un symbole, un nouveau départ, pour le monde, et pour le groupe.

Concernant la composition, souvent, l’un de nous a une idée plus ou moins construite que l’on travaille et arrange ensuite ensemble. Chacun des membres participe plus ou moins à la composition, et l’écriture des paroles est organisé par ceux qui ont l’inspiration. Nos morceaux ont un point de vu assez pessimiste car le but de cet EP (et de l’album qui suivra) est de mettre le doigt sur divers problèmes que l’on rencontre au quotidien et qui pousserait à terme l’Homme à fuir : la manipulation des médias, l’anxiété sociale, l’industrialisation de masse, la guerre… Mais pas d’inquiétude, nous aspirons à un avenir meilleur, et nous comptons bien emmener notre public dans les étoiles !

Nos influences vont du Funk au Metal, ce qui constituent un mélange original pour nos compositions : Avenged sevenfold, Rage Against the Machine, Metallica, Iron Maiden, Red Hot Chili Peppers, Greta van Fleet, Jimi Hendrix, Pink Floyd, Ocean Groove, Pogo Car Crash Control, Mass Hysteria, AC/DC… De plus, le jazz est une grande inspiration pour notre chanteur Nathan, qui dès le premier morceau a laissé la trompette envahir notre EP, sur le morceau « Way out ». La trompette a un réel intérêt dans l’univers que l’on cherche à instaurer, et nous tentons de l’utiliser à bon escient, sans en abuser. Elle doit être un instrument clé au sein du groupe, mais rester un plus exceptionnel !

Concernant le thème de “Rush On Mars” basé sur la Sci-fi, de nombreuses œuvres nous inspirent telles que Mad Max, Star Wars, Dune, 1984 (Georges Orwell), Le Meilleur des Mondes (Aldous Huxley), Blade Runner... Sans oublier, notre propre société !

Actuellement nous enregistrons les morceaux qui compléteront notre EP et composeront notre premier album ! Il est justement prévu de sortir un ou deux clips pour annoncer sa sortie. Et pour vous teaser un peu, nous avons enregistré deux morceaux récemment et ils sonnent d’enfer, on à hâte que vous puissiez écouter cela !

Nous allons clore cette saison d’été 2023 avec 2 concerts, d’abord au festival « Le Petit Wood » (Sémeries) le 25/08, puis à la Gare Saint-Sauveur (Lille) le 28/09 à 20h. On espère vous y voir ! »

FB : https://www.facebook.com/rushonmars

ITW – Reject The Sickness

Reject The Sickness se produira le dimanche 13 août prochain dans le cadre de l’Alcatraz Festival. À l’occasion de cette performance et dans l’optique de faire plus ample connaissance, nous avons contacté le chanteur du groupe, Guy.

Propos de Guy (chant) recueillis par Axl Meu

Crédit photo: Moris DC


Salut ! Comment vous portez-vous à quelques jours de votre performance dans le cadre de l’Alcatraz Festival. Que devons-nous attendre de votre part ? 

On a hâte d’y être. Nous avons fourni pas mal d’efforts ces dernières années et nous avons comme l’impression que ce concert sera génial ! Nous avons préparé ce concert comme n’importe quelle autre grosse date : nous avons réfléchi aux lumières et à l’ordre des morceaux qui seront joués. On répète autant que nous pouvons histoire d’être aussi prêt que possible. Aussi, nous allons jouer deux nouveaux morceaux histoire de tâter le terrain et voir la réaction du public. Le concert sera intense, le son vous rentrera dans le lard. Nous allons vous apporter une bonne dose d’énergie.

Le nom de Reject The Sickness commence tout doucement à dépasser les frontières de la Belgique. Pour ceux qui ne vous connaissent pas encore, est-ce que tu peux présenter le groupe ? Quelles sont vos principales sources d’inspiration ?

Reject The Sickness existe depuis 2010. Nous sommes cinq dans le groupe et notre musique aborde des sujets en lien avec une jeunesse désabusée. On y parle aussi de sujets en lien avec la maltraitance, l’automutilation, le fait d’être mis à part et toute forme d’abus. Les thématiques se positionnent quelque part dans les recoins les plus sombres de la psyché humaine. Musicalement parlant, Reject The Sickness condense des éléments de Death Metal mélodique, de Thrash Metal et de Metalcore. 

Pour le moment, nous avons trois albums et deux EPs à notre actif. Nous avons ré-enregistré notre premier album en 2022 et notre deuxième cette année… 

Votre dernier opus en date, While Our World Dissolves (2021) vous a permis de franchir de nouvelles étapes. Est-ce que vous pourriez résumer en quelques mots l’idée derrière cet opus. 

La musique de Reject The Sickness vient du cœur. Zoran (guitare) et Jonas (basse) ont rejoint le groupe en 2018… J’ai composé le dernier opus avec Zoran. Il a vraiment apporté quelque chose en plus à l’identité sonore du groupe. À l’époque, la musique du groupe était plus basée sur la mélodie. Là, les rythmiques du groupe sont désormais plus incisives ! Reject The Sickness est fort de sa propre esthétique musicale et nous sommes assez fiers de le dire ! 

Avez-vous commencé à composer le quatrième album ? Où en êtes-vous actuellement dans le processus de composition ? 

Nous allons bientôt nous lancer dans le processus de création du quatrième album. Pour commencer, nous allons proposer des idées brutes et ensuite, on verra. Nous allons prendre le temps et nous ferons le nécessaire pour créer la meilleure musique possible. Aussi, pour la production, le mixage et le mastering, nous voulons intensifier notre jeu et viser le meilleur possible. Donc ça nous prendra du temps et beaucoup d’argent. Pour le moment, on ne peut pas dire quand il sortira,… De plus, nous sommes toujours en train de chercher un label ! Nous voulons être sûrs de faire un bon choix. Il se pourrait même qu’il sorte en indépendant… Seul le temps nous le dira !

La Belgique est une terre fertile en groupes de Metal. Lesquels de ces groupes nous conseilleriez-vous ? 

Il y a beaucoup de groupes ici… Pour commencer, je vous conseillerais Acid et Ostrogoth, ce sont des classiques. Ensuite, je pense à Carrion, des amis à nous qui viennent de sortir un album… Ensuite, bien sûr, il y a Evil Invaders, Carnation, Liar, Stab, Temptations For The Week, Mordkaul, When Plagues Collide… Ensuite, pour finir, je citerais Slaughter Messiah, Enthroned, Primal Creation, Devastatiön et Throne of Thorns


Reject The Sickness, c’est : 

Jonas Messiaen : basse

Zoran van Bellegem : guitare

Ruben : guitare

Guy : chant

Jannick Covaert : batterie

Discographie : 

Bloodstained Eyes (EP-2013)

Chains of Solitude (2015)

The Weight of Silence (2018)

The New Chapter (EP-2019)

While Our World Dissolves (2021)