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HELL ÉTAIT UNE FOIS - Motörhead (Poperinge - 1987)

HELL ÉTAIT UNE FOIS ! Le 15 de chaque mois, notre rédacteur SCHNAPS – qui arpente fiévreusement la scène Rock, Metal et Punk depuis des décennies – vous raconte la petite histoire dans la grande, en partageant avec nous ses souvenirs les plus marquants ! Pour ce premier article, il se remémore le concert de Motörhead en 1987 à Poperinge...

Par Schnaps

Aujourd'hui, nous sommes le 25 mars 1987. C'est un mercredi. On peut fumer dans les bars, les concerts, les bars des concerts. On paye en francs et le président, c'est François Mitterrand. J'ai 19 ans, des spikes, des lunettes et un ticket en papier cartonné, rectangulaire, format paysage. C'est un ticket de concert pour Motörhead. C’est la première fois que je vais voir Motörhead. Et ça se passe à Poperinge. De Calais, il y a à peu près 90 km. Je suis étudiant à l'époque, je n'ai pas le permis, je n'ai pas de voiture, mais mes amis Fred et Laurence, eux, sont équipés de tout ça.


Nous voilà partis tels les trois mousquetaires du Hard Rock sur les terres belges, plus exactement en Flandre. Une bonne heure de route en écoutant du Motörhead, AC/DC et tout ça sur l’autoradiocassette. Nous fumons également dans la voiture, puisqu'à l'époque on s'en fout, on a le droit de fumer partout. Nous arrivons sur le parking de ce qui semble être une sorte de foire commerciale. Vous savez, les bâtiments tout dégueulasses qui accueillent la foire au jambon et autres festivités du genre. Mais là, c'est un concert de Hard.


Il y a des gens qui viennent de partout. J'ai déjà fait quelques concerts mais là, je sens qu'il y a une autre ambiance et je sais que la soirée ne va pas être comme celles que j'ai déjà connues.


La 4L est garée, nous filons vers l'entrée. Il y a une file assez longue, on doit attendre au moins 5–6 minutes avant d'arriver au checkpoint de la sécurité. Je constate qu'il y a pas mal de Hells Angels de chaque côté de la file, en fait ce sont les gars de la sécu. Évidemment, me revient en tête la fameuse nuit d'Altamont en 1969 où un Hells Angel responsable de sécurité d'un concert des Rolling Stones a poignardé un jeune spectateur. Je me dis : pourvu que ça ne m'arrive pas.


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Nous rentrons dans la salle, je me fais déjà remarquer avec mes spikes, puisque, à l'époque, tous les hardos ont des cheveux longs, et je suis le seul qui a un look de Punk. On vient me voir, notamment quelques bikers, en me disant : « Ben alors, gamin, qu'est-ce que tu fais là ? » En effet, gamin, puisque j'avais une tête très poupine à l'époque, j’étais glabre. Arrivé au bar, un autre biker commence à blaguer un peu avec moi, comme il a vu les slogans peints sur mon Barbour du genre « À bas l'armée », « Ni flic ni patron », il me charrie un peu là-dessus. Moi, j'ai quelques a priori plutôt négatifs sur les Hells Angels mais là je le sens bien.


Quelques secondes après, on me tape sur l'épaule, je me retourne et là je lève la tête, il y a un énorme skinhead. Il faut savoir qu'à l'époque les skins sont très très violents et très fachos. Il commence à brailler en flamand, je réponds en français qu'il aille se faire foutre. Mais lui, il a très bien compris le français. Il a décidé de me casser la gueule. Mais c'est sans compter mes nouveaux copains, mes copains motards de l’Enfer qui arrivent et me déplacent vers l'autre bar.


Entre-temps, j'ai perdu de vue mes collègues. La sono crache du Twisted Sister, Plasmatics, Metallica et tutti chianti avec un volume très très élevé, un son assez dégueulasse, mais bon, on s'en fout, 19 ans, on ne va pas commencer à faire la gueule. Quelques minutes après, les skinheads se repointent et me réinvectivent. Donc là, je me dis : je vais y aller, je vais en cogner un, puis après je me ferai massacrer la gueule par les autres, mais au moins, ça sera avec classe et panache.


À ce moment-là, il y a un petit bonhomme, c'est le plus petit de tous les gars qui sont dans la salle, il est aussi large que haut, en fait on dirait un cube. Il a l'air vraiment très méchant, il a des cheveux longs, et il est brodé Président sur son perfecto. Donc c'est le Président du chapitre des Hells de la région. Il dit un truc en flamand aux trois connards tondus. Avant que j'aie pu comprendre quoi que ce soit, j'entends un grand boum boum et je me rends compte qu'en fait le biker, le président, se retrouve par terre en train de se faire cogner par les trois mecs.

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Donc je m'interpose, je pousse un des skins qui se pète la gueule par terre. Le mec que j'ai poussé gueule « Hitler ! » et une dizaine d'autres connards déboulent et commencent à nous cogner. Et là, en un instant, une fraction de seconde, il y a une sorte de nuée de bikers qui arrivent, ils sont plus nombreux que les affreux. Un véritable carnage se déroule devant moi.

Cris de douleur, insultes, coups de casque de moto, quelques poings américains fracassent des mâchoires et des nez. Le président finit à coups de talon le visage d'un des gars qui avait entamé les hostilités.


S’ensuit une scène digne d’un film de John Woo ou de Tarantino. Les néonazis sont tous au sol et sont traînés par le bas de leur pantalon jusque dehors, donc ça laisse des traces de sang un peu partout sur le sol. C'est assez bizarre comme ambiance. La foule était assez agitée, assez bruyante jusque-là. Actuellement c'est calme. Même le mec de la sono coupe le son. Et pendant quelques minutes, il flotte un drôle de parfum dans l'atmosphère, une drôle d'ambiance.


Ça sent aussi le sang et l’urine. Oui, vous avez bien lu ce que j'ai bien écrit, durant la baston, une baston de gala, une rixe au Ritz, des vessies ont lâché. Toujours pas de nouvelles des potes, mais heureusement j'ai retrouvé mes lunettes qui avaient volé dans la mêlée. Ben oui, j'ai participé à la distribution de mandales, le lendemain mes mains seront en grève. Puis, d'un seul coup, résonne une musique d'intro et c'est Onslaught qui démarre les hostilités.


Comme je vous l'ai dit – ah, on me dit dans l'oreillette que j'ai oublié l’introduction du présent texte – je ne vais pas vous parler du concert en lui-même, qui était monumental. C'est le retour de Phil "Animal" Taylor derrière la batterie. Enfin, à la batterie, derrière la batterie, évidemment, il est derrière. Quoique ça dépend du point de vue, parce que si tu es derrière lui, il est devant les fûts. Bref, c’était la tournée Orgasmatron. Je suis dans un bon jour, je vous file la setlist d'enfer à la fin de ce texte.




J’ai passé tout le concert avec mes gardes du corps, parce que pour le coup, c'était vraiment incroyable. Le fait que je sois intervenu pour sauver un des gars, ça m'a valu d'être upgradé dans leur estime. J'ai été rincé à la bière et au Jack toute la soirée, d'autant plus que j'avais donné mon surnom. Les aventures de Schnaps ne sont pas terminées, je retrouve mes copains. À l'époque, le truc, c'était simple : on se mettait à droite de l'entrée quand on sortait, et puis on attendait les copains, parce qu’évidemment, il n'y avait pas de portable, il n'y avait pas Internet et tout ça.


Sur la route du retour, que se passe-t-il ? Il y avait les douaniers à la frontière. Des douaniers qui passent une heure à fouiller le véhicule dans lequel il n'y a pas grand-chose à part des mégots de clopes et 3–4 capsules de bière. Ils ont bien entamé la pauvre Renault 4 GTL. Faisant chou blanc, ils en ont marre. Ils nous ont laissés en plan comme ça sur le parking des douanes. À la lueur du briquet – pas de portable = pas de torche de portable – nous avons essayé de remonter les garnitures de porte qui étaient sur le sol et qui avaient été bien saccagées par les douaniers. Peine perdue, les tôles en plastique sont déposées dans le coffre.


Enfin, je suis rentré dans ma piaule pour un gros dodo.

Voilà, c'est tout.


SET LIST - MOTÖRHEAD Le 25 mars 1987

Iron Fist

Stay Clean

Nothing Up My Sleeve

Metropolis

Doctor Rock

Deaf Forever

Ace Of Spades

Steal Your Face

Bite The Bullet

Built For Speed

Ain’t My Crime

No Class

Orgasmatron

Motorhead

Killed By Death

Rappel : Overkill


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