ITW - Psykup
- Axl Meu
- il y a 8 heures
- 7 min de lecture
Partisan d'un Metal hybride, Psykup est revenu sur le devant de la scène avec un opus particulièrement puissant, The Joke Of Tomorrow, premier sur lequel chante Matthieu Romarin. A deux semaines de sa parution, nous avions rencontré Julien Casarino, son compositeur/guitariste/chanteur, et voici ce que nous nous étions dit.
Propos de Julien Cassarino (chant, guitare) recueillis par Axl Meu
Après la sortie d’Hello Karma!, Psykup s’est séparé de son chanteur, Matthieu « Milka » Miegeville. Ce qui aurait pu mettre à mal la promotion de l’album, mais non. Est-ce que tu peux revenir sur cet épisode et sur l’arrivée de Matthieu Romarin ?
C’était une période assez complexe. À cela, il fallait aussi ajouter le COVID... La sortie de l’album avait été retardée, il aurait dû sortir en 2020… Tant pis, nous l’avons sorti coûte que coûte. Matthieu est arrivé et il a eu très peu de temps pour bosser les morceaux, trois semaines avant la première date, il me semble. Le Festival 666. C’était un beau défi, et les gens ont vite adopté Matthieu ! On a pu défendre l’album comme il se doit sur plus de trois ans, jusqu’en novembre 2024.
Je me souviens de ce passage remarqué avec Pogo Car Crash Control à The Black Lab !
Super date, en effet ! Ça s’est très bien passé entre nous tous ! Eux, ils ont amené les jeunes et nous, les plus vieux, plus « Metal Old School » ! On a beaucoup de références communes avec les Pogo Car Crash Control : Nirvana, Slayer… Donc, ça colle bien ! On avait déjà joué ensemble une première fois et, voyant que le courant passait pas mal, on avait décidé de caler cinq autres dates ensemble un peu partout en France. Parmi elles, cette fameuse date à The Black Lab ! D’ailleurs, on rejoue avec eux très prochainement !
Parlons de The Joke Of Tomorrow, le premier opus de Psykup avec Matthieu Romarin au chant. Qu’a-t-il apporté concrètement à cet album ?
C’est un opus très particulier pour lui : on avait déjà sorti un single entre-temps « Happy Sad », uniquement disponible sur les plateformes. Nous ne l’avons pas intégré à l’album… C’était juste un morceau transitoire, ayant pour simple vocation de présenter Matthieu au public. Quand est venu le moment d’écrire les voix pour cet album, nous avons convenu avec lui qu’il ne les écrirait pas pour l’instant. Avant, on partageait tout et cela se faisait mutuellement. Il est parfois difficile d’intégrer un groupe qui a trente années d’expérience… Cela dit, j’ai pris en compte son style tout essayant de le sortir de sa zone de confort et de lui proposer des choses qu’il n’aurait pas faites avec son ancien groupe, Uneven Structure. J’aime beaucoup ce qu’il a proposé sur l’opus : un côté très « Metal ».
Oui, ça s’entend dès le premier morceau de l’opus, « I Will Let You Down ».
Oui, il apporte un côté plus « dark », plus « moderne », plus « metal »… Il a une personnalité un peu plus sombre et ce que j’aime particulièrement bien, c’est que ça a creusé le spectre entre nos deux voix. On a vraiment des cris très éloignés : on a créé un démon très large, avec un spectre très large, lui très grave, moi, très aigu.

"The Joke Of Tomorrow est un album qui appelle à accepter la perte, à accepter l’échec, la déception, la Mort… Toutes ces choses qui font partie de la vie."
The Joke Of Tomorrow parle d’abnégation et de résilience. Comment sont apparus ces sujets ?
On s’est un peu recentré sur l’origine du nom du groupe avec cet album. « Psykup », ça voulait surtout dire « la psyché vers le haut ». On a toujours défendu ce côté : « il faut avancer ». Mais avec l’âge… Ce n’est pas forcément facile d’aller de l’avant. Ma sœur a eu une tumeur au cerveau au moment-même où j’écrivais cet opus et elle s’en est sortie : mais ça m’a fait relativiser beaucoup de choses sur la vie, sur ma vie… Il y a des gens qui se plaignent pour pas grand chose pour finir : elle a fait preuve d’une résilience remarquable, surtout qu’elle a réussi à retrouver ses capacités. Elle perdait le langage, l’écriture… Elle aurait pu y rester. Ça m’a secoué. Ça, plus les claques qu’on a prises avec le groupe ces dernières années, ça m’a vraiment secoué.
Hello Karma! parlait plutôt de l’état du monde. Là, c’était plutôt « comment supporter toute la merde qu’on reçoit dans la gueule à longueur de journée ». Il suffit d’ouvrir la télé pour le comprendre : il y a de plus en plus de dépressifs, de suicidaires, de suicide, de malveillance… C’est un album qui cherche à faire comprendre que la solution, c’est l’humour : on a toujours fait preuve de second degré et ça aide à traverser les choses. The Joke of Tomorrow est un album qui appelle à accepter la perte, à accepter l’échec, la déception, la Mort… Toutes ces choses qui font partie de la vie. On peut décevoir des gens, être déçu par des gens, accepter de mourir, accepter le fait qu’on est malade : cette bipolarité est vraiment en nous. On a un côté « fun », mais il y a des choses qui m’ont blessé et sont restées là et qui sont traumatisantes. Et j’en suis resté là. Aujourd’hui, les musiques tristes plaisent beaucoup, mais ce n’est pas notre créneau : on peut traiter de sujets douloureux avec humour. On n’est pas Ultra Vomit, ni à la Landmvrks, on se retrouve plutôt au milieux…
Le troisième morceau s’intitule « Rise and Fall and… »… Rise ?
Oui, voilà. Ça parle de ça : on va tomber, on va se relever, on va tomber, on va se relever… Il n’y a pas de fin : les gens qui restent au sommet toute leur vie, ça n’existe pas. On peut se planter, et ce sont ces épreuves qui nous construisent. Personnellement, tous mes échecs de ma vie m’ont donné une leçon et je ne vois pas forcément ça comme des échecs… Qu’en tirer ? Il y a toujours des périodes où on s’apitoie sur son sort, mais la vraie question, c’est « Que tirer de tout cela ? » pour ensuite, ne pas refaire la même erreur. On dit « seul un fou plante un clou au même endroit ». On essaie de ne pas faire les mêmes erreurs. Il nous est arrivé de faire des mauvais choix, de s’être mal entouré. À titre personnel, je pense que j’aurais pu faire les choses différemment. Et finalement, à ce jour, je trouve que The Joke Of Tomorrow s’approche le plus de la vision que j’ai eue en lançant Psykup. Pour une fois, je suis entièrement content du résultat.
Vous avez sorti un clip pour le morceau « Same Player ». Peux-tu en revenir ? Il me semble que vous vous êtes entourés de Nicolas Leroy, réalisateur entre-autres, du clip « L’Enfer des Dieux » de Mass Hysteria pour ce clip…
C’est aussi lui qui s’est occupé du clip du morceau « Le Train Fantôme » d’Ultra Vomit. On avait déjà travaillé avec lui pour le clip « Lucifer Is Sleeping », présent sur l’album précédent. Quant à « Same Player », c’est le premier clip qu’il réalise en « pixel art », alors que c’est un domaine qu’il maîtrise très bien ! À côté, il travaille dans le pixel art, mais aussi dans l’animation. Après avoir composé ce morceau, on a vite pensé qu’il serait cool d’avoir un clip en pixel art. Je ne savais pas que Nico faisait aussi du pixel art, donc je lui ai simplement demandé s’il connaissait quelqu’un qui pourrait le faire… Il s’est jeté dessus avec plaisir ! Ça a vite « matché » !
J’ai mis des références cinématographiques et lui, des références « geek ». J’étais gamer jusqu’à mes 16 ans… À l’époque, moi, c’était la NES, la Super NES, la Playstation… Après j’ai décroché. C’est un univers assez fou ! On voulait apporter des références qui allaient rappeler des souvenirs à certaines personnes. C’est amusant : ce titre illustre bien le concept de se relever encore et toujours. L’autruche, elle en prend plein la gueule, mais elle se relève encore et toujours ! À la fin, elle sort du monde « jeu-video » pour se retrouver dans la vraie vie.
Le morceau éponyme, « The Joke Of Tomorrow », arrive à la fin de l’album. C’est le titre le plus calme de l’album. C’est la touche « calme » de l’album…
C’est un morceau qui est assez risqué, car très différent du reste de l’album. Je l’ai vraiment pensé comme une balade année 90, comme il y en avait dans les groupes de Metal dans les années 90, un peu comme Faith No More. Là, on est vraiment dans la balade radiophonique. Quand j’ai proposé le morceau aux autres, ils ont kiffé et on l’a fait très sérieusement. Déjà, la phrase, « The Joke Of Tomorrow » est une référence directe à H. G. Wells, l’auteur de L’Homme Invisible, La Guerre des Mondes, La Machine à Explorer le Temps… Il avait dit cette phrase : « The Crisis of Today is the Joke of Tomorrow ». C’est une phrase qui m’a beaucoup aidé à des moments où je n’allais pas bien. Ce qui est horrible aujourd’hui, on peut en rire demain. Il y aura toujours des moments de bas : c’est un appel à l’humour, à la décontraction, mais aussi à l’apaisement. Ce titre est aussi une référence à un autre morceau de Psykup « The Crisis of Today » (Ctrl + Alt + Fuck, 2017). Déjà sur ce morceau, je disais « The crisis of today is the joke of tomorrow…). J’ai voulu un morceau apaisant, calme… Peut-être poussera-t-il les fans à remettre l’album ?
Psykup, c'est :
Julien Cassarino : voix, guitare
Brice Sansonetto : batterie
Julian Gretz : basse
Matthieu Romarin : chant
Dorian « Dod » Dutech : guitare
Discographie :
Le temps de la réflexion (2002)
L'Ombre et la Proie (2005)
We Love You All (2008)
Ctrl+Alt+Fuck (2017)
Hello Karma! (2021)
The Joke Of Tomorrow (2025)