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LIVE-REPORT - Pogo Car Crash Control + Grandma's Ashes (Le Grand Mix - Tourcoing)

Le Grand Mix de Tourcoing a connu une soirée électrique le 8 octobre dernier. L’affiche, pourtant simple sur le papier, annonçait deux des formations les plus vibrantes de la scène rock alternative française actuelle : Grandma’s Ashes, trio féminin de stoner hypnotique, et Pogo Car Crash Control, quatuor adepte du punk garage sans filtre.
Deux univers contrastés mais complémentaires, réunis pour une soirée où tout sonnait juste : la sueur, le son, la lumière et l’envie collective d’en découdre.

Par Antoine Souchet / Crédit photos : Axl Meu (retrouvez plus de photos sur nos réseaux sociaux)

Grandma’s Ashes composée d’Eva au chant et à la basse, Myriam à la guitare, et Elise à la batterie, ouvre le bal dans une atmosphère déjà dense. En première partie de Pogo Car Crash Control, elles sont venues présenter et défendre leur nouvel album intitulé Bruxism, sorti le 24 octobre dernier. Grandma’s Ashes, c’est ce genre de groupe capable de construire un mur sonore tout en y laissant passer la lumière. Leurs riffs sont massifs, et la voix d’Eva dégage une douceur presque désarmante. Ce contraste crée une tension continue, un équilibre fragile entre apaisement et explosion. La scénographie accompagne cette impression avec des chaînes suspendues qui descendent du plafond. On a presque l’impression d’assister à une expérience, dans lequel, le Grand Mix devient le temps de ce concert, une salle de rituels où les sons s’étirent et s’entrechoquent. Les morceaux s’enchaînent avec une fluidité impressionnante. Le trio ne surjoue rien : tout repose sur la cohésion et l’intensité intérieure. Le public, d’abord silencieux, écoute attentivement avant de se laisser totalement happer. Leurs compositions trouvent un écho fort dans la salle, entre headbangs lents et concentration quasi religieuse.


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Le temps de se remettre du passage des Grandma’s Ashes, les techniciens s’affairent à installer le matériel des Pogo Car Crash Control. Puis la lumière se tamise. On distingue alors les silhouettes des quatre Parisiens, projetées en ombres chinoises sur la toile. Un jeu de lumière simple mais redoutable d’efficacité qui accompagne les premières notes instrumentales de « Cerveau mort ». On reconnaît les postures, les instruments, cette tension avant la tempête. Puis, d’un coup, le rideau tombe. Les amplis crachent leurs premiers souffles tel un coup de poing bien envoyé. La batterie attaque, la basse vrombit, et le Grand Mix s’embrase instantanément.
La scénographie de Pogo Car Crash Control reste très minimaliste : juste ce kabuki tombé au sol, et une grippe suspendue au-dessus de la scène — clin d’œil à la pochette du nouvel album, bref, le ton est donné. Rien n’est décoratif : tout est symbole, tout est énergie !


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Negative Skills, leur quatrième album sorti au printemps dernier révèle sur scène toute sa puissance. Là où les enregistrements studio affichent une énergie contenue, le live libère totalement les morceaux. Les riffs gagnent en ampleur, les refrains deviennent vivants. Le public ne tarde pas à répondre. Les premiers rangs bouillonnent, les épaules s’entrechoquent, les sourires se multiplient. Le pit prend vie, oscillant entre pogos légers et sauts désordonnés.
Le son, puissant mais précis, remplit la salle sans l’écraser. On sent la maîtrise du groupe, forgée par des années de scène. P3C, comme on peut aussi les appeler, n’est pas là pour répéter son album, mais pour le transformer en une véritable expérience physique. Le public connaît déjà plusieurs titres issus du nouvel album, scandant les paroles comme des slogans. Entre les nouveaux morceaux, le groupe en profite pour ressortir quelques grands classiques issus de leurs albums précédents. On peut reconnaitre par exemple « Déprime Hostile », « Cristaux Liquides », « Recommence à Zéro », « Qu’est-ce qui ne va pas ? », « Tête blême ». On retrouve cette même alchimie entre le son abrasif, les textes désabusés et une énergie profondément humaine.


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Le quatuor dégage même une impression de cohésion rare. Chaque membre a sa place, son rôle, sa prestance. Olivier, le chanteur-guitariste, mène la danse, entre regard intense et en interaction avec le public. À ses côtés, la guitare rythmique de Simon déchire tout comme une véritable machine de guerre prête à détruire tout sur son passage, tandis que la batterie de Louis maintient la tension sans jamais s’essouffler. Les guitares, nerveuses et tranchantes, se répondent dans un équilibre millimétré. Et puis il y a Lola, la bassiste du groupe, qui vient poser sa voix sur plusieurs morceaux du nouvel album. Le contraste entre son chant clair et la rugosité du son donne une nouvelle profondeur à la musique de P3C.


Ce qui frappe, c’est la fluidité du set ; tout s’enchaîne comme un moteur bien entretenu. Ils cherchent à conserver la tension sans jamais la relâcher. La scène devient leur propre terrain de jeu, leur champ de bataille, leur exutoire. Ils se laissent d’ailleurs aller à quelques improvisations, rendant chaque morceau unique. Rien n’est figé, tout évolue au fil du set. La batterie s’enflamme, la basse vrombit, les guitares s’étirent en larsens maîtrisés. Le moment surréaliste du concert restera sans doute le wall of death improvisé entre proprios et locataires. Le groupe propose cette division absurde du public. Les deux camps se font face, prêts à charger. Le signal part : la collision est aussi joyeuse que désordonnée.
C’est exactement ça, l’esprit de Pogo Car Crash Control : un punk lucide, parfois ironique, mais toujours fédérateur. Loin de la posture agressive, le groupe choisit le second degré et la complicité. Le pit devient un espace d’expression, un exutoire collectif où la rage se transforme en plaisir. Les musiciens eux-mêmes participent, voir encouragent. C’est une communion totale, brute et sincère. Le dernier morceau du concert, « J’ai grave le seum », monte en intensité afin de terminer ce set sur une dernière bagarre bien énergique. Le public, rincé mais heureux, acclame longuement le groupe. Le concert se termine dans une atmosphère d’euphorie tranquille, cette sensation rare d’avoir vécu quelque chose de vrai et de beau. Le groupe a prouvé qu’il savait allier rage, humour et rigueur, tout en restant fidèle à ses valeurs : la sincérité, la spontanéité et la puissance collective.

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Entre la poésie brute de Grandma’s Ashes et la tornade punk de Pogo Car Crash Control, cette soirée au Grand Mix de Tourcoing a offert un panorama fidèle de la nouvelle scène française : audacieuse, intense et terriblement vivante. Les deux formations, chacune à leur manière, ont prouvé qu’il existe encore des artistes capables de transformer un simple concert en véritable expérience sensorielle et humaine. Le public, lui, ne s’y trompe pas. Il ressort trempé et épuisé, mais surtout conquis !


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