DANS TON ART #3 - Rotting Christ (Pro Xristou)

Le premier de chaque mois, notre rédacteur Flavien Minne vous raconte la petite histoire des artworks qui ont fait les grands albums, voire les grands groupes. Ce mois-ci, à l’occasion de la sortie du Blu-Ray 35 Years Of Evil Existence - Live In Lycabettus de Rotting Christ (sortie prévue le 12 décembre chez Season Of Mist), il s’est penché sur la pochette du dernier album studio des Hellènes, Pro Xristou, qui est en fait une des grandes œuvres du Romantisme américain.

Par Flavien Minne

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Le 24 mai 2024, les frères Tolis et leurs deux acolytes sortent leur quatorzième album studio : Pro Xristou (Avant Le Christ). Un album-concept décrivant la vie politique et religieuse avant l’avènement du christianisme. Pour illustrer ce dernier, il fallait une œuvre forte. Sakis jette son dévolu sur un tableau de Thomas Cole.

Thomas Cole voit le jour le 1er février 1801 à Bolton, en Angleterre. Après avoir reçu quelques “enseignements” en dessin, il suit sa famille en Amérique alors qu’il n’a que seize ans et s’installe à Steubenville, dans l’Ohio. Finissant sa formation auprès d’un peintre nommé Stein, il essaie le portrait sans succès, s’orientant alors vers le paysage.
 Au fur et à mesure de la vie, la famille Cole déménage à Pittsburgh, puis à Philadelphie pour, finalement, trouver un point d’ancrage à New York, où la carrière de Cole décolle vraiment. En vendant quelques toiles, il peut effectuer un voyage le long du fleuve Hudson jusqu’aux montagnes Catskills. Il tombe sous le charme des lieux, y ouvre son atelier en 1827 et crée la Hudson River School. Entre 1829 et 1832, Thomas Cole traverse l’océan Atlantique, voyage en Europe et découvre le Romantisme de Turner, Constable et les œuvres du Lorrain.

Contrairement au Classicisme, le Romantisme en peinture (qui s’est développé de la fin du XVIIIe jusqu’à la fin du XIXe siècle), se caractérise par une liberté de la touche du pinceau et du mouvement, et porte son intérêt sur la nature tout en abordant des thèmes actuels et dramatiques. De ce courant artistique, on connaît bien sûr Le Radeau De La Méduse de Géricault, La Liberté Guidant Le Peuple et La Mort De Sardanapale de Delacroix.

De retour sur les rives de son cher fleuve, Cole peint, de 1833 à 1836, entre autres, cinq œuvres d’une série appelée Le Cours De L’Empire, qui devaient décorer le tour de cheminée du mécène Luman Reed. On y retrouve L’État Sauvage, L’État Pastoral, L’Apogée, La Destruction et enfin La Désolation. Thomas Cole s’éteindra en 1848, à la suite d’une pneumonie, à seulement 47 ans. Il laisse derrière lui environ cent cinquante œuvres exposées essentiellement aux États-Unis, mais aussi au Louvre. Comble de notoriété, le quatrième mont des Catskills porte désormais son nom.

Mais revenons à nos Grecs : la pochette de Pro Xristou est précisément La Destruction, probablement inspirée par le sac de Rome par les Vandales en 455 après Jésus-Christ. Tous les codes du Romantisme y sont présents : sous un ciel de tempête allégorique, on y voit la statue d’un héros décapité (posant tel Le Gladiateur De Borghèse, exposé au Louvre) surplombant un paysage de désolation : un pont détruit, des colonnes brisées, des morts jonchant le sol, sous la percée des envahisseurs venus de la mer et pillant le port.

Si l’œuvre de Cole est sortie de son contexte, elle convient néanmoins parfaitement à celle de Rotting Christ, illustrant ainsi la conquête du christianisme, souvent faite dans la douleur et le sang, effaçant ainsi toute trace des traditions dites païennes qui rythmaient la vie des Grecs avant l’époque paléochrétienne. Allez, on ressort Pro Xristou, on admire cette pochette, tout en écoutant, par exemple, « Like Father, Like Son » , déjà un classique qui a été repris par le public lors de la visite de Rotting Christ à The Black Lab.