Dans nos conversations régulières, on évoque souvent l’Alcatraz Festival, festival d’abord intimiste, devenu une référence européenne au fil des années. Aujourd’hui, l’événement courtraisien peut s’aligner avec les autres festivals ayant lieu durant l’été, à savoir le Summer Breeze, le Party San et même le Wacken Open Air : il faut dire que la politique du festival est à l'expansion avec aujourd'hui ses quatre scènes et sa programmation toujours plus garnies. Et dire qu’il y a encore dix ans, le festival ne disposait que d’une seule scène et se déroulait sur deux jours... Et pourtant, malgré tout, l’Alcatraz Festival n’a pas perdu de son côté « famille » et a réussi à faire le plein, malgré la programmation d’AC/DC à Dessel le même week-end !
Par Axl Meu / Crédit photos : Moris DC (retrouvez plus de photos sur nos réseaux sociaux !)
Bien sûr, tant de groupes à l’affiche, ça fait rêver : Amon Amarth, Paradise Lost, Saxon, Satyricon, Europe, Watain, Opeth… Ça fait tourner la tête. Mais à moins d’avoir une santé d’Enfer et/ou le don d’ubiquité, il est impossible de passer en revue tous les concerts. Et donc, il nous a fallu faire des choix et remettre à plus tard d’autres performances… Aussi, autre inconvénient et pas des moindres. À l’Alcatraz, beaucoup de groupes se chevauchent : il faut faire jouer le max’ de groupes en une seule journée et donc, il était - par exemple - impossible d’enchaîner et de voir dans leur intégralité les concerts se produisant sur la Prison Stage et la Swamp. Le jeu des festivals. Et l’Alcatraz n’est pas épargné par cette politique.
Par Axl Meu / Crédit photos : Moris DC
JEUDI 8 AOÛT :
Comme beaucoup, on arrive sur le site - Le Sportcampus Lange Munte - la veille du grand lancement des hostilités. Non seulement pour retrouver nos amis, mais aussi pour nous imprégner de l’ambiance si singulière du camping. Le camping de l’Alcatraz a la particularité d’être payant (un peu de 20e par tête), mais il assure des sanitaires régulièrement nettoyés et propres : un confort non-négligeable ! Et puisque le camping assure le confort de ses festivaliers, nous apprécions également l’installation d’une boutique éphémère non-loin du bar du camping permettant aux campeurs d’acheter du matériel de camping (sait-on jamais…).
En guise de before, le festival a programmé quelques groupes de cover sous la Swamp : pour s’y rendre, il fallait payer une supplément. Une formule qui n’a pas inquiété les festivals : la soirée affiche complet. Quant à nous, nous profitons de cette soirée « tranquille » pour faire du « shopping », du moins, du repérage au Metal Market et nous imprégner de l’ambiance furieuse qui règne au El Presidio, le bar Metal du festival : des DJ prennent la main les uns après les autres et les fans hurlent à tue-tête les classiques du genre ! Voilà une belle soirée avant le vrai morceau qui commence le lendemain.
VENDREDI 9 AOÛT :
La journée du vendredi 9 août commence timidement avec Dyscordia et Dudsekop, deux formations flamandes visiblement suivies par leurs fans et amis. Dyscordia développe un Heavy Metal progressif bien sympathique et Dudsekop évolue sous la Swamp dans un registre plus sombre : c’est bien sympa, mais ce n’est pas THE claque de la journée. La première claque de la journée viendra un peu plus tard avec les Américains de Skeletal Remains qui, visiblement, ont déjà beaucoup de fans en Belgique. Certes, ils ne révolutionnent pas le genre, mais ont le mérite d’exécuter un Death Metal Old School très exigeant dans la forme, mais assez redoutable : naturellement, Fragments of the Ageless, leur dernier opus en date, est vivement représenté, et nous, nous faisons partie de ceux qui estiment que le quatuor aurait mérité de jouer plus tard dans la journée.
Les choix se bousculent : nous allons voir un peu d’Eclipse, de Mantah et puis, il y a Orden Ogan sur la scène principale qui rencontre un franc succès auprès de ceux qui attendent déjà Amon Amarth : il faut dire que la musique des Allemands est épique et a ce « petit truc en plus » capable de galvaniser les foules entières. C’est vraiment sympa pour passer le temps en attendant Misery Index qui inflige la deuxième claque de la soirée, confirmant alors l’excellente impression laissée lors de leur passage à Lille en avril 2023 : Skeletal Remains, Misery Index : la nouvelle garde du Death Metal est vraiment prête à frapper !
Plutôt que s’attarder sur le cas de Feuerschwanz qui délivre son Power/Folk Metal épique enflammé, à la fois « true » et décalé (il faut quand même le faire, reprendre « Dragostea Din tei » d’Ozone façon Power Metal…), nous nous attardons sur le cas des Casualties qui restent fidèles à leurs convictions : nombreuses sont les crêtes présentes sur place à se déhancher sur les classiques du groupe : « 1312 », « Resistance », « Riot », « Unknown Soldier »… Punks Not Dead ! Nous écourtons notre séjour sous la Helldorado pour rejoindre Sadus qui surfe actuellement sur la vague Thrash « revival ». En effet, après plusieurs années de silence (néanmoins manquée par la réédition de leurs trois premiers albums cultes, Illusions, Swallowed In Black, A Vision of Misery chez Listenable Records), Jon Allen et Darren Travis ont décidé de sortir un album, The Shadow Inside, via Nuclear Blast. On s’attend donc à ce que le show soit à la hauteur cet après-midi, qu’il nous fasse le même effet que Forbidden l’été passé : il n’en fut rien. À la place, les Américains nous servent un concert poussif et non-maitrisé. On s’attendait quand même à mieux… Et à voir les réactions du public, nous n’étions pas les seuls à penser la même chose.
On écourte donc le concert de Sadus pour aller retrouver le « vrai » Cro-Mags, représenté par un certain Harley Flanagan. Souvenez-vous, il existe en fait deux entités Cro-Mags : celle d’Harley et celle de John Joseph Bloodclot, ancien membre du groupe qui a revendiqué le nom du groupe plus tard en 2008, lors d’une réunion sans Harley. Aujourd’hui, Harley est débarrassé de tous ces problèmes, trace son chemin avec ses amis et compte bien redorer le blason de son groupe avec des concerts énergiques, remuants et dignes de ce nom, faisant notamment prévaloir The Age Of Quarrel, disque incontournable adoubé par la communauté Thrash/Crossover. Naturellement, entre chaque morceau, le chanteur/bassiste commentera l’actualité et nous invite à profiter de l’instant présent : des propos qui font bien évidemment écho à ceux tenus par les membres de The Casualties un peu plus tôt dans la journée.
Changement de registre sous la Swamp avec SepticFlesh : ce groupe en « live », c’est un peu tout ou rien. Il faut dire que le bon déroulement de leurs concerts repose essentiellement sur le soin accordé aux arrangements sonores assez exigeants. Et nous avons eu de la chance : les Grecs bénéficient d’un son plus que généreux soulignant toutes les nuances du propos du groupe : grandiose, sombre et symphonique ! L’immersion est donc totale et nous apprécions aussi bien les gros classiques que les petits nouveaux tirés de Modern Primitive. À la prochaine « my friendzzzzz » ! Dans un style quelque peu similaire, nous retrouvons UADA relégué sous la Morgue, la minuscule tente située à l’entrée du festival : un choix de programmation plutôt étonnant, puisque la formation de Black Metal américaine s’était produit sous l’Helldorado il n’y a pas si longtemps. Pourtant, leur réputation n’a pas fléchi pour autant… Ça se bouscule pour, ne serait-ce, apercevoir de loin le gang à capuche de Jack Superchi. À revoir dans de meilleures conditions au Tyrant Fest.
Saxon fait donc son grand retour à Courtrai 7 ans après sa dernière performance sur la Prison Stage. Depuis, la bande de Biff Byford a sorti pas mal d’albums et a même vu son line-up évoluer : Brian Tatler (Diamond Head) occupe désormais la place de lead-guitariste ! En ce qui nous concerne, nous revoyons le groupe un peu plus d’un mois après sa superbe performance au Hellfest Open Air. Certes, le show est moins grandiose à l’Alcatraz, mais il a tout de même le mérite de raviver la flamme du Heavy Metal chez de nombreux partisans. Les Britanniques font tout simplement un tour d’horizon de leurs meilleurs hits : « Motorcycle Man », « Power and the Glory », « Crusader », sans oublier de présenter quelques morceaux du dernier opus : « Hell, Fire and Damnation » et « Madame Guillotine » (Ah… Notre chère Marie-Antoinette…). Saxon, c’est également beaucoup de générosité et une proximité sans borne avec ses fans. Pendant « Denis and Leather » : le chanteur ira jusqu’à emprunter la veste à patchs d’un des festivaliers placé au premier rang ! La classe !
Il est déjà l’heure d’aller voir Paradise Lost sous la Swamp : le combo de Greg Mackintosh et Nick Holmes n’a rien sorti sous le nom de Paradise Lost depuis 2020, mais ils peuvent tout de même se reposer sur une discographie assez conséquente et intéressante. En effet, ce soir, les Britanniques balaient tout simplement une grosse partie de leur catalogue en revenant sur ses moments phares : « Enchantment », « Hallowed Land », « The Last Time », « Embers Fire », sans oublier « As I Die ». Le son est massif, la tente est archi-blindée et Paradise Lost nous font passer un excellent moment.
Après Saxon, c’est au tour d’Amon Amarth de prendre le relais sur la Prison Stage. Et c’est plutôt amusant car les deux formations sont amies : Johan Hegg, le chanteur d’Amon Amarth, chante sur le morceau « Predator » de Saxon, et Biff Byford fait une intervention sur le morceau « Saxons & Vikings » d’Amon Amarth. Alors, on aurait pu croire qu’Amon Amarth appelle leur pote sur scène le temps d’un morceau, mais finalement, non. Le concert d’Amon Amarth est aujourd’hui bien trop calibré et ne laisse que trop peu d’espace à toute forme d’improvisation. C’est principalement ce que l’on retient du concert des Suédois : tout est millimétré : les interventions, les morceaux joués, les nombreux happenings. Bref, la machine huilée, quoi !
En fin de soirée, nous attaquons le concert de Cradle of Filth qui se produit en même temps qu’Amon Amarth (et leur « stupid viking shit » selon Dani Filth. La setlist demeure la même qu’au Hellfest Open Air et au Wacken Open Air et même si les mélodies gothiques des Britanniques nous apaisent l’esprit, nous devons avouer qu’ils nous apparaissent à bout de souffle… Tout comme nous : une bonne nuit de sommeil nous attend avant de reprendre nos aventures sur les terres de l’Alcatraz !
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