Pour sa deuxième édition, le Hell’s Balls Belgium (comprenez Alcatraz Festival Indoor) s’est étendu sur deux jours. Le line-up promettait un excellent week-end avec, notamment, la présence rarissime de Triptykon à deux pas de nos frontières. Retour sur un festival automnal alléchant qui nous a toutefois laissés des impressions contrastées.
Par Fred VDP & Axl Meu / Photos : Moris DC (retrouvez plus de photos sur nos réseaux sociaux)
Trois mois à peine après la dernière édition de l’Alcatraz, Courtrai accueille donc son deuxième festival au sein de l’énorme XPO, juste à l’entrée de la commune flamande. Tout est fait pour rappeler qu’il s’agit bien ici d’une forme"indoor"du grand événement estival, mais sans toutefois le dire clairement : des food-trucks identiques à ceux du mois d’août, le stand de Merch Alcatraz fièrement installé dans le hall d’entrée (qui d’ailleurs ne propose aucun « goodies » du Hell’s Balls), et surtout l’annonce, le matin même, de la suite de l’affiche 2025 de l’Alcatraz Festival qui verra se produire, entre autres groupes déjà annoncés, Kreator, Mastodon ou encore Kerry King !
Le merch des groupes présents ce week-end, situé dans une espèce d’ « Open Space » à l’entrée de la salle, nous met au parfum concernant les prix exorbitants des t-shirts et vinyles dont nous nous habituons, malgré nous, à voir fleurir lors des différents festivals et concerts : 35 euros, prix minimum d’un t-shirt, 40 euros minimum pour un vinyle, quel que soit la carrière et l’aura du groupe. Et que dire du prix des consommations et de la nourriture vendues sur les sites : 6,60 euros pour un cornet de frites ?!
Fort heureusement, d’un point de vue purement musical cette fois, l’affiche est alléchante et l’on se contentera donc de nourriture culturelle tout le week-end.
Si le samedi s’annonce très éclectique, du Thrash au Black en passant par le Heavy, le dimanche est principalement axé sur la scène Stoner/Doom et Hardcore. Soulignons d’abord la place réservée aux formations néerlandophones, une mise à l’honneur que les organisateurs du festival maintiennent au fil des éditions. Ce sont donc trois groupes provenant des Pays-Bas qui se produisent ce week-end : le Death Indus sans prétention de The Monolith Deathcult, le Thrash efficace et énergique de Dead Head, et la découverte du week-end, Heideroosjes, qui va déchainer le public du dimanche, jusqu’ici plutôt pâlot et peu investi par ce qui se passe sur scène.
Pour ce qui est des découvertes, les Belges de Stab, qui ouvrent la journée du dimanche, donnent au festival un bel élan de jeunesse avec leur Hardcore tonique, qui fera même danser les enfants des membres du groupe sur la scène. En matière d’énergie, mention spéciale aux musiciens de Hellripper, le samedi cette fois, qui confirment tout le bien que l’on pense d’eux avec leur Black/Speed ravageur.
Mais revenons au samedi. Après les sets honorables des formations néerlandaises, Wolfheart crée une première sensation en distillant ses mélodies accrocheuses et guerrières. Une belle prestation des finlandais. Tout comme le seront celles de Moonspell et Primordial dans l’après-midi : Moonspell d’abord, dont le sens de la mélodie et des longues phrases lyriques enflamment le public ; puis Primordial dont on apprécie la maitrise de communication avec son public pour un show respectable.
La grosse déception de la journée, pour ne pas dire « arnaque », viendra finalement du seul véritable groupe de Black Metal du week-end : Carpathian Forest. On assiste à une parodie du genre avec des musiciens peu concernés par l’enjeu. Et ça n’est certainement la piètre reprise de « A Forest » de The Cure qui changera la donne. A oublier !
Le trio gagnant du samedi commence par Vltimas qui propose un set costaud avec un David Vincent très classe et au meilleur de sa forme. La formation américaine surprend par son efficacité, les titres du dernier album faisant leur effet sur scène. Puis, aux alentours de 22h, Dark Tranquillity va également nous séduire, comme ils savent le faire à chaque fois, avec leurs titres mélodiques à souhait et une maitrise technique irréprochable de la part des musiciens. Mikael Stanne est un vrai showman et le public est conquis.
Mais la grosse sensation de la journée et du week-end est sans aucun doute la présence de Triptykon. Les suisses vont proposer un set énorme basé autour de leurs deux uniques albums, mais avec un « flash-back » apprécié vers les années Celtic Frost, en proposant plusieurs titres de Into The Pandemonium. Triptykon ravit ses fans, le son est exceptionnel et on reste scotché devant la facilité avec laquelle s’enchainent les titres. La complicité et le respect entre Tom G. Warrior et ses musiciens est évidente, mention spéciale toutefois à Vanja Slajh à la basse dont le jeu nous a fait fondre. De très loin le meilleur set du week-end !
Comme on l’a dit plus haut, le dimanche est totalement différent et les formations présentes se revendiquent plutôt de la scène Stoner/Doom/Sludge et Hardcore. C’est le cas notamment de Pallbearer qui insuffle un vent de fraicheur Doom et reposant sur le XPO, pile au moment de la digestion. Un moment paisible et apprécié après les prestations électriques et énervées de Stab et Murphy’s Law. Baroness et Graveyard assurent tous deux des prestations honorables qui n’emballent cependant pas totalement un public qui a nettement déserté le festival depuis la veille. Sans doute la faute à une programmation trop dispersée ou simplement à une fatigue générale du public Metal ?
Les satisfactions du dimanche viendront de formations ayant déjà fait leurs preuves depuis belle lurette. D’abord la pépite du jour : Slomosa, formation norvégienne qui, bien que n’ayant que deux albums à son actif, amène un vent de jeunesse et de fraicheur qui fait un bien fou. Le set est carré tout en gardant ce brin de folie qui nous avait déjà énormément plu lors du Rock in Bourlon en juin dernier. S’ensuit Cro-Mags, les parrains de la scène Crossover ! Les Américains font le job et ça fonctionne à merveille.
Le set du jour est à mettre au profit des patrons du week-end : Sodom. Les Allemands déroulent un set costaud, truffé de titres légendaires, avec certes une légère fatigue à peine apparente, mais bien dissimulée par le talent des musiciens. Une heure de pur Thrash qui ferait presque figure de curiosité lors de cette journée.
Finalement, c’est Agnostic Front qui, à défaut d’avoir honoré leur contrat à The Black Lab il y a quelques mois, clôt ce Hell’s Balls 2024. Cependant, probablement encore dans l’euphorie du show de Sodom, les Américains peinent à nous convaincre pleinement.
Malgré de très belles performances, un sentiment mitigé nous inonde au retour du week-end à Courtrai. Ne fallait-il pas garder une seule journée afin de fédérer davantage de monde ? Etait-il judicieux de dissocier autant les styles sur les deux jours ? Fallait-il vraiment programmer Sodom le dimanche au beau milieu de formations Hardcore ou Stoner ? Le Hell’s Balls nous laissera repartir avec ces questions sans réponses.