3e journée de festival et 2e pour nous... Comme toujours, le Hellfest démontre son efficacité et la force de frappe de son équipe de bénévoles : le site est d’une propreté à rendre jalouse la ménagère ! Les pelouses sont nickel et promettent un repos bien mérité aux festivaliers. En effet, la fatigue commence à se lire sur les visages même si une partie du public de la veille (plus familial et plus local) a laissé place aux anciens (Iron Maiden joue ce soir !). Côté météo, le soleil est toujours au rendez-vous et on salue d’ailleurs l’autorisation des gourdes, qui ne le cachons pas, représentent un manque à gagner certain pour les organisateurs.
Par Hyass et Axl Meu / Photos : Moris DC (retrouvez plus de photos sur nos réseaux sociaux, Facebook et Instagram)
10h30, l’heure des premiers concerts. Mais avant, nous allons comme la veille, du côté de l’Extrême Market saluer nos partenaires : Les Acteurs de l’Ombre Productions, Les Editions des Flammes Noires et Hate Couture. Comme tout amateur de musique qui se respecte, nous en profitons pour glaner quelques vinyles et autres raretés. Néanmoins, cette année, force est de constater que les collectionneurs (nous y compris) sont restés sur leur faim. Les “vrais” disquaires n’étaient pas légion, laissant souvent leur place à d’autres vendeurs spécialisés : il était possible de se procurer quelques mangas sur certains étals et même des cartes Pokemon (!).
De retour dans l’arène, nous manquons la fin de Nature Morte que nous nous promettons de voir la semaine suivante au Rock In Bourlon (59) et passons notre début de matinée du côté de la MainStage 2 où se produisent les Sudistes de Scarlean. S’ils ont fait paraître Silence l’année dernière, aujourd’hui, ils ont surtout une très belle opportunité de faire parler d’eux ailleurs que dans leur contrée et de permettre à leur Metal alternatif d’obtenir une couverture nationale. Mention spéciale à leur reprise originale du classique de Black, « Wonderful Life », qui a fait fort bonne impression !
Il est presque midi et le soleil tape fort. Direction la Valley qui a désormais des allures de déserts texans : herbe sèche, colométrie ocre et décor tout en bois. Une ambiance aride où une nouvelle installation a été dévoilée par le Hellfest : La Roue de Charon et ses 20 mètres de diamètre de l’artiste américain Peter Hudson. Sur scène, Spirit Adrift fait le show en proposant un concert simple mais efficace, qui rappelle des groupes cultes comme Black Sabbath ou même Kyuss, dans les sonorités et dans l’attitude.
La température ne redescendra plus de la journée, et quand nous nous dirigeons vers la première scène principale, nous apprécions à leur juste valeur les efforts du festival pour nous rafraîchir : plusieurs points d’eau en libre accès, divers espaces « brumisés » et les deux énormes murs d’eau ! De quoi patienter quand Enforcer se fait attendre. Auteurs d’un superbe album, Nostalgia, les Suédois ont, comme le présage le nom de l’opus, le goût de la tradition et nous semblent un peu… nostalgiques ! Les musiciens sont parés de cuirs, les voix sont stridentes et la formule est classique. Elle nous fait d’ailleurs penser à Accept ou même Anvil. On aime beaucoup, bien que le son ne soit pas à la hauteur.
Au même moment, The Dali Thundering Concept déverse son Metalcore sous la Altar et le public est au rendez-vous, bien décidé à se réveiller tout à fait. Il faut dire que les Parisiens savent cultiver leurs liens avec les spectateurs - et surtout avec leurs fans sur fond de communauté - en proposant un set éclair qui impacte sans temps mort. Issus pour moitié de leur dernier LP, All Mighty Men (2021), les titres sont efficaces et tranchants. Et comme tous les coups sont permis au Hellfest, les festivaliers sont même gratifiés d’un tout nouveau titre, “Nobody”.
Nous continuons notre petit tour et nous rendons du côté de la Warzone pour le concert de SpiritWorld (pour qui nous avions eu un coup de cœur lors de son passage à The Black Lab (59) en ouverture d’Agnostic Front en octobre dernier). Pas de réelles surprises donc : les Américains font leur entrée sur scène en mode « Le Bon, La Brute Et Le Truand » - c’est-à-dire avec le chapeau de cowboy cloué sur la tête - et balancent une forme de Hardcore à mi-chemin entre Hatebreed et Slayer. Ça marche ! Nous repartons avec le sentiment que cette formation fera encore parler d’elle à l’avenir.
En parallèle sous la Altar, c’est ten56 qui s’agite. La formation de Aaron Matts (ex-Betraying The Martyrs) a le vent en poupe depuis quelques temps (les panneaux Sacem illustrant le groupe présents sur le site en sont un témoignage) et cela excite notre curiosité. Dès les premières notes, on sent que le groupe en a sous le pied et que ses musiciens ne sont pas nés de la dernière pluie. Leur Deathcore bigarré est rapide, furieux et communicatif. Néanmoins, un certain malaise s’installe parmi une partie des spectateurs : un peu moins de postures archétypes et un peu plus de sincérité auraient été les bienvenus... À revoir dans des conditions moins écrasantes.
Le concert fini, nous filons voir Crowbar devant la Valley. Une prestation que nous pourrions résumer par “The right people at the right place at the right time”. Tout concorde en effet à rendre le moment magique, suspendu dans le temps, alors même que les Américains nous enterrent avec leur sludge lourd et puissant. Avec trois fois rien d’un point de vue scénique, le groupe emmené par Kirk Windstein nous installe dans une torpeur sans égale et l’apothéose se produit quand la pluie se décroche du ciel sur la fin de la dernière chanson du set, « Broken Glass ».
15h, l’heure de notre pause repas. Comme chaque année l’offre en matière de restauration est pléthorique. Du simple snacking à avaler en une bouchée devant les groupes aux assiettes nous faisant visiter les gastronomies régionales françaises et internationales, il y en a pour tous les goûts avec, en prime, des formules VG/Vegan. On note tout de même que la crise est passée par là en termes de prix, mais aussi d’affluence (plus besoin de louper deux concerts pour faire la queue devant un foodtruck). Les festivaliers ont mal au portefeuille cette année et font attention à leurs dépenses !
Ayant pour objectif de voir Iron Maiden dans d’excellentes conditions, nous décidons de rester aux abords des scènes principales : les fans sont déjà bien présents et ne bougeront quasiment plus. Le Death Metal mélodique d’Arch Enemy (que nous venions de voir la même semaine au Splendid de Lille) est toujours aussi rodé. La formation de Michael Amott déchaîne les passions grâce à sa chanteuse, Alissa White-Gluz. D’ailleurs, la majorité du set est consacrée au répertoire de cette dernière, aux morceaux les plus accessibles. Arch Enemy est désormais bien loin de ses débuts : tout est millimétré, peut-être un peu trop, non ? Placements scéniques, solos, interactions, plus rien ne transpire le naturel… En tout cas, les flammes et autres artifices apportent un vrai « plus » au show.
Vient ensuite Steven Wilson et son Porcupine Tree. D’emblée, le grand écran nous conseille vivement de ne pas prendre de photos, estimant que cela nuirait à l’appréciation du show. Après tout, un concert s’apprécie avec les yeux et surtout, les oreilles ! Quant à nous, nous avons vu une formation fascinante qui a le souci du détail : Steven Wilson déroule les partitions Rock Prog de ses morceaux fleuves - tortueux parfois - mais rares et précieux, tels que « Harridan » ou même « Open Car », qui nous ont rappelé un certain Opeth. Tout était alors luxe, calme et volupté... Parfait pour se reposer et méditer !
Le contraste entre Porcupine Tree et Powerwolf est saisissant : les Allemands de Powerwolf en font des tonnes, surtout sur scène. Clairement, tout est ampoulé. Nous avons droit à un énorme decorum, des figurants triés sur volet et surtout des speechs et des flammes en veux-tu en voilà. Bien sûr, les morceaux correspondent aux gimmicks d’une Arena Rock : facilement mémorisables, ils emportent facilement le public (et même ceux qui attendent Iron Maiden). On pensera - au hasard - aux morceaux « Bête Du Gévaudan » (version française du titre « Beast Of Gévaudan »), « Sanctified With Dynamite » et « We Drink Your Blood »… Une belle confirmation pour les fans.
À chaque tournée d’Iron Maiden, son concept. Un an après avoir présenté son nouvel album, Senjutsu, sur scène, la Vierge de Fer revient avec la tournée The Future Past, ayant pour objectif de mêler du vieux et du neuf, en l’occurrence un album phare de sa carrière, Somewhere In Time et donc Senjutsu. Les premières vidéos de la tournée circulant sur le net étaient particulièrement alléchantes : les six Britanniques reprennent des titres tels que « Caught Somewhere In Time », « Stranger In A Strange Land », « Heaven Can Wait » mais surtout « Alexander The Great » (encore jamais joué avant cette même tournée)... et c’est ce à quoi nous avons droit aujourd'hui ! Bien sûr, Iron Maiden fait du Iron Maiden : à chaque morceau, sa mise en scène (on pense à Eddie, la mascotte du groupe, qui se fait littéralement pulvériser par Dickinson en plein concert), sa présentation et son exécution millimétrée. Après 2h de show, on ne peut que féliciter le groupe de continuer à proposer de nouvelles idées à chaque tournée, au lieu de se contenter d’un simple best of.
Direction la Warzone pour Municipal Waste, où nous constatons que Black Flag finit son set dans l’indifférence générale : les musiciens ont dépassé leur temps de jeu d’au moins un quart d’heure et tous semblent être dans un état second. Bref, on s’attendait clairement à mieux de cette légende du Punk américain. Après, Municipal Waste fédère une partie des amateurs de Thrash Crossover avec un set placé sous le signe de la vitesse et de la débauche. L’esprit est à la fête et les Américains sont en terrain conquis : il suffit que Tony Foresta prenne la parole pour que la fosse s’emballe (notamment sur « Wave Of Death »). Si Municipal Waste est un habitué du Hellfest, on peut dire sans hésiter que cette nouvelle prestation est la meilleure jamais livrée par le groupe sur les terres clissonnaises !
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