La saison des festivals est lancée… Et parmi les premiers « gros » festivals « indoor" figurait le Huginns Awakening à Ostende qui nous avait laissé une impression assez mitigée l’année dernière : la restauration sur place était trop légère et surtout, un problème informatique avait entraîné un retard énorme. Les festivaliers s’en souviennent encore : ils avaient dû attendre pas moins d’une heure et demi avant de fouler le préau de l’hippodrome d’Ostende pour assister aux concerts de Exciter, Nervosa, Holy Moses, et Destruction (entre autres).
Bien décidée à ne plus reproduire les erreurs du passé, l’équipe a redoublé d'efforts, a revu son offre et a (pourtant) organisé un événement se tenant cette fois-ci sur trois jours et conviant alors dix groupes de Thrash Metal (et ses dérivés) par jour. L’affiche fait saliver, car on y retrouve le gratin de la scène actuelle : Sodom, Tankard, Crypta, Bulldozer, Crisix, Suicidal Angels, Legion of the Damned, Exhorder (et on en passe). De quoi nous pousser à réitérer l’expérience, à réserver un Airbnb (car il n’y avait pas de camping, à notre grand regret) et à aller vibrer du 9 au 11 mai dernier au rythme du Thrash Metal sur la côte flamande, à quelques pas de la plage !
On arrive dans la matinée et on se rend vite compte des points d’améliorations. L’accès au festival est beaucoup plus fluide, il n’y a pas d’attente pour la pose des bracelets et plusieurs foodtrucks sont mis à disposition sur le site du festival. Parfait. Lors de ce week-end, on soulignera également la ponctualité des groupes et des sets : pas de retard, pas de débordement, tous les créneaux ont été respectés (forçant parfois certains groupes à stopper net leur concert pour ne pas déborder sur le créneau du groupe suivant). Petit bémol néanmoins, le comportement parfois dérangeant de certains festivaliers parfois enivrés, provoquant parfois quelques échauffourées dans le pit (notamment pendant le set de Vulture), et forçant certaines formations à interrompre leur concert en cas d’urgence (notamment pendant le set de Crisix et Suicidal Angels).
Par Axl Meu
JEUDI 9 MAI :
La première journée est surtout axée sur le Crossover/Thrash avec des formations comme Crisix, Insanity Alert et Toxic Shock, mais reste dans la lignée de ce que le festival veut nous proposer : du Thrash sous toutes ses formes. Les deux premières formations à se produire Axident et Scarificator sont locales et l'événement leur a permis de se produire dans de bonnes conditions : Axident reste très classique dans son approche du Thrash, mais maîtrise son sujet. Scarificator, quant à lui, s’éloigne du schéma Thrash habituel avec une musique plus « Death Technique ». Par la suite, une formation plus « underground » prend le relais : Disgrace And Terror qui existe mine de rien depuis 2001. Rien de bien nouveau sous le soleil d’Ostende : la musique de Disgrace and Terror - à mi-chemin entre le Thrash et le Death - nous fait passer un agréable moment et les membres du groupe nous font vite comprendre qu’ils comptent bien profiter comme il se doit de ce week-end amplifié. Du Brésil, nous partons du côté de la Malaisie avec Thrashit… Les gimmicks sont respectés, mais l’ensemble n’est pas toujours carré, ce qui ne nous empêche pas d’apprécier les morceaux tirés de leurs seuls deux albums en date Kaiser of Evil et Chaos of Fear.


On reprend avec Toxic Shock, première véritable claque de la journée. Le combo - sorte de fils bâtard entre Suicidal Tendencies et Municipal Waste - est bien plus dynamique que les quatre autres qui se sont déjà produits sur scène et Wouter Werhaegen va chercher le public dans la fosse allant directement à son contact. Tant d’enthousiasme, ça réveille et cela donne naissance à des scènes particulièrement absurdes : Wouter a coincé mon micro à l’extrémité nord d’infrastructure scénique après l’avoir lancé lors d’un élan de folie. Un concert mémorable, et de un !

Il n’y a que la nationalité qui sépare Toxic Shock et Insanity Alert : les deux formations proposent sensiblement le même style de musique, mais Insanity Alert axe plus son propos sur des histoires délirantes et parodiques. C’est bien connu : Insanity Alert ne se prend pas trop au sérieux, et pourtant, sa musique déménage ! Le set proposé est classique, Kevin Bar multiplie les punchline (cette fois-ci sur les frites belges), introduit ses morceaux lors de longues prises de paroles (notamment pour « Macaroni Maniac » et propose des relectures "fun" de morceaux connus comme « Moshemian Thrashody » (relecture de vous-savez-qui), « Bearless Fiesta » (reprise de « Careless Whisper » de George Michael) et « Run to the pit » (reprise de "Run To The Hills" d'Iron Maiden). Thrash’n’Fun !

On continue avec Cruel Force, formation allemande de Black/Speed Metal, lancée en 2008, mais qui a surtout fait parler d’elle en 2023, en sortant Dawn of the Axe un an après sa reformation. Musicalement, tout est en place, et naturellement, ce sont surtout les dernières compostions qui sont mises en avant. Et malgré une guitare un peu en retrait, nous devons avouer que le concert de Cruel Force fait du bien par où il passe : c’est assez pur et c’est assez pour convaincre les fans d’aller piller le stand merch’ du groupe !

Assassin est un nom qui revient souvent quand on cause Thrash Metal teutonique : ils sont assez cultes en soit, surtout leurs deux premiers opus (The Upcoming Terror, 1987 et Interstellar Experience, 1988) et leurs prestations sont rares. Du line-up original, il ne reste plus que le guitariste, Jürgen Scholz, mais cela ne les empêche pas de proposer des concerts décents, mettant à l’honneur une bonne partie de leur catalogue, comme ce fut le cas ce soir. C’est vraiment sympathique, mais sans réels « happenings ».

Niveau « happenings », on peut compter sur Crisix, nouvelle référence du Thrash européen, capable de fédérer pas mal de monde. Ils sont désormais (un peu trop ?) partout… Et pourtant, les fans en redemandent, toujours et encore. Ce soir, Javi Carrión n’est pas de la partie, mais remplacé, et le concert se déroule naturellement et le groupe déroule sa traditionnelle setlist avec le superbe « Bring’Em To The Pit ». Petit bémol néanmoins, le concert a été interrompu par un incident assez regrettable (un individu dans le public s’est salement amoché : fracture de vertèbre, ça vous parle ?…), ce qui n’a pas empêché le reste des moshers s’éclater sur « Brutal Gadget ».

En guise de dernier concert, Legion of The Damned. Un concert assez classique mine de rien, assez lisse, mais surtout très complet. En 1h15, les Néerlandais balaient une majorité de leur discographie et le font bien. Cependant, ils commencent à se faire tard : neuf groupes après le premier, beaucoup ont préféré partir se reposer tandis que d’autres attendent la fin du concert pour aller festoyer au Twilight où se tient l’after-party du festival.
