SUR LES PLATINES DE LA RÉDACTION - Novembre 2025
- Axl Meu
- il y a 16 minutes
- 6 min de lecture
Une fois par mois, la rédaction vous invite sur ses platines et reviendra sur quelques disques qu'elle a saignés ces dernières semaines.
Par la rédaction
1349
WINTER MASS
Black Metal
Season Of Mist
Les épidémies ont parfois du bon, et, en l'occurrence la Peste Noire et le Covid. Ainsi, 1349 (tirant son nom de juillet 1349, date d’arrivée de la “Grande Mortalité” en Norvège) nous offre Winter Mass, leur deuxième album live après Margot Foetus, teeth Like Thorns de 2009. Les treize titres ont été enregistrés le 20 Novembre 2021 lors d’une prestation au Park Teatret d’Oslo, donc juste après le confinement stricto sensu. Un concert anthologique qui transpire l’envie de jouer de la bande de Ravn, la prise de son unique donnant un rendu authentique et violent. Le frontman, de sa voix rauque, déverse son chant misanthropique, la batterie de Frost est traitée en maître-instrument dominant les riffs et accords de d’Archaon, Destructhor et du bassiste Seidemann. Bien évidemment, nous ne retrouvons pas d’extraits de The Wolf And The King, datant de 2024, mais nous nous délecterons de classiques comme “Cauldron”, “Sculptor Of Flesh” et “Chasing Dragon” de 2004, ainsi que des titres de The Infernal Pathway, tels “Through Eyes Of Stone”, “Dodskamp” et “Striding The Chasm”. Avec une pochette signée Kim Holm, dessinateur spécialisé en concerts, une version cd, vinyle noir et splatter noir et argent, Winter Mass trouvera aisément sa place dans les New Rock placées au pied du sapin.
Flavien Minne
DEMONIST/INFAMIE
THE INFAMISTS
Death/Black
Crypt of Dr. Gore
Enregistrer un « split » nécessite toujours plusieurs critères essentiels afin que la cohésion d’ensemble soit claire, et que l’égalité soit respectée pour tous les artistes. The Infamists remplit toutes les cases, avec tout d’abord une pochette absolument somptueuse signée Laurent de chez Post Mortem, sur laquelle les deux formations, Demonist et Infamie, sont côte à côte, tant au niveau de la mise en page qu’au niveau de la sensibilité musicale. En effet, les deux formations surfent sur un Death Old School caverneux et une tendance Black aux résurgences Speed. Les quatre titres proposés par Demonist et Infamie (deux chacun, tu l’auras compris) proposent une belle palette du talent de chaque groupe : une technique irréprochable, une énergie vocale à couper le souffle, un son massif à la production lourde et surtout l’intelligence de composition qui cherche à surprendre sur chaque accord et sur chaque note. Avec « Thy Mind Turned to Ash » et « Domination Pt.1 », les Nancéiens Demonist t’emmènent dans un univers truffé de cauchemars et de phobies en tous genres ; le trio balance ses deux titres avec une facilité déroutante et un plaisir de jeu évident. De leur côté, les quatre musiciens qui composent Infamie bousculent sauvagement l’auditeur avec “Viral Slaughtering” et “Pleasure of Molestation”, deux titres dans lesquels la formation originaire de la région d’Orléans poursuit avec brio le chemin entamé sur leurs deux précédents EP. Un “split” réussi qui donne envie d’en écouter davantage pour un bel objet qui sort en vinyle 10” limité à seulement 60 exemplaires !
Fred VDP
FALLEN LILLIES
CRAN
Hard Rock / Heavy Rock
Autoproduction
Petite présentation pour ceux qui ne connaissent pas encore Fallen Lillies : Fallen Lillies est un quatuor féminin, originaire de la région de Montbéliard, ayant déjà 2 EP (Fallen Lillies en 2014 et Out There en 2018) et un album (No Master for Lilly en 2021) à son actif. Musique intense, riff puissant, refrains accrocheurs, elles naviguent dans des contrées chères à Girlschool, Crucified Barbara, L7, Maid of Ace, ou encore The Distillers. Leur nouvel album Cran envoie du lourd, c'est explosif, énergique et jouissif, un gros coup de poing dans le paysage Rock français. Autre détail, les textes sont en français et les thèmes abordés sont des plus sérieux : le diktat du corps « parfait », la maltraitance animale, les relations toxiques, les tueurs de masse, l’intégrisme et les violences faites sous couvert de religion, le droit à la fin de vie, ça ne rigole pas.
Avec « Basic Body Shaming », premier titre de l’album, également premier single, on rentre direct dans le vif du sujet, un Rock super burné tendance Punk où la performance vocale d’Hélène est un atout indéniable, comme sur tout le reste de l’album d’ailleurs. S'ensuit neuf titres, sans temps mort, tous plus addictifs les uns que les autres et taillés pour la scène. Les refrains ne demandent qu'à être repris par le public (« Basic Body Shaming », « Plaisirs Amers », « De Chaîne et d'Os », « A la Vôtre »). Elles nous balancent, en pleine face, leur Hard Rock survitaminé avec tantôt un côté un peu plus Metal, tantôt un côté un peu plus Punk, mais toujours avec la même hargne et la même rage. L'album se termine avec « À la Vôtre », un titre plus sympa qui nous dit qu'il y a quand même des moments cool dans la vie, des moments de partage. Produit par Fred Duquesne, le son est puissant, il donne à cet album un côté brut, bref que du bonheur. Ce Cran est tout bonnement excellent, brutal et sans concessions, toutes les chansons s'ancrent bien dans le crâne et plus vous l'écouterez, moins vous pourrez vous en passer. Foncez, vous verrez, vous ne serez pas déçu.
Chris
PSYCHONAUT
WORLD MAKER
Post Metal
Pelagic Records
Avec World Maker, Psychonaut poursuit sa mue et affine un son qui dépasse désormais le simple cadre Post-Metal. Plus introspectif que Violate Consensus Reality, ce nouvel album s’inscrit dans une dynamique profondément humaine : transmission, paternité, perte et reconstruction intérieure en sont les piliers thématiques. On sent un groupe arrivé à un moment charnière de son parcours, autant musical qu’émotionnel. Dès les premières mesures, on reconnait la patte du groupe : riffs massifs, structures évolutives, alternance entre tension brute et relâchement contemplatif. Mais là où l’album frappe le plus, c’est dans sa capacité à respirer. Les passages atmosphériques – portés entre autres par des textures plus organiques, des nappes de claviers et des arrangements soignés – ne servent pas simplement d’interludes, ils participent à une narration globale, pensée comme un voyage. La production, ample mais jamais écrasante, laisse une vraie place aux dynamiques. La batterie reste organique, la basse gagne en présence, tandis que les guitares oscillent entre murs de son et lignes mélodiques plus aériennes. Le chant, souvent à deux voix, renforce ce sentiment de dualité permanente entre force et fragililité. Wold Maker se révèle aussi plus accessible sans être édulcoré. Psychonaut n’abandonne rien de sa profondeur ni de sa complexité, mais canalise mieux ses idées, rendant l’ensemble plus fluide et cohérent. L’album demande une écoute attentive, du temps, presque une disponibilité mentale, mais il le rend largement. Un disque dense, habité, qui confirme Psychonaut comme l’un des projets les plus intéressants de la scène post-metal actuelle, capable de conjuguer puissance sonore et véritable sensibilité artistique.
Antoine Souchet
VOORHEES
4
Death Metal
Fetzner Death records
Sortir un nouvel album le jour d’Halloween lorsqu’on se nomme Voohrees et que l’on voue un culte indéniable aux films gore, et en particulier à Vendredi 13, pourrait sembler pompeux. Pourtant tout est finement calculé de la part de la formation messine, et cet album 4 (entendez chapitre 4, comme dans le film) ajoute une pierre supplémentaire à la gradation cinématographique et grandiloquente dans l’univers de Voorhees. On aurait même presque envie d’argumenter qu’il s’agit là de la meilleure cuvée, pardon…du meilleur épisode d’une série que l’on n’a pas envie de voir se terminer. Les morceaux sont tranchants (le jeu de mots était facile), bien soutenus par une section rythmique qui atteint son point culminant sur des titres aux riffs acérés comme “Pazuzu”, “Be My Victim” ou encore “A Rotting Feast”. Les enchainements harmoniques, sans être exubérants, ont le mérite d’accrocher l’auditeur dès la première écoute, on pense notamment à la surprenante et belle intro de “God Ends Here”. La voix de Chris, rocailleuse et éraillée à la manière de John tardy de Obituary, ajoute à l’ensemble de l’opus un supplément d’âme auquel on ne s’attendrait pas provenant d’un groupe de Death. Mais la recette fonctionne très bien et certains titres comme “Scream Again” et “Voorhees 4” semblent être taillés pour devenir, on l’espère, des incontournables des futures setlists du groupe. Un album largement à la hauteur de nos attentes et qui prouve que Voorhees est devenu une valeur sure de la scène Death française.
Fred VDP
WINGS OF STEEL
WINDS OF TIME
Heavy Metal
High Rollers Records
Les dernières annonces et affiches ne mentent pas : on sera sans doute amené à voir Wings of Steel à plusieurs reprises l’été prochain, notamment dans le cadre du Hellfest Open Air et de l’Alcatraz Festival : une véritable satisfaction pour les amateurs de la nouvelle vague de Trve Heavy Metal qui ont dernièrement fait connaissance avec Winds of Time, le deuxième opus du gang Américain. Peut-être pas original pour un sou, Wings of Steel revient surtout sur ce qui a la fait la gloire du Heavy Metal dans les années 80 : leurs nouveaux morceaux sont perçants, dynamique, et ingénieusement ficelés, de quoi satisfaire les fans de Queensrÿche (époque Operation : Mindcrime), de Crimson Glory ou même d’Iron Maiden. D’abord ouvert par son long morceau éponyme (plus de dix minutes !), Winds of Time distillera ensuite une panoplie de riffs incisifs (voyez en « Saints and Sinners » un « Stand Up and Shout » de Dio, mais en plus rapide !) tout en exprimant plus de lourdeurs sur « Lights Go Out » et d’émotions sur l’ultime « Flight of the Eagle » (avec son air à la « Strange World » d’Iron Maiden) à faire pâlir les guitar-heros en devenir ! Trve Heavy Metal is not dead (yet) !
Axl Meu



