Pour la dernière journée de sa dernière édition, le Huginns Awakening a mis le paquet : Sodom en tête d’affiche, suivi de près par Tankard, Evil Invaders, Crypta, mais aussi Bulldozer et Hellripper. Autant dire d’emblée que cette dernière journée est des trois celles qui a le mieux fonctionné. À notre arrivée, les festivaliers sont déjà en nombre sur le parvis de l’hippodrome, bien déterminés à apprécier comme il se doit cette dernière journée de Thrash Metal.
Par Axl Meu
On commence avec trois formations belges : Death Fury, DevastatiöN et Cobracide. Du côté de Death Fury, rien de bien nouveaux sous le soleil du Thrash. C’est ultra-classique, mais efficace, même si on comprend vite que le chanteur n’est pas au top de sa force. Niveau nuances de style, on préfèrera DevastatiöN et Cobracide qui, coup pour coup, présenteront leur Blackened Thrash Metal. Mention spéciale au chanteur de Cobracide, Jens Hellem, qui incarne superbement l’agressivité et la violence des morceaux tirés d’Inner Aggression (2022), seul EP en date du groupe !
Il n’est pas très surprenant de retrouver Hellripper après Devastatiön et Cobracide. Un groupe de Black/Speed en cache souvent un autre. Et James McBain, tête pensante du projet, est vraiment accueilli comme un héros sur les terres d’Ostende. Présent sur les lieux depuis la veille (notamment à l’alter de la deuxième journée), l’Écossais se sent comme chez lui et le public le lui rend bien. Clairement, la performance du groupe était la première d’une longue série à ne pas manquer : Warlocks Grim & Withered Hags (2023) est défendu comme il se doit, et le leader se jettera même dans le fosse en fin de partie. Bien joué !
La Belgique est une nouvelle fois à l’honneur avec Schizophrenia, figure montante du Death Metal européen, contenant notamment à son bord Lorenzo Vissol qui, souvenez-vous, avait donné son tout dernier concert avec Bütcher lors de l’édition 2023 du festival. Cette fois-ci, nous le voyons œuvrer dans un registre plus « Death Metal » à la Morbid Angel. Et ça tourne. Naturellement, Recollections of the Insane (2022), seul album en date de la formation, est présenté dans sa majorité, mais nous avons également droit à quelques extras’ comme une reprise bienvenue du classique de Slayer « Necrophiliac ». Un an après les avoir vus au Hellfest, nous constatons - une nouvelle fois - que les Belges ont toutes les cartes en main pour franchir de nouveaux paliers.
Première fois pour Crypta sur les terres d’Ostende. Après avoir accueilli Nervosa l’année dernière, l’équipe met cette année la lumière sur Crypta, fondée en 2019 par l’ex-Nervosa, Fernanda Lira. Aujourd’hui, la formation a déjà deux albums à son actif, a déjà tourné un peu partout dans le monde et fait preuve d’une stabilité appréciable (contrairement à Nervosa d’ailleurs…). La performance de Crypta est classique et met en avant un répertoire plus lourd et peut-être plus nuancé que Schizophrenia. Ce sont là deux visions du Death Metal qui s’affrontent, mais pour notre plus grand plaisir. Ça marche !
Par la suite, le culte et il porte un nom : Bulldozer. Les Italiens - que l’on associe comme des précurseurs du mouvement Black Metal et Thrash - se font particulièrement rares et, donc, il n’est pas très surprenant que certains n’aient fait le déplacement que pour les voir (ou même faire le plein de merch’ : les deux t-shirts sont pris d’assaut). Ce soir, la date est un peu particulière puisque les Italiens - portés par le très charismatique AC Wild - joue leur premier album, The Day of Wrath (1985) dans son intégralité. En plus, nous avons même eu droit à une superbe reprise d’ « Overkill » de Motörhead. La classe !
On ne présente plus la formation suivante : Evil Invaders. Souvent, leurs concerts sont mémorables, mais cette fois-ci, ce ne sera pas forcément pour les bonnes raisons. Même si les Speed Metalleux débordent d’énergie, Joe - le leader - rencontre des problèmes de guitare tout au long du gig. D’ailleurs, il l’abandonne même en cours de route et finit même par n'assurer uniquement les parties de chant. Parti pour régler ses problèmes de guitare, le leader laisse à Max Mayhem le soin d’occuper le public avec la reprise surprise de « Witchin’ Hour » de Venom (que le groupe n’avait pas joué depuis un moment !). Bref, cette nouvelle performance nous laisse avec un arrière-goût d’inachevé, mais on sait très bien que ce n’est pas directement du fait du groupe lui-même. À la prochaine.
Tankard ! Enfin ! Des quatre formations qui constituent le Big « Teutonic » 4, Tankard est sans doute celle que l’on voit le moins en concert. Pour des raisons assez logiques en soit : Gerre, le chanteur du groupe, n’a plus la forme de ses 20 ans (il s’est même fait opérer du genoux dernièrement). Cependant, cela ne les empêche pas de sortir des albums, comme Pavlov’s Dawgs en 2022. Ce soir, le groupe est en forme, Gerre, aussi : il prend souvent la parole pour introduire ses morceaux, insiste régulièrement sur la longévité du groupe (40 ans cette année !), et axe principalement son concert autour de classiques comme « The Morning After », « Zombie Attack » et bien sûr « (Empty) Tankard ». Une performance bien sympathique !
On adore Tankard, mais il y a tout de même un écart de classe entre eux qui la jouent « fun » et Sodom a gagné en assurance depuis son passage à la formule « deux guitares » et le retour de Frank Blackfire. Avant le début du concert, une nappe de brouillard de disperse dans la salle et c’est dans une pénombre que les Allemands débarquent dans l’optique de nous en mettre plein la vue. Sodom aussi fête ses 40 ans et donc les plus gros morceaux sont à l’honneur : « Blasphemer », « Napalm in the Morning », « Outbreak of Evil », « Nuclear Winter », « Agent Orange », « Remember The Fallen » et le festif « Bombengel », venant mettre un terme à un excellent week-end de Thrash Metal qui, malheureusement ne sera pas reconduit à l’année prochaine : cette nouvelle édition - bien qu’irréprochable au niveau de la programmation et de l’organisation - n’a pas rencontré le succès escompté. RDV en 2026 alors ?
Comments