Une fois n’est pas coutume nous avons eu la possibilité le 24 Juillet de couvrir un concert aux Etats-Unis, et pas des moindres puisqu’il s’agit certainement de la tournée la plus alléchante qui eut lieu cet été sur le sol américain, Lamb of God & Mastodon - Ashes of Leviathan Tour 2024. Nous assistons à la seconde étape dans l’Etat de Floride, au Orlando Amphitheater. Les deux groupes jouent en co-headline de la tournée anniversaire des 20 ans de leur albums emblématiques que sont respectivement Ashes of the Wake et Leviathan. Votre rédacteur en a encore les yeux tout écarquillés tellement le concert fut ni plus ni moins l’un des meilleurs de sa vie ! Nous vous faisons donc partager ce petit carnet de voyage sauce BBQ !
Par Axl Lang
La veille nous avons reçu un message de la production nous indiquant que les portes ouvrent 1 heure plus tôt que prévu, donc 16h45 mais le planning déjà prévu des transports ne me permet pas malheureusement pas d’assister au concert de Malevolence J’arrive donc aux alentours de 17h45 et à peine descendu de la voiture un américain m’interpelle avec un de ses amis, et me tend un flyer sur lequel est indiqué "Four Reasons to Smile" tout en me demandant si je crois en Dieu. Je comprends vite en voyant son t shirt Lamb of God que ce n’est pas vraiment le Lamb of God que je viens voir et lui répond en souriant que je ne crois pas plus en Dieu qu’en Satan, que je viens pour assister à un concert de Metal et que cette raison est suffisante pour que je sois là ce soir. Il continue son speech durant une trentaine de secondes en me souhaitant néanmoins un bon concert, me serre la main et ajoute que je suis le bienvenu aux Etats-Unis. Le ton est donc donné, je suis bien sur le bon site, un énorme parking rempli de pick-up et surveillé en permanence par des voitures du Sheriff jouxte l’entrée du checkpoint du concert. La sécurité demande plusieurs fois au public qui s’apprête à passer les contrôles de laisser son arme 'guns and knife' dans une boite spéciale et j’avoue que c’est un élément qui d’emblée m’interpelle puisque je ne suis naturellement pas habitué à voir un fan lambda armé se présenter à la sécurité d’un concert … Welcome in USA ! Une fois entré le site du Central Florida Fair qui se dévoile ressemble à un petit open air permanent sur lequel on peut se restaurer sur différents stands de spécialités US et/ou boire un verre de craft locale pour ensuite aller assister à des concerts au Orlando Amphitheater, une arène faite de pelouse dans sa partie inclinée et de béton dans la fosse, le tout bordée sur sa gauche par un lac. Un site donc très sympathique qui me donne encore plus l’impression d’être en festival.
18h00 Kerry King arrive sur scène sous les applaudissements d’un public encore un peu dispersé, mais résolument content de voir l’ancien taulier de Slayer arpenter la scène pour présenter son album solo en compagnie de Mark Osegueda (Death Angel), Phil Demmel (Ex-Machine Head), Kyle Sanders (Ex-Hellyeah) et Paul Bostaph (Ex-Slayer). Je vois en cette date une belle poignée de main entre les 3 groupes puisque Slayer avait embarqué de nombreuses fois Lamb of God et Mastodon en tournée US & EU à l’heure où ces deux formations faisaient encore leurs armes et allaient devenir les groupes majeurs qu’ils sont devenus depuis. Le son est très bon, et les premiers slams et circle pit se dessinent dans une foule grandissante. On sent que les premières notes du groupe ont attiré les gens vers la scène, la formation aux allures de supergroupe enchaine les titres de From Hell I Rise jusqu’à ce que retentissent les premières notes familières de "Raining Blood", le public s’enflamme clairement et il commence à être difficile de tenir en place tellement les mouvements de foule se font ressentir. Kerry King continue sur un judicieux "Black Magic" efficacement exécuté pour se terminer sur le titre éponyme de From Hell I Rise. Une très belle entame de soirée sous un beau soleil de Floride. Je profite du changement de plateau pour aller me restaurer au stand avec de fabuleux chicken tenders « handmade » et des FFF à savoir, Fucking French Fries … à chacun sa fédération !
Le temps de descendre ma High5 IPA (Craftbeer locale très sympa) l’intro de Mastodon se fait entendre et me laisse tout juste le temps de revenir devant la scène pour trouver une place et ne rien rater de ce que le groupe d’Atlanta va réaliser ce soir : jouer Leviathan, son album le plus connu, de bout en bout et dans l’ordre ! Autant vous dire que pour quelqu’un qui considère cet album comme une pierre angulaire, et qui en connait ses moindres recoins, l’expérience va être intense et mémorable. Le show démarre donc sur "Blood and Thunder" devant un public beaucoup plus nombreux et compacte que pour le set précédent, dès le début les fans chantent en cœur le refrain "White whale / Holy grail !" à vous en mettre des frissons d’intensité, le groupe évolue sur une scène constituée de quartes écrans LED qui permettent de diffuser de superbes animations consacrées à l’univers de Leviathan, et se déplacent sur une plateforme reprenant les aspects graphiques de l’album sorti en 2004 chez Relapse Records, c’est franchement réussi d’autant que nous avons le droit à un ajout judicieux en live : le clavier, instrument résolument présent dans leur albums studio mais que je n’avais jamais vu en live, un atout dans ce concert puisque l’instrument fera le lien entre chaque chanson ne laissant aucun vide durant leur set.
L’incroyable "Island", titre ravageur et rarement exécuté live met tout le monde d’accord, la brochette Hinds / Sanders / Kellhier semble être dans sa meilleure forme et Brann Dailor (batterie) arbore un sourire permanent qui en dit long sur le plaisir qu’il prend à rejouer tous ces titres exhumés pour cette tournée unique en son genre. De Iron Tusk à Hearts Alive le concert file à vitesse grand V, la nuit commence à tomber et les notes de Joseph Merrick jouées par Brent Hinds se font déjà entendre sonnant la proche fin du set. Mais non c’est avec surprise que le groupe allonge une triplette incluant More than I could chew / Circle of Cysquatch / Steambreather. Le batteur toujours aussi content explique au public que cette tournée ils en ont souvent parlé mais qu’ils ne pensaient pas que cela serait possible avec les emplois du temps chargés de chaque groupe et en particulier en période de festivals en Europe. Nous n‘aurons cependant pas eu droit au gigantesque Cysquatch qui arpente la scène sur le reste de la tournée, la faute à une entrée latérale de scène trop petite, c’est dommage car les photos que j’en avais vu donnait vraiment envie.
La scène de Lamb of God est en montage et le public commence déjà à se préparer, on sent que même si Mastodon est en co-headline, c’est Lamb of God qui attire une majorité du public, en effet ici Lamb of God c’est un peu comme Pantera à la grande époque, c’est un culte, les fans vont de l’ado accompagné de sa famille de Metalleux de père en fils/filles, de la bande de pote qui vient assise dans la benne du pick-up ou du commercial qui sort du bureau pour prendre une claque avant de rentrer chez lui. Ici les groupes jouent tôt et il ne fait pas tout à fait nuit quand Lamb of God arrive sur scène à 20h40, le set démarre sur "Laid to Rest", premier titre de Ashes of The Wake qui sera joué également dans son intégralité.
Comme pour Mastodon la plupart des titres ne sont plus joué en live depuis longtemps et on peut se rendre facilement compte de la puissance significative de cet album où chaque titre fait mouche. On retrouve les 4 écrans en fond de scène qui affichent les oiseaux symboliques de l’album, de même la batterie arbore une tête d’oiseau dorée avec une balle dans le bec, c’est très réussi et prouve que la tournée a été réfléchie et produite à l’américaine. Le public est déchainé, ça chante, ça slamme, ça pousse, je suis au quatrième rang environ et un mouvement de foule de l’arrière me propulse au second rang directement, il fait chaud, la météo, le taux d’humidité et la pyrotechnie n’arrangeant pas la chose le public semble reprendre son souffle comme entre chaque exercice d’une session de sport.
Les titres s’enchainent, Randy Blythe harangue la foule, "We are Lamb of God and we come from fucking Virginia" … au cas où nous ne le saurions pas encore avant d’entamer un monstrueux Walk with me in Hell, chanté en cœur par les fans toujours aussi motivés et certainement surprotéinés ! Le set se termine justement sur un autre titre significatif du groupe et de l’événement à savoir : "Redneck"
Je dois avouer être allé à ce concert avec une certaine curiosité et impatience d’un point de vue européen et avoir rarement autant ressenti une attitude aussi bienveillante de la part du public ou des personnes en charges de la production et de la sécurité. Mention spéciale à Mark, un fan avec des bras comme mes cuisses qui m’a permis de tenir en place le temps que je puisse faire quelques photos cadrées pour ce report. Ce n’est pas la première fois que je voyage aux Etats-Unis et en particulier en Floride, donc je sais que les gens y sont plutôt accueillants mais c’est la première fois que je participais à un véritable concert dans des conditions en plus de festival comme on peut en voir chez nous, ce fut une bien belle expérience autant musicale que sociétale et une date qui restera longtemps comme l’une des plus vivante de ma vie.