Après la pause due à la pandémie, le Rock Hard Festival a retrouvé son rythme de croisière en 2022. Pour cette nouvelle édition, nous sommes de retour dans l’amphithéâtre de Gelsenkirchen pour trois jours de fête métallique dans un cadre idyllique. Le festival ne change pas. Il garde sa taille humaine, sa scène unique et ses parfaites commodités. L’idée d’y retourner est très plaisante tant on est loin de la pression folle des grands festivals.
Par Franck Lasselle / Crédit photos : Moris DC
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Pour des raisons pratiques nous n’avons pu assister aux deux premiers concerts du 26 Mai.
Tout commence pour nous avec Holy Moses. La légende du Thrash allemand a entamé une tournée d’adieu et le public blinde l’amphithéâtre. D’entrée de jeu, avec "Deaf Con II", le ton Thrash colle au mur. Sabina hurle avec énergie avec un ton proche du Death et seul un solo mélodique permet de souffler. Au détour d’un speech Sabina, véritable pionnière du genre depuis le début des années 80, évoque son amour du Thrash à l’ancienne. Avec "Panic", le groupe cartonne sans faire de quartiers. La chanteuse savoure un très bel accueil et est bavarde. Avec "SSP", "Near Dark" et "Invisible Queen", on savoure un ton Thrash direct avec des chœurs et des refrains efficaces. Le tout se plaçant dans l’esprit originel du genre avec des soli abrasifs et un chant hurlé décapant. "Cult Of The Machine" et "Nothing For My Mum" ne font pas de quartiers en forme de claque brûlante. Sabina semble émue de l’accueil puis quand la musique repart elle se donne à fond. "World Chaos" ou "Undead Dogs" sont tranchantes et confirment la forme de la formation. "Finished With The Dogs" réserve une belle surprise avec la présence d’Andy Classen, guitariste originel de la formation. Cela donne un tourbillon Thrash avec des soli de haute volée qui remuent la foule. Le final avec "Life’s Destroyer" et "Current Of Death" est parfait en forme de claque dans la tronche. Holy Moses a cartonné et a été à la hauteur de sa réputation. S’il doit vraiment dire stop après cette tournée il pourra être fier de ce joli final.
Avec Vicious Rumours, le festival accueille un vénérable nom du Power Thrash. Porté par Geoff Thorpe depuis le début des années 80, la formation américaine n’a jamais su franchir un cap, mais elle s’accroche. Depuis 2022, elle a Ronny Monroe au micro et le public est bien présent pour l’accueillir. Après une longue intro instrumentale le groupe se lance avec "On The Edge". Le gros son et le rythme intense font effet, Monroe est parfait avec son ton Heavy Thrash. Il se dégage un côté mélodique sympathique dans les riffs et soli et cela donne un début idéal. "Abandonned" et "Only Live Twice" confirment. Le côté abrasif fait effet avec un ton rapide costaud. Là aussi la mélodie se fait une bonne place grâce notamment à un Monroe au ton à la fois puissant et mélodique. L’ambiance est chaude avec un Monroe qui communique avec le public de manière sympathique. "Digital Dictator" cartonne dans un registre Power Thrash avec un refrain énorme. "Ships Of Fools" est un bon titre épique plus mélodique qui montre un Monroe royal sur un refrain efficace. "Six Stepsisters", "Strange Behavior" ou "Down To The Temple" confirment avec éclat la santé de la formation. Le ton thrash fait effet avec des mélodies bien mises en avant. "Hellraiser" fait mal avec une intensité énorme. Monroe salue les fans et fait un tabac. Le final s’entame, "Soldiers Of The Night" et "March Or Die" sont parfaites avec des riffs rapides et mélodiques et des refrains irrésistibles. Après une présentation des musiciens sympa le concert se termine avec "Don’t Wait For Me" qui achève la foule. Vicious Rumors a fait plaisir avec cette prestation fraîche et mordante. Il a prouvé qu’il gardait une forme olympique.
Avec Benediction, c’est un autre vénérable qui s’avance. En matière de Death pur et dur les anglais font partie de ceux qui comptent aux côtés de Bolt Thrower, Obituary ou Grave. Le public est chaud et l’ambiance festive. Après une intro sombre, "Divine Ultimatum" lance les hostilités. Le son est énorme, le ton épais et gras droit venu des ténèbres. La voix rugueuse fait effet et l’intensité dégagée décoiffe Le groupe va rapidement enchaîner et balancer des missiles taillés dans un vieux Old School Death Metal. "Iterations Of I", "Scriptures In Scarlet" et "Vision In The Shroud" sont des charges portées par un chant de gargouille impressionnant. La violence est jouissive avec une technique de haute volée amenée par le duo Rew/Brookes. L’antique "Unfound Mortality" est une claque avec un Ingram au ton caverneux parfait. Les perles s’enchaînent. "Nigthfear", "I Bow To None", "Agonised" et "Progenitus Of A New Paradigm" sont redoutables de méchanceté. Le rythme est énorme et chacun apprécie la leçon death. Avant The Grotesque le batteur Giovani est mis à l’honneur et il va bastonner ses fûts sur un titre fabuleux de force. Le final est lancé et "Jumping At Shadows" et "Subconscious Terror" cartonnent. "Foetus Noose" est encore plus rapide et achève une foule heureuse de l’impact. "Stormcrow" est dédicacée à Tom Warrior de Triptykon et dépouille avec un refrain énorme et un ton Death appuyé. Le trio composé de "I", "The Dreams You Dread" et "Rabid Carnality" est parfait en forme de tarte taillée dans un Death majestueux. Benediction a été grand, il a proposé un concert riche et confirmé qu’une certaine idée du Death demeurait très pertinente.
Il reste un gros morceau pour achever la journée. Avec Triptykon, le festival a réussi un gros coup tant la formation suisse se fait très rare. Pour ce concert, Tom Warrior et ses camarades proposent une setlist bâtie sur les débuts de Celtic Frost composée de titres des deux premiers EP et du premier album dans un pur esprit Death/Thrash occulte. La foule est dense devant la scène pour ne rien rater de cette messe mystique. L’intro "Danse Macabre" donne le ton. La sensation de descendre vers les enfers est totale. Puis avec "Into The Crypts Of Rats", le concert démarre fort. Tom hurle comme un fou, le rythme est intense avec un côté cru barbare. Le groupe fait parfaitement ressortir la sauvagerie de l’époque devant un public en feu. La suite avec "Visions Of Mortality" et "Dethroned Emperor" est tout méchante. Tom a tout d’un prédicateur des ténèbres et ses compères abattent un boulot énorme rendant grâce au line-up de l’époque. Tom salue la foule et rencontre un franc succès puis "Morbid" Tales claque tout le monde. Cru et bestial, le titre est une pure leçon Death Thrash à l’ancienne qui fait effet. Derrière, les classiques ancestraux vont s’enchaîner pour le plus grand plaisir d’un foule heureuse de ce retour dans le temps. Avec "Procreation", "Nocturnal Fear", "Circle Of The Tyrants" ou encore "Suicidal Winds" et "The Usurper", le groupe plonge droit dans les années 80. On ressent la force de l’époque dans chaque riff, chaque parole éructée par Tom avec un côté brutal sans pitié. Chaque leçon a une fin et elle va être violente. "The Usurper", "Dawn Of Megiddo" et "(Beyond The) North Winds" achèvent sans faire de quartier dans le même ton brut et cru. Chacun en aurait bien repris une couche mais l’heure de fin est atteinte, le festival ayant un couvre feu strict à 23h. Triptykon a été grand. Porté par un Tom Warrior fascinant et lugubre, il a parfaitement rendu hommage à un âge d’or et à un son culte, il a donné le frisson tout le long d’une fascinante prestation.
Cela achève une belle première journée en forme de parfait tour de chauffe avant une suite qui s’annonce bouillante et délicieuse.
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