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Photo du rédacteurAxl Meu

Backstage - Lucas Vangheluwe (l'Ouroboros)

Peut-on mêler le théâtre et le Black Metal ? C'est la question que s'est posé Lucas Vangheluwe de la compagnie L'Ouroboros pour son projet de fin d'études au Conservatoire de Lille, en proposant un Hamlet revisité, celui d'Heiner Muller, qui aborde le thème de la distanciation, thème cher au cœur de notre interlocuteur. Rencontre.

Propos de Lucas Vangheluwe recueillis par Céline De Beer-Wozniczka et Elise Formanczak

 

25 ans et déjà à la tête d'une compagnie foisonnante, peux-tu nous la présenter ?

Alors L’Ouroboros est une compagnie de théâtre Armentiéroise fondée en 2020 où l’on défend un théâtre accessible et poétique. Cela fait trois ans que l’on existe et l’objectif est de mélanger les pratiques professionnelles et amateurs. Nos artistes sont les professeurs de nos ateliers. Le plus important est de créer du lien entre les personnes qui aiment le théâtre, que cela soit en amateur ou en professionnel. Nous avons créé deux spectacles, un spectacle très jeune public « Illuminez », et un conte musical tout public « Ecorce ». On peut dire que L'Ouroboros est ma partie la plus poétique. Celle que je retrouve tous les jours depuis trois ans maintenant et que je partage avec une équipe de choc pour faire découvrir le théâtre au plus de monde possible.


Pour ton projet de fin d'études, tu as choisi de présenter Kongeriget Danmark. Au centre de ta pièce, un personnage tourmenté mais attachant, qu’est Hamlet. Qu'est ce qui t'a plu dans l’adaptation d' Hamlet Machine d'Heiner Muller ?

Hamlet Machine, je dirais que c’est un peu l’autre penchant de mon côté artistique. L’Ouroboros c’est Dr.Jekyll et ce projet c’est Mr. Hyde. Je suis tombé amoureux de cette langue très crue, qui ne prend pas de pincette pour raconter des choses terribles. Je pense notamment à un passage où Hamlet parle de la relation entre sa mère et son oncle sur le cercueil du défunt mari. C’est une langue glaçante et sombre qui colle parfaitement au personnage d’Hamlet. Je suis aussi un grand fan des classiques. De par ma formation littéraire, j’ai toujours été fasciné par ces œuvres qui ont traversé le temps. Je suis assez fasciné par la mort et Hamlet est la première œuvre qui m’a vraiment touché sur ce sujet. Il y a tout dans cette pièce écrite il y a maintenant 400 ans, et elle reste encore d’actualité. J’ai par la suite, en travaillant sur Hamlet, découvert la réécriture d’Heiner Muller. Il avait compris la pièce et l’avait réactualisé à sa manière, dans son contexte socio-historique (post-seconde guerre mondiale). Je pourrais sans doute continuer sur tout ce que j’ai aimé sur cette réécriture, mais il faut que je laisse les spectateurs découvrir cette langue.


Grand fan de Metal et de Black Metal plus particulièrement, la pièce est abordée comme un concert avec pour trame de fond la musique Black Metal, née en Scandinavie. Comment as-tu pensé le parallèle entre le Black et Hamlet ?

Comme vous le dites de manière très simple, Hamlet est le prince du Danemark, en Scandinavie et pour moi, c’est la terre du Black Metal. De plus, il y a tous les symboles médiévaux du Black qui colle parfaitement avec le contexte historique d’Hamlet. Les thèmes abordés dans Hamlet (la folie, la mort, le deuil, la recherche de l’identité) sont des thèmes omniprésents dans le Black Metal. En faisant les liens, j’avais l’impression d’ouvrir la boîte de Pandore et que le lien entre le Black et Hamlet était évident.


Crédit photo : Loic Warlop


Quels sont les groupes qui t'ont influencé ?

Je pense que l’une de mes premières inspirations est Satyricon. J’adore le groupe. La prestance de Satyr sur scène m’a beaucoup marqué. Je pense aussi à leurs pochettes d’album, leurs thèmes notamment dans Dark Medieval Times. Une autre de mes inspirations est Regarde Les Hommes Tomber pour leur énergie et leur travail avec les jeux de lumières sur scène. Il y a Ghost aussi pour le côté grand spectacle que je trouve fascinant. Mais je pense que ma plus grosse inspiration vient d’Amenra, je les ai vus en concert après avoir déjà joué Kongeriget Danmark et j’ai eu l’impression d’assister à ce que j’avais créé autour d’Hamlet. Colin H. Van Eeckhout (Amenra) est d’une certaine manière la voix d’Hamlet. Comme le personnage, presque tout part du décès de son père. J’ajouterai aussi que j’ai beaucoup été inspiré par leur travail sur l’atmosphère du live, le fait d’aller au delà du concert, dans une forme performance artistique. Il y a beaucoup de convergence entre Amenra et Kongeriget Danmark, c’est pourquoi je pousse toute mon équipe à venir les voir au Tyrant Festival. Je pense que c’est une expérience à faire et j’aimerais créer la même chose avec la pièce. La pièce est un seul en scène avec comme personnage principal, Hamlet, dirigeant sa propre vie, star de son groupe, se battant avec ses démons...


Comment as-tu construit l’esthétique et la scénographie de la pièce ?

Je me suis fondé sur une scénographie de concert. La différence, c’est que les musiciens sont des mannequins blancs. Ils contrastent avec Hamlet qui est tout en noir et salit les mannequins blancs en les touchant. J’ai aussi beaucoup construit autour de la lumière. Il y a des ruptures de chaud et de froid, on passe des contres aux faces avec des douches entre. La lumière est l’appui pour permettre de suivre l’esprit d’Hamlet tout en restant dans le même espace : la scène de concert.


Il y a un travail particulier sur la distanciation, notamment avec la phrase «Je ne suis pas Hamlet». Qu'as-tu voulu envoyer comme message ?

Cette phrase est une des dernières de la pièce et est à mettre en écho avec la première phrase : « J’étais Hamlet ». Selon moi, c’est le chemin de pensée de ce chanteur qui joue Hamlet. Hamlet, c’était son nom de scène en tant que chanteur du groupe Kongeriget Danmark. Un groupe qui selon moi a connu beaucoup de dérives extrêmes. Au début, on retrouve ce chanteur qui, pendant la pièce, revit son sombre passé pour à la fin s’en affranchir, mais en gardant de nombreuses cicatrices.


Actuellement sur un format plutôt court, as-tu le projet de retravailler ta pièce sur un format plus long et la faire tourner ?

Carrément ! Ce projet court n’est qu’une mise en bouche ! J’ai dû le faire court parce que c’était la contrainte de l’examen, mais je réfléchis déjà à une forme d’1h - 1h30. On va partir à la chasse aux résidences et à la vente du projet pour essayer de le faire tourner et partager cette rencontre inédite entre Hamlet et le Black Metal.


Site internet : L'Ouroboros (www.louroboros.fr)


Crédit photo : Charly Augais

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