LIVE-REPORT - Alcatraz Festival 2025 (Partie 1)
- Axl Meu
- il y a 3 jours
- 7 min de lecture
Il nous a fallu un petit moment pour redescendre : l’Alcatraz Festival a beau porter un tel nom, nous avons eu du mal à quitter les lieux le dimanche 10 août dernier. Il faut dire que l’on s’est rarement aussi bien sentis au bagne de Courtrai : une météo clémente, une programmation diverse et variée, capable de parler aux amateurs de musiques amplifiées "mainstream" et aux amateurs aux goûts plus pointus, un camping bien entretenu où il fait toujours bon vivre (sacrées animations)… À cela, ajoutez une proximité évidente avec Lille (nous sommes à un peu moins d’une demi-heure de Lille), et vous obtenez sans doute le meilleur festival de l’Eurométropole Lille-Kortrijk-Tournai !
Pour la dixième édition d’affilée, l’équipe d’Heretik Magazine était sur place pour couvrir l’événement : une décennie au cours de laquelle nous avons vu l’événement évoluer, sans pour autant oublier son âme et sa taille humaine. En quelques chiffres, l’Alcatraz Festival, c’est aujourd’hui 55 000 festivaliers sur quatre jours, 110 groupes répartis sur quatre scènes (la Prison Stage, la Swamp, la Helldorado, la Morgue), sans oublier son bar El Presidio animé par plusieurs DJ !
Par Axl Meu / Photos : Moris DC (retrouvez plus de photos sur nos réseaux sociaux)
JEUDI 7 AOÛT :
Nous arrivons à Courtrai aux alentours de 13 heures… Quelques amis nous ont réservé un bel emplacement de camping, déjà pris d’assaut à partir de 8 heures au matin ! La soirée du jeudi qui ne faisait que l’objet d’un « before » prend désormais plus de place. Autrefois consacrée à des groupes de reprises, cette première soirée fait désormais jouer des groupes de compositions, en plus de ces fameux « cover-bands » : Motorheads, The Belgium Quo Band, Ramones Alive et les très amusants Frog Leap.
Avant d’assister aux premières performances, nous en profitons pour prendre la température sur le site, visiter les stands de merch’, désormais plus variés (on appréciera la présence du disquaire normand Epidemia Records !)… Plusieurs nouveautés sont à souligner : la section « merch' groupe » et « merch' festival » ont désormais chacun ont leur endroit dédié : pour se procurer le merch’ du festival, il faut désormais se rendre au El Hongo situé à proximité de la nouvelle et imposante tour « station radio » animée par Studio Brussel… Et pour se reposer, le festival a aménagé un espace détente La Hacienda, où il est possible de se poser sur un transat sous le regard protecteur de Bouddha !
Un petit hommage à Ozzy sur les bâches disposées à cet effet, et nous attaquons la programmation Thrash Metal proposée sur la Helldorado : Warbringer, Exhorder, Evil Invaders et Overkill sont à l’affiche. La petite scène, quant à elle, a permis aux groupes de Thrash/Black belges de s’y produire : Stung, Sister May, Keaker, Ancient Rites, Violent Sin… Dernier groupe cité - fortement influencé par Mortal Sin et Living Death -, que nous avons pris un réel plaisir à voir présenter son Speed Metal porté par le Marquis Morbidus. De l’autre côté, Warbringer propose un set classique, mais puissant… Evil Invaders, que l’on a (trop) l’habitude de voir à Courtrai, nous offre un set classique, sans réel enjeu (nous avons d’ailleurs hâte que les Anversois travaillent sur la suite de Shattering Reflection qui date déjà de 2022...).

Nous n’épiloguerons pas sur la performance décevante d’Overkill (qui avait annulé son apparition l’année précédente). La fatigue ? Le manque d’envie ? Le manque de bol ? Nous ne savons pas trop : le groupe a rencontré pas mal de déconvenues lors de son concert : problèmes de guitare de Dave Linsk (qui ont plombé une partie du gig), problème de tempi (un décalage sensible entre la batterie et le reste…)…Cela dit, la setlist n’en reste pas moins intéressante : « Rotten to the Core », « Hello from the Gutter », « Elimination », « In Union We Stand » & « Fuck You » sont mêlés à d’autres morceaux plus récents : « Scorched », « Bring Me The Night » et « The Surgeon »… Un regard attentif au set amusant de Frog Leap (il faut le faire : reprendre le thème du générique de Pokemon version Metal !), et nous voilà prêts à attaquer le festival dans son intégralité.

VENDREDI 8 AOÛT :
Courte nuit de sommeil : nous sommes réveillés en matinée par la fanfare du camping, reprenant des classiques du Rock ! Mais pas question de perdre notre temps : la programmation est exigeante : quatre scènes, huit groupes par scène et qui, donc, se chevauchent… Un vrai problème, car nous devions régulièrement quitter une performance avant son terme pour en retrouver une autre.
Nos choix en cette première « vraie » journée se portent sur Blaze Bayley, Room 13, 3 Inches Of Blood, Chemicide, Messa, Wednesday 13, Me and That Man, Phil Campbell and the Bastard Sons, Wind Rose, W.A.S.P., Dark Angel, Hypocrisy, Mastodon, Kreator et puis Abbath. Un programme dense, mais qui se complète, marqué par plusieurs temps forts !

Blaze Bayley ouvre les hostilités sur la Prison Stage: pour beaucoup il reste l’éternel troisième chanteur d’Iron Maiden. Et même s’il est là pour fêter le 25ème anniversaire de Silicon Messiah, son premier album solo, nous attendons surtout de lui qu’il chante des titres de Maiden. C’est ce qu’il fera en deuxième partie de set avec une reprise surprenante (et bienvenue ! ») de « Wrathchild », suivi de près par « Man on the Edge » et « Futureal ».

Nous ne connaissions pas Room 13 avant de les voir sous la Swamp : il s’agit en fait d’une formation américano-belge réanimée par le guitariste Ira Black (connu pour son implication dans le groupe Last In Line) : rien de bien fou à se mettre sous la dent. Même la reprise de « Hellraiser » captée pour en faire - si nous avons bien compris - l’hymne officiel du festival. Belle initiative, qui aurait pu être un poil mieux menée… Un commentaire sur cette image générée par intelligence officielle mettant en scène Ozzy & Lemmy ? No comment : nos idoles méritent mieux !
Après le Heavy Metal de 3 Inches Of Blood, nous retrouvons Chemicide : véritable coup de cœur de l’année signée par Listenable Records. Le concert est ponctué par quelques petits problèmes de basse, certes, mais cela n’empêche pas les Costariciens de faire la leçon. L’autre vraie leçon de la journée ne s’appelle ni Snot, ni Wednesday 13, mais bel et bien Messa qui se produit sous la Morgue dans une configuration plutôt intimiste. The Spin, troisième opus du groupe, a déjà fait l’unanimité et souligne les qualités de ses protagonistes. Sensibilité « Doom », virtuosité à mi-chemin entre le Jazz et Rock occulte, les Italiens envoûtent une large audience, ce qui laisse supposer que le meilleur est encore à venir pour eux…

De l’autre côté, Nergal et Me And That Man se promettent de convertir les fans de Black Metal à la Country influencée par Johnny Cash : cela dit, le message reste le même pour le Polonais : défendre ses idéaux et ses idées profanes. Un moment bien sympathique ! L’autre moment bien sympathique de la journée est signé Phil Campbell et ses fils, qui nous proposent cette fois-ci un show 100% Motörhead à l’occasion des 50 ans du groupe…
Coup de cœur ou non, nous ne savons pas, mais rien n’est plus sûr : Wind Rose est une tête d’affiche en devenir ! Les protégés de Maurizio Iacono (Kataklysm, Ex-Deo) ont leur propre recette : prenez Powerwolf, supprimez les loups, remplacez-les par des nains et gardez le même style (quoi que, on est pas loin du Pagan avec Wind Rose) et vous obtiendrez Wind Rose ! Alors, il n’est pas surprenant de voir leurs fans sortir leurs pioches gonflables et de les voir s’amuser à chanter leurs hits, notamment « Diggy Diggy Hole », hymne de la geek-culture qui a rencontré un vrai succès sur TikTok, il n’y a pas si longtemps. Le Metal 3.0. est en marche, et Wind Rose est sans doute l’un de ses principaux représentants !

Le contraste est donc assez frappant entre les Italiens de Wind Rose et W.A.S.P. qui font son retour à l’Alcatraz Festival dix ans après son dernier passage (!). Aujourd’hui, Blackie Lawless est en forme et désireux de partager l’album qui a fait connaître son groupe au grand public. Les prises de parole sont parfois trop calculées et manquent d’humilité (surtout quand il nous explique être chanceux de vivre un moment d’histoire…), mais le concert n’en reste pas moins un véritable soulagement pour les fans : le chanteur / guitariste est en voix et les images « archives » diffusées sur écrans géants font leur petit effet ! Nostalgie (ou coup de vieux) garantie !
Les gros noms continuent de se succéder : Dark Angel - qui rend hommage à son ancien guitariste, Jim Durkin - régale les amateurs de Thrash Old School avec ses classiques « Darkness Descends » & « The Burning Of Sodom » font de l’ombre au nouveau titre « Extinction Level Event » (sorti cette année et passé totalement inaperçu !). Mastodon - lui - est aujourd’hui accompagné de Nick Johnston à la guitare, depuis le départ de Brent Hinds. La performance reste honorable : Troy Sanders assure donc à la fois la basse, ses parties chantées, ainsi que celle de Brent… Bienheureux d’avoir profité à nouveau de la superbe reprise de « Supernaut » (Black Sabbath) chanté par Brann Dailor en hommage à Ozzy Osbourne !

Nous écourtons notre séjour devant Hypocrisy pour aller à la rencontre de Kreator au grand dam de Ministry qui se produit sous l'Helldorado. Kreator est une tête d’affiche « facile » : ça plait, ça joue bien et ça propose autre chose qu’un simple groupe qui joue ses morceaux. Certes, la formation germanique nous offre du réchauffé (tout en jouant avec le feu), mais prouve assez simplement qu’il était assez difficile de se passer d’elle. Côté surprise, nous avons aimé entendre « Betrayer » et « Love Us or Hate Us », mais il nous tarde réellement de voir le groupe proposer un nouveau show : ce qu’il fera sans doute quand sera sorti le successeur de Hate Über Aller (2022) prévu pour 2026. Un petit Abbath (en forme) reprenant les classiques d’Immortal et nous repartons au camping la tête remplie de souvenirs…
