LIVE-REPORT - Park Rock (Parc de Baudour - Belgique - 16/08)
- Axl Meu
- 27 août
- 7 min de lecture
Bienvenue dans le superbe parc de Baudour, sur la commune de Saint-Ghislain, en Belgique. Un espace vert de 324 hectares, ancienne propriété des Princes de Ligne, connus depuis le XIIème siècle et ayant reçu les titres de Princes du Saint-Empire et Grands d’Espagne. Les arbres centenaires accueillent désormais des structures d’accueil pour les enfants et, l’espace de trois jours, le Park Rock, qui fête cette année ses 20 ans. Heretik Magazine y était le dernier jour.
Par Flavien Minne / Crédit photos : Moris DC (retrouvez plus de photos sur nos réseaux sociaux)
Au cœur d’une clairière, la scène domine un espace dégagé : côté jardin (à gauche), l’espace Merch, le bar et la banque. Côté cour, des foodtrucks divers et variés, sucrés ou salés, avec des bancs et des tables. Au fond, un barbier, une tente avec des jeux traditionnels ainsi que des stands de commerçants (Laseram, Symboli-K, Le Monde du Geek et GotHam). L’installation de ces nombreux stands permet au public de déambuler tout en profitant du concert.
Après une première journée consacrée à la légèreté et à l’amusement avec Mastairclass et sa air-guitar ainsi que le Ska belge de Poulycroc, le vendredi était dédié aux groupes tribute de Judas Priest Rammstein, SOAD, Korn…. Une belle montée en puissance pour une dernière journée avec des artistes originaires essentiellement d’Outre-Quiévrain, mais pas uniquement.
Et ça commence à 13h30 pétantes, avec la précision d’une montre suisse avec The Rackers. Après une intro, le trio Louvièrois nous décoche treize titres d’un Power bourré d’influences, avec la voix de Jimmy Morais-Rosa teintée d’un Gallagher d’Oasis. La batterie pêchue de Yohann Pisella rythme cinq titres de l’album Lovaria, sorti en 2024, dont “Fabulous”, “Doctor”, le très Punk-Rock “Hey Honey”et l’amusant “Lolly’s Wood”. À cela, on associera “You Think” de 2019 et “I Know You” de l’EP qui sortira en 2026, pour finir par un “Good Morning”. Ce sera plus un "good afternoon" tant The Rackers ont su mettre tout de suite une ambiance de feu devant un public encore épars mais totalement conquis. De bonnes augures pour accueillir des Punk-Rockers liégeois.

Avec Fervents, l’intensité monte d’un cran. L’introduction enregistrée présente le trio comme fort et sincère. Et bim ! Ça enchaîne tout de suite, ça joue fort et vite. Si Ben reste assez immobile derrière son micro, c’est uniquement pour garder l’énergie pour un chant clair et puissant, tandis que Nico à la basse déambule en se décrochant la tête à chaque seconde. Après “Big” et “Faith”, le frontman converse avec le public : “Ça va, tout le monde ? On s’appelle Fervents et on vient de Liège. Approchez, n’ayez pas peur !” Arrive “Personal Ghost” et sa belle partie de batterie tenue par Seb Beaumont., puis le “vu, vu et revu” (selon le chanteur) et très punchy et très Simple Plan “Wasting Times”. Ben Bailleux-Beynon annonce alors une ballade… Tu parles ! Le chant est poussé et les fûts se font tabassés pendant “A Letter”. Le groupe balance ainsi douze titres issus de l’EP de 2022 écrits “à l’arrache” entre deux confinements et “Plastic Snake Factory” de 2024, associés à de nouveaux titres. Le déchaînement musical est communicatif et le public acclame Fervents comme il se doit.
La demi-heure nécessaire pour changer le plateau nous permet de nous remettre de cette prestation et de nous préparer au Hardcore teinté de Groove de Komah. Le groupe bruxellois, créé en 2007 autour de deux membres de Do Or Die, ont une discographie bien chargée avec quatre albums. Devant un backdrop au logo du band cerclé de feu, Math Demit “veut voir de la sueur couler”. Les guitaristes Luigi et Antoine se montrent sans pitié avec leurs riffs à nous péter les vertèbres. Pour “Earthquake”, Math harangue le public, le fait sauter (“Jump, jump, jump”) en se frappant le torse. Après “Flashing Nightmare” de 2015, Le frontman semble adorer échanger avec l’auditoire et lance : “Ça fait plaisir de voir un sourire sur vos jolies petites bouilles”. Loin d’être des Bisounours, le quintet nous offre “Harder We Fall”... Du riff, du blast et un chant poussé… Quoi de mieux ? Puis suivront “Walking Ghosts”, “Not Alone”, pendant lequel le public est mis à contribution, “New Life” du premier album et “Buried” de 2015. Les cadeaux d’anniversaire de Komah pour les 20 ans du festival arrivent : deux nouveaux morceaux déjà hyper maîtrisés, l’un très instrumental et Fusion, l’autre plus Heavy. “Merci Park Rock, merci à vous, on vous aime très fort”. Deux coups de cymbales et un déferlement d’accords s'acharnent sur nos oreilles pendant “The Birth”. Merci surtout à vous, les Komah, pour ce fabuleux show.

Attention les yeux et surtout les oreilles ! Voici LA révélation belge de l’année : Sasha and the Lunatics montent sur scène devant une foule plus compacte, un peu de poésie dans ce monde de brutes. La Carolorégienne Sasha Dehan, après avoir arpenté les planches pendant près de 10 ans avec des coverbands, crée son propre groupe, et surtout, chante ses propres compositions. Sasha, de noir vêtue, est une frontwoman de talent et de caractère accompagnée de musiciens dédiés à sa cause. La chanteuse à la voix singulière entame son set par “Wacky Lane” et “Cruise Control”. “Hé, Hé ! est-ce qu’on passerait pas une des meilleures après-midi d’Août ?” Mais complétement ! Dans la douceur de la fin d’été, nichés sous les arbres en écoutant du bon son, le moment est idyllique. Tambourin à la main, sous la lumière bleue et entourée de fumée, la chanteuse entame “Mona”, un titre rythmé, très beau, très Road 66, puis “Legacy” pendant lequel elle s’efface au profit des guitaristes, “Bella Donna”, un morceau doux et paisible qui prend aux tripes et enfin “Human” et “Janis”. Petite présentation des musiciens, “Tout le monde est fou ici ?” L’apogée est là pendant“All Mad Here”. Sasha danse, le son est parfait et le reste du combo s’éclate, mais malheureusement la fin du set arrive avec “Shallowness Make Yourself” et les remerciements chaleureux pour les autres groupes, l’orga et la technique. Pour sûr, Sasha and the Lunatics a su capter l’attention et l'amour du public.

Avec l’arrivée de Black Mirrors, une autre diva monte sur scène : Marcella Di Troia. La blonde peroxydée, toute de blanc vêtue, accompagnée, de deux guitaristes, un bassiste et un batteur lance immédiatement “Soap”, un titre à la fois assez lourd et léger, à la voix douce et aux cordes puissantes. Le bassiste est déchaîné comme jamais tandis que le batteur joue en toute simplicité. Pour “Günter Kimmish”, un morceau très Rock ‘n Roll, Marcella, pied sur le retour, pousse la voix et s’éclate jusqu’à danser en sautant sur elle-même. Trois coups de cymbales et le changement de ton est donné pour “Funky Queen”, issu du premier EP. Il faut dire qu’en 2017, Black Mirrors devait être un groupe exclusivement féminin, d’où ce titre. “Merci beaucoup, vous allez bien ? Cool, nous aussi !” Un petit arpège annonce un gros son, le chant clair se retrouve entre deux riffs pour le très long “The Mess”. Suivent “Mamoth”, un morceau très nineties où les trois gratteux jouent en avant-scène et “Lost In Desert”, bourré d’énergie. Le concert atteint son apogée avec une reprise très personnel mais très honorable de “Memory Remains “ de Metallica. La partie “Ash to ash, dust to dust”, chantée à l’origine par Marianne Faithfull, convient parfaitement au timbre de voix de Marcella. “On va calmer un peu le jeu avec une petite ballade qui s’appelle “Tears to Share”. Un titre tout en douceur pour un sujet triste devant le petit bonhomme d’un an et demi de la chanteuse. Bon ! Assez chipoté, comme on dit, la fin se veut énorme avec encore trois autres titres soit Bluesy à souhait, ou très Rock avec une batterie qui semble s’envoler et des riffs rapides et lourds. Black Mirrors s’éclate littéralement sur scène et très honnêtement, c’était absolument prodigieux.

Le public reste en ébullition pour accueillir les Anglais de The Subways. Ce soir, le trio a décidé d’étriller sa discographie étoffée de cinq albums de Punk Rock en commençant par “Oh Yeah” et son chant granuleux. La batterie est fortement martelée pendant que le guitariste fou saute partout. On reste sur le premier album Young For Eternity de 2005 avec “Holiday” et sa fin tranchée. “Merci Beaucoup”... Au final, dix-sept titres, de “Girls and Boys” à “Kiss Kiss Bang Bang” en passant par “Influencer Killed The Rock Star” et “Alright” pour finir par leur titre-phare “Rock ‘N Roll Queen”. Les membres de The Subways bougent sans arrêt avec une dynamique phénoménale au point où le backdrop tremble sous les coups de sticks et où les ressorts sur lesquels est monté le guitariste le jettent dans la foule. The Subways est une piqûre d’adrénaline qui fait du bien, le public étant prêt pour accueillir Tagada Jones.

Nico, Job, Waner et Stef font actuellement la tournée des festivals commencée au Durbuy Rock Festival le 11 Avril et passant par le BetiZFest de Cambrai, un marathon donc ! Ce soir, le concert des bretons se veut très revendicatif en commençant par “Le Dernier Baril”, “Je suis Démocratie” et “Nous Avons La Rage”. A cela, ils associent le fun de “Zéro de Conduite” et l’émotion de “De L’Amour et du Sang”, “Elle Ne Voulait Pas””De Rire et de Larmes” et bien sûr “Vendredi 13”, chanson hommage aux victimes du Bataclan. Nico frotte frénétiquement ses cordes, échangeant volontiers avec le public, levant le poing, en exprimant toute la rage des textes. Si Waner se démène comme pas deux, occupant tout l’espace, Stef reste plus posé, désignant la colère froide et maîtrisée. Quant à Job, il nous fait du grand Job, martelant ses fûts avec le sourire. La fin est une grande fête : “Nation to Nation”, “Le Feu Aux Poudres” et bien évidemment “Mort Aux Cons”, suivis de “Cayenne” de Parabellum et des mots des Béru : “La jeunesse emmerde le Front National”. Le show est carré, maintes fois répétés. Bien sûr, nous sommes nombreux à avoir vu Tagada Jones sur scène jouer ces morceaux, mais bon sang, que c’est bon ! Et c’est peut-être mieux à chaque nouvelle fois.

C’est ainsi que s’achève cette vingtième édition du Park Rock, marquée par une très belle ambiance, une qualité exceptionnelle de programmation, mais surtout par la disponibilité et la gentillesse des bénévoles. Allez les gars, vous êtes repartis pour encore au moins 20 ans. A l’année prochaine ! Merci et félicitations !