LIVE-REPORT - Back to the Beginning & more !
- Axl Meu
- 22 juil.
- 9 min de lecture
Dernière mise à jour : 28 juil.
"Hey Geezer, let's play Villa Park"... L’annonce avait fait l’effet d’une bombe quand on y repense : pas loin de dix ans après les "adieux" de Black Sabbath (à Birmingham, le 4 février 2017 au Genting Arena, sans Bill Ward, rappelons-le), Tony Iommi et Sharon Osbourne ont annoncé un ultime concert de Black Sabbath - cette fois-ci avec Bill Ward - depuis Villa Park, l’emblématique stade d’Aston Villa, club de cœur de Geezer Butler, alors de retour en Ligue des Champions 41 ans après sa dernière campagne européenne. Chapeauté par Tom Morello, l’événement porte le nom de "Back To The Beginning" et est annoncé pour le 5 juillet à Villa Park.
Le casting est assez dingue : la crème des stars du Metal (Metallica, Guns n’ Roses, Alice In Chains, mais aussi des super guests, comme Jake E. Lee, Rudy Sarzo, Mike Bordin, Chad Smith, Tom Morello...) ont prévu de s'y réunir pour saluer une dernière fois Ozzy, Tony, Geezer et Bill. Difficile à croire, surtout que l’état d’Ozzy Osbourne, atteint de la maladie de Parkinson, a de quoi nous laisser dubitatifs.
Et pourtant, les places sont en pré-vente à partir du mardi 11 février au profit des hôpitaux de Birmingham (Cure Parkinson, Birmingham Children's Hospital & ACOM Children's Hospice) : une façon pour le groupe de remercier la ville à qui il doit tout. Nous devons en être.
UP TO VILLA PARK.
VENDREDI 4 JUILLET & SAMEDI 5 JUILLET.
Passeport OK. E.T.A. OK. Ferry OK. L’été approche, les gros festivals aussi.
Vendredi 4 juillet : le secteur aérien est en grève de quoi semer la zizanie chez les fans qui cherchent un plan B pour se rendre en Angleterre. De mon côté, c’est un peu la panique à bord également : prendre la route direction Calais à 13h, multiplier les contrôles d’identité, prendre le ferry, conduire à gauche, rencontrer des galères de réseau, et j'en passe.
Après une nuit de non-sommeil mal négociée dans une station-service du côté du Northampton, je me retrouve à Birmingham sur mon emplacement de parking situé à quelque 45 minutes à pied de Villa Park. J’y découvre une cité ouvrière avant même de fouler le quartier d’Aston et son stade déjà pris d’assaut depuis quelques jours : les fans dévalisent les stands de merch’. De mon côté, j'imagine que du merch' sera en vente directement dans le stade. Oui, mais non. Uniquement en fosse. Pas dans les gradins. J’opte finalement pour l’option « achat en ligne ».

Les concerts se déroulent de 13h30 à 22h30. Autour de moi, beaucoup d’Américains, des Allemands, des Italiens, et finalement, très peu de Français (voire aucun de mon côté).
C'est à Jason Momoa - Aquaman pour les intimes - lui-même nous ayant avoué qu'il n'avait pas eu de place - qu'est revenu l'honneur de lancer les hostilités : « Vous êtes 40 000 chanceux : le monde entier vous regarde et vous envie » : l’événement - que beaucoup ont associé au Live Aid - est diffusé en différé et suivi partout dans le monde : quelque chose nous dépasse déjà alors que les concerts n'ont pas encore commencé dans l'enceinte.
Quelle affiche... Mastodon, Rival Sons, Anthrax, Halestorm, Lamb of God, Alice In Chains, Gojira, Pantera, Tool, Slayer, Guns n’ Roses, Metallica, puis enfin Ozzy Osbourne et Black Sabbath. Et puis deux « super groupes » aménagés et montés par Tom Morello. Un véritable casse-tête logistique. Cela dit, les changements de plateau sont bien organisés : tout est réglé comme du papier à musique, les groupes jouent chacun 15 minutes (un peu plus pour les têtes d’affiche) et - pour nous faire patienter entre les changements - le public a droit à des spots publicitaires avec Ozzy, des happenings bien sentis (merci Jack Black, Roman Morello, Revel Ian... !) et des hommages venus du monde entier (Elton John, Judas Priest, Marilyn Manson, AC/DC, Jonathan Davis…).
Les groupes ont en moyenne proposé trois morceaux, dont un tiré du répertoire d’Ozzy Osbourne (solo ou Black Sabbath). Mastodon marque d'abord les esprits avec une superbe reprise de « Supernaut », elle-même gratifiée d’un superbe solo de batterie assuré par Mario Duplantier, Eloy Casagrande et Danny Carey… Rival Sons propose lui à l’issue de leur concert une version Rock 'n' Roll d’ « Electric Funeral », Halestorm « Perry Mason » (Ozzy Osbourne), Lamb Of God « Children of the Grave », Anthrax « Into The Void », Alice In Chains « Fairies Wear Boots » et Gojira, une superbe relecture d'« Under The Sun / Every Day Just Comes and Goes » après « Mea Culpa (Ah ! Ça ira !) » en feat. avec Marina Viotti. Déjà légendaire !

Tout s'enchaîne à vitesse grand V. Pas le temps de se restaurer et de se rendre au bar par peur de manquer un concert, une folie... : la première, c’est ce super groupe « A » qui nous a permis de voir jouer Jake E. Lee (quelques mois après la fusillade dont il a été victime) taper le bœuf avec Mike Bordin (Faith No More) sur « The Ultimate Sin » et « Shot In The Dark » ! La classe internationale… Et surtout, un rêve devenu réalité pour tous ceux qui n’ont pas eu la chance de voir Ozzy sur scène entre 1982 et 1987). Ça ne s’arrête pas là… Après « Sweet Leaf » assuré par un David Draiman (sifflé !) et l’amusant Whitfield Crane sur « Believer », le ton prend un tournant solennel avec la reprise de « Changes » par Yungblud accompagné par Adam Wakeman. THE moment du concert : incroyable et aussi légendaire.
Puis il y a aussi eu ce deuxième superband où l’on est clairement montés d’un cran en termes de folie : « Breaking The Law » avec K.K. Downing et Tom Morello, « Bark At The Moon » avec Papa Perpetua (Ghost), mais aussi et surtout un Steven Tyler d'Aerosmith flamboyant débarqué de nulle part tapant un jam avec Mr. Ron Wood des Rolling Stones sur « The Train Kept A-Rolling ». Autour de moi, personne n'ose trop y croire : les légendes se succèdent les unes après les autres sous nos yeux.
Et puis il y a le retour aux performances classiques avec Pantera qui livre son superbe « Planet Caravan », Slayer la reprise surprenante de « Wicked World », Tool, « Hand of Doom »… Guns n’ Roses joue la carte de la surprise en reprenant « Junior’s Eyes », « Never Day Die » et « Sabbath Bloody Sabbath » après « It's Alright ». Loin d’être parfaite, la performance d’Axl Rose a été lourdement critiquée, car régulièrement en décalage. De mon côté, je salue l’audace du groupe qui s’est prêté au jeu en proposant des reprises surprenantes : voir « Junior’s Eyes », c’est la classe. Enfin, Metallica : fils illégitimes de Sabbath qui font honneur à leurs pairs en reprenant, en plus d’une poignée de classiques (« Creeping Death », « For Whom The Bell Tolls », « Battery », « Master of Puppets ») et les superbes « Hole in the Sky » et « Johnny Blade ».

Le clou du spectacle, c’est Ozzy & Sabbath. On ne rigole plus. Mais plus le concert approche, plus je reste dubitatif quant à la forme d’Ozzy qui ne peut plus se tenir debout et qui est résigné à se produire assis, sur un trône. Va-t-il y arriver ? Quoi qu’il arrive, les fans seront là pour l’épauler et chanter. Après un hommage à Randy Rhoads et le traditionnel « Carmina Burana », Ozzy - tout sourire - arrive sur scène, depuis une trappe aménagée sous le plancher. Ce soir, il est accompagné de Zakk Wylde à la guitare, Tommy Clufetos à la batterie, Adam Wakeman aux claviers et Mike Inez à la basse (!!!!) le temps de cinq morceaux : quatre du cultissime Blizzard Of Ozz (« I Don’t Know », « Suicide Solution », « Mr. Crowley », « Crazy Train ») et « Mama, I’m Coming Home », de circonstance. Touchant et émouvant. Et Ozzy est extrêmement juste, bien qu'affaibli par la maladie. Ozzy fait des grimaces, arrose son public et, vite, le concert prend des allures de : « Fuck off, je peux encore le faire ».

Un dernier pour la route : c’est Black Sabbath. Ozzy, Tony, Geezer & Bill. Quatre bâtards du Rock qui ont à jamais placé Birmingham et le quartier d’Aston sur la carte du Heavy Metal. « War Pigs », « N.I.B. », « Iron Man » et « Paranoid ». L’émotion est palpable, forte dans le stade. On se tait, on analyse une dernière fois malgré les imperfections évidentes liées à l’âge : Bill Ward - lui qui n’a pas touché une batterie depuis des années - n’est pas tout à fait dans les temps et semble un peu perdu sur « War Pigs », mais reste épaulé par un Tony Iommi fort, juste et surtout, complice… De son côté, Geezer « groove » et Ozzy est là, sur son trône à saluer une dernière fois les fans, comme pour clore une époque, le chapitre d’un style en perpétuelle mutation et dont ils ont été les initiateurs. Un feu d'artifice, une pluie de confettis Black Sabbath et Ozzy. Et c’est fini.

BIRMINGHAM & MORE.
DIMANCHE 6 JUILLET, LUNDI 7 JUILLET & MARDI 8 JUILLET.
Mon séjour à Birmingham n’est pas encore tout à fait terminé. Après une deuxième nuit tourmentée et une douche improvisée dans une piscine municipale de Birmingham, je décide d’arpenter les sentiers de la ville et d’aller à la découverte de ses lieux emblématiques : un fascicule circule dans la ville : « Brum's : Summer of Sabbath ». Il y a d’abord l’exposition dans le Birmingham Museum & Art Gallery à aller visiter de toute urgence. Inaugurée par Sharon Osbourne, l’exposition - Working Class Hero - compile tout un tas d’artefacts liés à la carrière solo d’Ozzy : disques de platine, MTV Awards, Trophées du Rock’n’Roll Hall of Fame et autres distinctions.

À ma sortie, je retrouve un ami allemand, Marc-Hendrik Freund, qui a lui aussi fait le déplacement avec sa famille pour assister au concert. On décide alors de se rendre ensemble au Black Sabbath Bench situé à Broad Street, rue naturellement prise d’assaut par les fans : il faut prendre son mal en patience et attendre pas moins d’une heure pour accéder au fameux banc ! Il faut dire que les stars à l’affiche en ont aussi profité pour immortaliser le moment. Tout le monde veut reproduire la même gestuelle que James Hetfield, par exemple.


De retour du côté de la mairie, j’en profite pour passer un peu de temps devant l'exposition photographique résumant la carrière d’Ozzy Osbourne au sein de Black Sabbath. Les huit premiers opus, ainsi que l’opus 13 sont mis en avant : l’occasion pour beaucoup de revenir sur la singularité de chaque opus et sur l’impact qu’ils ont eu sur la scène !
La New Street me conduit du côté de la St Martin’s Church et du centre commercial Selfrigdes où je me retrouve nez à nez devant la statue "Ozzy Osbourne In Bricks"... Les clins d'oeil sont nombreux en ville : les graffitis, les guirlandes à l'effigie de Black Sabbath, les affiches... Birmingham célèbre ses héros comme il se doit, eux qui ont reçu la plus gratifiante distinction de la part de la municipalité de la ville, à savoir The Freedom of the City of Birmingham.
La pièce la plus impressionnante reste celle de Mr. Murals : une fresque signée par les quatre membres originaux de Black Sabbath, s’étalant sur une partie de la Navigation Street, située non loin de The Crown, le premier pub dans lequel Black Sabbath s’est produit : aujourd’hui fermé, mais placardé de clichés de Black Sabbath (Earth) à leurs débuts.
Les journées sont courtes en Angleterre : les boutiques ferment à 17h/17h30. L’heure est au repos (au vrai repos !). Je décide alors de reprendre ma visite le lendemain, tôt, du côté d’Aston et d'immortaliser quelques moments devant la maison d’enfance d’Ozzy Osbourne, située au 14 Lodge Road, visiblement encore habitée aujourd’hui. S’y rendre relève du pèlerinage, mais permet aussi de remettre en contexte les prémices de Black Sabbath et de la carrière d’Ozzy. Une enfance modeste où régnaient la pauvreté et l'insalubrité.
« When I heard the Beatles, I thought that’s it ! That’s what I want to be. I want to be a Beatle. »
« Ozzy Zig requires gig. Do you like The Beatles and Blues Music ? So do I ! Let's do this ! HAVE MY OWN PA ! 14 Lodge Road. »
Ce n’est plus un secret pour personne : Ozzy a toujours admiré les Beatles : sa vie a littéralement changé le jour où il a écouté « She Loves You ». La proximité entre Birmingham et Liverpool m’encourage à me rendre dans le Merseyside afin de visiter cette ville qui ne jure que par les Beatles et le Liverpool Football Club, club meurtri depuis la disparition soudaine de Diago Jota (à qui Nuno Bettencourt a rendu hommage lors du Back to the Beginning).
De mon côté, j'y vois l’opportunité de visiter le musée Beatles Story, de flâner du côté de Matthew’s Street et de m’improviser guide-touristique en visitant les lieux emblématiques des Beatles : les maisons d’enfance de Paul McCartney, John Lennon, George Harrison et Ringo Starr, ainsi que les Penny Lane et Strawberry Field.

From Liverpool to the Mapledurham Watermill, il y a environ trois heures de route : mon séjour touche à sa fin, mais le clou du spectacle est encore à venir. Je veux me rendre à Mapledurham, village situé à dix minutes de Reading) pour voir de mes propres yeux le moulin d'eau qui a servi à la réalisation de la pochette du premier opus de Black Sabbath.
Trois nouvelles heures de route laborieuses, d’autant plus que je me perds dans la campagne britannique. Finalement, après quelques détours, je me retrouve au lieu-dit. Au loin, devant un portail, j’aperçois un metalhead... Je l’appelle, il est Mexicain et a aussi fait le déplacement pour le concert de Black Sabbath et faire cette photo. Il a son enceinte bluetooth, balance le premier album de Sabbath...

Viennent alors deux Américains - également présents au concert - en possession de la fameuse pochette. On improvise ensemble une petite séance photo bien sympathique. Miguel a quelques cannettes de cidre sur lui, on s'en jette une devant le moulin et dans notre anglais approximatif, nous sommes revenus sur la performance de samedi... Mais de notre côté, il est déjà l’heure de partir : je le raccompagne à la gare de Reading et de mon côté, je descends sur la côte du côté d’Hastings et de Douvre. Aventure légendaire.






















