LIVE-REPORT - Brutal Swamp Fest (Salle Vauban - St-Omer)
- Axl Meu
- 1 mai
- 6 min de lecture
Le dernier week-end de Pâques, c’était vraiment la fête du Metal dans les Hauts-de-France. Et parmi les nombreux événements qui ont sévi dans la région, il y avait le Brutal Swamp Fest. Les marais audomarois y ont accueilli la troisième édition dans la salle Vauban, très bel endroit coincé entre les serres municipales et un magnifique parc. nous y étions !
Par Flavien Minne / Crédit photos : Moris DC (Retrouvez plus de photos sur nos réseaux sociaux)
L’organisation a fait les choses bien comme à son habitude avec une salle divisée en deux avec une partie scène-bar et une partie merch' avec des espaces pour pouvoir se poser un peu. Un espace est également dédié aux exposants assez variés : The Crypt of Dr. Gore, Dolorem Records et Drowing in Chaos pour les labels, mais aussi un brasseur et le luthier Goet Gore Guitars, ainsi que le tatoueur La Machine Infernale.
Tout est millimétré : ouverture des portes et début du premier concert à la précision suisse. Infern ouvre le bal. Les Bretons sont ravis d’être là et ont un contact plutôt direct avec le public. “Allez Saint-Omer !”. Ce soir, le quintet nous présente leur album de Death Metal old-school à la Bolt Thrower, Turn of the Tide, sorti en octobre dernier. Autour de la bonhomie du chanteur, un guitariste choriste, un bassiste aux cheveux gris et déchaîné comme un damné, et un batteur concentré sur ses fûts ouvrent sur "Undertow", puis étrillent leur opus avec Burning Fields, Tormented Paranoïd, State Puppet Theater… Entre deux, beaucoup de discussions avec l’auditoire, le remerciant d’être venu aussi tôt et prenant le temps de remercier les bénévoles, qui sont vraiment aux petits soins pour les festivaliers. "Victim of the Doom" vient s’intégrer à la set-list qui s’achève par "Ecocide", un dixième et dernier titre. “Bon Fest à tous… Allez, à plus !” Une très belle mise en bouche pour accueillir des assassins.

Caedere signifie tuer en latin et c’est précisément ce que ces Bataves vont faire de nos conduits auditifs. Marcel, le chanteur, fait semblant de courir sur scène. C’est violent, fort, intense et jouissif. La dynamique sur scène est également apportée par le growl, le changement de voix et de ton et une belle communion avec le public malgré un “Sorry, my french sucks”. Ce soir, Caedere, né en 1998, passe en revue une jolie discographie : tous les albums sont représentés. Eighly Year’s War est représenté avec "Iconoclasm Inquisition" qui ouvre le set, "Clones of Industry" et "Mock the Mob", "Mass Edition (Rotten of the Core)" et aussi "The Lost Convoyance". Enfin, le dernier EP de 2023 Orbital Cleansing est chanté dans son intégrité avec "Empire of Fear" et le titre éponyme. Pendant le set, on y voit des musiciens heureux de jouer sur cette estrade, un chanteur très proche du public, des titres bourrés d’énergie… Bref, tout ce qu’on aime.
Retour non seulement sur la scène française, mais également sur la scène locale : Tri-Balles fait son grand retour dans ses terres. Olivier, seul survivant de la formation d’origine de 1997, s’est entouré de deux chanteurs : un crêteux et un autre au style plus Hardcore, dont les voix sont relativement proches. Dans un style relativement proche de Black Bomb A, Tri-Balles exprime sa rage sous les bombardements de double-caisse autour de huit titres, à commencer par Suicide Invitation, en passant par leurs classiques "L’Osmose" et surtout Le "Choc des Viandes". Malgré une belle ambiance mise en place par les Audomarois, le public reste assez calme, attendant les deuxièmes régionaux de l’étape : les Lillois de Skelethal.

Dès les balances, on sait que nos oreilles vont en prendre un coup. Adeptes d’un Death metal à la Grave, Dismember et Entombed, le quatuor - fort de ses 13 ans d’expérience - en impose sur scène, à commencer par Julien Bouly, qui bouge et slamme comme personne, et un chanteur, dont l’attitude se rapproche d’un Chuck Schuldiner, le tout appuyé par un batteur-tabasseur. Ce soir, Skelethal a décidé d'offrir au public de Saint-Omer des anciens morceaux, tels "Morbid Ovation" de 2017, "Anthropomorphia" et "On Somber Soil" de l’album Unveiling the Threeshold, mais se focalise beaucoup sur With Corrosive Continuums, l’opus paru en 2024, avec "Fatal Abstraction", "Spectrum of Morbidity" et "Mesmerizing Files at the Gates of Death".

L’intensité de la soirée prend un cran supplémentaire avec les néerlandais de Rectal Smegma qui remplacent au pied levé leurs compatriotes d’Inhume. Et on n’y perd pas au change. Avec un Gore Grind au champ lexical en-dessous de la ceinture ("Become a Bitch", "Slow Deep and Extra Hard"…), la principale attraction reste le frontman Yannic Ophorst, un extraterrestre avec son petit Chino, ses petites baskets blanches mais bodybuildé et dont le corps ressemble à une bande dessinée des doigts au cou. Si les autres musiciens restent assez “sages”, le chanteur enchaîne les titres et, dans un ton humoristique ravageur, les discussions avec le public. Et celui-ci lui rend bien… Outre les fans du premier rang reprenant les titres à la grande surprise des membres du groupe, l’auditoire entre dans des pogos et autres circle pits. En 45 minutes, Rectal Smegma a mis le feu à la salle Vauban, qui attend un monument du Metal hexagonal.

Max Otero et Mercyless entrent sur scène. La population du public sur le devant change pour laisser place aux plus anciens venus écouter le groupe né il y a 38 ans. Le Death Metal à la française est sans fioriture, tabasse et propose des belles parties instrumentales. Derrière son micro surélevé à la Lemmy, le chanteur et ses acolytes nous décochent "Rival of the Nazarene" et "I Am Hell". “Comment ça va Saint-Omer ? Est-ce-que vous êtes chaud ?” Chaud patate, ouais pour l’intro à la double caisse de "Christianism" ! Max harangue la foule totalement dédiée à sa cause. Puis alternent les titres du dernier album Those Who Reign Below, avec, entre autres, le chant hachuré d’"Extreme Unction", et d’"Abject Offering", pour achever le set par un "I Vomit This World"… “A très bientôt, les amis ! Quand les portes de l’Enfer se refermeront, nous serons juste derrière.” Ce n’est sûrement pas la sortie de scène la plus éclairée, mais elle a le mérite d’être efficace : le public applaudit longuement Mercyless et à très juste titre.

Attention aux yeux et aux oreilles ! Necrowretch déboule sur scène pour un concert des plus carrés dans lequel la rigueur s’écrit avec un grand R. Annonçant la couleur avec des t-shirts de Darkthrone et d’Aluk Todolo, les valentinois profèrent un Black Death à la batterie saccadée, la voix acérée, aux cris profonds avec des paroles, parfois, presque parlées et de longues parties instrumentales.
En commençant par "Ksar Al-Kufar", l’album Swords of Dajjal est mis à l’honneur puisque "Dii Mauri", "Vae Victis", et le titre éponyme seront joués. Entre deux "Satanic Slavery" (2017) et "The Ones from Hell" s’intégreront. Le set s’achève par la batterie presque tribale et le mid-tempo de Numidian Knowledge. Vlad nous jette un “Bonsoir à tous, à la prochaine !” nous laissant avec notre frustration. Un concert de Necrowretch est toujours une belle satisfaction et on en aurait bien repris un peu.

Les balances sont plus longues que précédemment. Mais l’attente est méritée. Quelque chose de violent est sur le point de s’abattre sur nous. Le voile floqué du logo de la tête d’affiche se dérobe sous le bruit de l’orage et de la pluie. Le pied de micro aux chaînes et son contrepoids en forme de croix inversée se révèlent. Vader entre en scène. D’abord, Michał, le nouveau batteur s’installe en saluant le public, puis les deux guitaristes et enfin Peter.
La vieille garde est là pour promouvoir un trois titres, dont la sortie sera effective le 30 mai prochain et qui marque le grand retour de Mauser, absent depuis 2008. Mais, pour l’heure, le Death des pionniers polonais résonne avec "Helleluyah (God is Dead)" de 2006. Puis Peter et le combo nous font un cours d’histoire vaderienne avec des titres comme "Silent Empire" de 1995, "Sothys" de l’année précédente, ainsi que "Wings… “Are you tired ? "Black to the Blind", Enjoy !” Puis le très nineties Dark Age. Toute la discographie est présentée. Le public, "tired" quand même, est aux démons, pardon, aux anges. Surtout après l’enchaînement du très punchy "Vicious Circle" et la batterie d’artillerie de Reborn In Flames. “Do you want more ?” Deux autres titres, dont "What Colour is Your Blood" suivront. La fin du concert est une fête dantesque.

…. A l’image de toute cette troisième édition du Brutal Swamp Fest. Les organisateurs, les groupes et les festivaliers ont tous le sourire aux lèvres jusqu'aux oreilles, qui, il faut bien le reconnaître, finissent ce soir en choux-fleurs. A l’année prochaine, pour un marais encore plus brutal… Et ça, ça nous laisse... rêveur.



