LIVE-REPORT - Carcass + Brujeria + Rotten Sound (Le Metaphone - Oignies)
- Fred Vdp
- 20 févr.
- 4 min de lecture
C’est dans le cadre de la tournée « Europa Rigor Mortis Part I » que Le Metaphone de Oignies accueillait, le 3 février dernier, les légendes britanniques de Carcass. Au-delà du fait qu’il s’agissait d’un événement à ne manquer sous aucun prétexte (la présence de Carcass dans la région n’est pas monnaie courante), cette soirée revêtait également un caractère particulier pour les fans de Brujeria, autre formation présente au Metaphone, suite aux deux décès consécutifs qui ont touché le groupe mexicano-américain en 2024. Le public se devait donc d’être au rendez-vous, Heretik Magazine aussi !
Par Fred VDP / Photos : Axl Meu (retrouvez plus de photos sur nos réseaux sociaux)
On ne présente plus Le Metaphone dont la réputation a largement dépassé le cadre de notre région, et qui accueille de nombreux évènements à l’année dont, entre autres, le Tyrant Fest. C’est donc sans difficulté que le public a répondu présent pour ce concert de début de semaine. Très rapidement, le long hall va se retrouver saturé de dizaines de metalheads assoiffés, faisant la queue à la fois pour accéder au bar, mais également pour pouvoir profiter du Merchandising installé à l’entrée. Il faut parfois jouer des coudes et être patient pour toucher le graal, mais la configuration des lieux ne laisse pas franchement d’autre choix.
Fort heureusement, nous accédons rapidement à l’intérieur de la salle où le public se rassemble timidement afin d’applaudir Rotten Sound, première formation à brancher les guitares ce soir. Les finlandais vont proposer un set explosif, à l’image de leur Grindcore corrosif et dénué de délicatesse. Keijo, le frontman, s’amuse avec le public et ne tient pas une seconde en place. On apprécie l’énergie et la générosité divulguées par Rotten Sound, en témoignent les premiers “circle pit”, toutefois discrets, qui se mettent en place au milieu du parterre. Le son d’ensemble est bon et appréciable, et les musiciens font une démonstration technique très convaincante. On regrettera juste que Rotten Sound se soit concentré sur ses dernières productions et ait laissé de côté les deux premiers albums. Malgré tout, la formation a fourni une prestation très honnête.

Revenir sur le devant de la scène lorsque l’on a été touché par deux drames coup sur coup est une épreuve à laquelle aucun groupe n’est préparé. Cependant, Brujeria a décidé de maintenir sa participation à la tournée et de la transformer en « Tribute » à ses deux membres disparus : Juan Brujo, chanteur décédé le 18 septembre dernier, ainsi que Pinche Peach, vocaliste et sampler, disparu lui aussi deux mois plus tôt. La formation américaine à consonance mexicaine va toutefois démontrer qu’elle a su rebondir de fort belle manière. Brujeria envoie un set dynamique, brassant une grande partie de sa production discographique, avec une réelle envie de partager et de communier avec ses fans. El Sangron assure parfaitement les parties vocales et se positionne en digne successeur de Juan. Derrière, la section rythmique est une véritable machine à envoyer la sauce pimentée, comme si les drames récents avaient renforcé l’envie de jouer et de rester sur scène le plus longtemps possible. Après plus de 40 minutes de show, Brujeria salue chaleureusement et avec beaucoup d’émotion le public de Oignies au son de son célèbre “Marijuana”, et promet de revenir nous voir très rapidement.

C’est enfin aux alentours de 21h30 que résonnent les premiers accords de « The Living Dead at the Manchester Morgue », accueillant ainsi les quatre membres de Carcass sur la scène du Metaphone. La bande à Jeff Walker entame son set avec « Buried Dream », hors-d’œuvre d’un concert qui n’est pas prêt de s’effacer de nos mémoires. Carcass, c’est quasi 40 ans de carrière, 7 albums, 4 EP et de nombreux “live” qui ont fait vibrer maintes enceintes et flirté avec les limites des décibels autorisées dans le monde entier. Ce soir, le quatuor de Liverpool (l’autre…) nous plonge en grande partie dans ses plus anciennes œuvres, avec pas moins de 11 titres issus de la période 1988-1996, sur 14 au total. La sauvagerie de titres comme “Incarnate Solvent Abuse”, “No One Lost” ou encore “Exhume to Consume” alternent avec l’énergie juvénile que distille le groupe sur des morceaux comme “Pyosisified (Rotten to the Gore)” ou “This Mortal Coil”. Autant dire qu’il fallait bien s’accrocher ce soir pour suivre Carcass qui nous a offert une belle cure de jouvence. Une fraicheur qui parcourt l’ensemble du public, impressionné par les performances toujours aussi brillantes de Bill Steer à la guitare, et de Daniel Wilding à la batterie, notamment sur “Tools of the Trade”. Le set se termine avec trois rappels dont “Heartwork” qui clôture le show.

La soirée a été tellement mémorable qu’une heure plus tard nous sommes toujours à l’extérieur du Metaphone à discuter du concert. Les formations présentes ont offert un show de haute qualité, renforcé par une performance sonore appréciable qu’il faut souligner. La région regorge de salles de belle envergure, il eût été dommage de ne pas en profiter.