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LIVE-REPORT - Evil Fest

Écourt Saint Quentin, jolie petite bourgade de 1700 âmes, coincée dans le triangle Douai-Arras-Cambrai… Sa mairie, son église, sa boulangerie et sa salle des fêtes qui a accueilli le Samedi 17 mai la première édition du Evil Fest. Bâti sur les cendres du Ever Fest, ce festival est le rêve de deux passionnés, Romain et Alain, ce dernier étant déjà à l’initiative du précédent. Deux amoureux de la musique, mais également philanthropes, puisqu’à travers l’association Foot So Cœur, les bénéfices de la soirée seront reversés à d’autres assos d’aide à l’enfance ou dédiées aux personnes nécessiteuses de l’arrondissement.

Par Flavien Minne / Photos : Moris DC (retrouvez plus de photos sur nos réseaux sociaux

Après un vestibule qui est réservé au merchandising des groupes et du festival, la salle se découvre avec une grande scène et un beau comptoir derrière lequel les bénévoles servent pour l’occasion, de la bière de la Brasserie des 7 Bonnettes. Si l’on devait trouver un adjectif pour le festival, ce serait sans hésiter "familial". Il y a une osmose entre tous les petits soldats bénévoles repérables par leurs t-shirts rouges qui semblent tous se connaître, le public composé de familles attend avec impatience l’ouverture. On y a croisé trois générations de Métalleux, le grand-père et sa veste à patches, le fils, pin’s boulonnés sur sa veste et le petit-fils au casque anti-bruit. Les balances sont longues, très longues… Un diable masqué à la voix effrayante et à l’aube rouge annonce tous les groupes. Si cela peut paraître anecdotique, le personnage est attendu à chaque pause.


Il est temps d’accueillir les Lillois d’Unfate. Sous les lumières bleues et à travers la fumée, le quatuor de Metal Alternatif arrive sous la houlette du chanteur Thomas Miazek. Le chant Hardcore se veut, parfois grave, parfois plus aigu. “Come on, come on, come on” lance le frontman au public encore timide pendant Static aux petits airs de Soundgarden. Le groupe se déchaîne. Il fait déjà très chaud dans la salle, alors Thomas retire son blouson pour être plus à l’aise pendant le slam du très énergique Cold. Unfate, avec une discographie fournie de deux EO’s et dont le dernier de 2023 And now ? se permet de changer facilement de style avec un chant plus doux pendant l’intro de "Tales and Fates" avant de monter en puissance par une vague de gros son et une voix peut être un poil trop poussée. Le mélange de références est de mise avec "One Last Dance" qui se voit associé à un son très Fusion pendant que le chanteur slamme à s’en péter les vertèbres. “C’est les un an de notre EP And Now ?” lançant ainsi le titre éponyme caractérisé par une voix claire et un chant presque parlé. De petites résurgences de Linkin Park apparaissent pour ce morceau très énergique aux belles parties instrumentales. “Faites un putain de bruit pour vous”. C’est ainsi qu’Escape est lancé. Un morceau très posé, mais dur et psychiatrique qui inspire la fièvre et le cauchemar. Thomas se lâche, hurle et se jette au sol pour se débattre. Ainsi s’achève le premier set nous mettant en forme pour le deuxième groupe nordiste.

3rd From the Sun entre en scène. Les Douaisiens, dont le nom est en référence à la position de la Terre dans notre système solaire, diffusent un Metal passant du Thrash à l’Indus avec des réminiscences Prog sur thèmes futuristes. Avec un album éponyme, sorti en 2019, le quatuor dont le back drop est à l’image de la pochette de l’album entame le set par un fond sonore de drones tourbillonnant autour de nos têtes et ça joue fort immédiatement. La batterie de Fabien est martelée tandis que Loïc Nuez, de ¾, hurle et frotte frénétiquement les cordes de sa basse, occupant ainsi toute l’attention pendant "Silent Threat" qui se stoppe net pour intégrer le rythme lent de l’intro de ce drôle de titre qu’est "Children of Q". La guitare prend alors toute sa force pendant des riffs rapides alternant avec un mid-tempo et une petite partie Prog pour repartir de plus belle. Un accord, deux coups répétés de caisse claire annoncent "Sensors in Alert", un morceau dont l’intro se montre éthérée et spatiale. La batterie domine pendant le chant sporadique composé des cris de Will Stuka. “Désolé pour le retard, ne soyez pas timide, nous sommes 3rd From The Sun. Et bim ! Ca reprend de plus belle avec des titres plus Thrash pendant lesquels les guitares des frères Herbaut prennent le relais, ou aussi des titres plus lancinants tels "The Signal" pour finir le set par le très fou They Live, alternant ainsi entre chanson de l’album et nouveautés. 3rd From The Sun déroute par ses contre-pieds, sa qualité et ses références mais le public ne se trompe pas et applaudit le groupe de façon plus que chaleureuse.

De famille et d’amis, il en est question également puisque de nombreux fans, vêtus du t-shirt du groupe attendent de pied ferme les Cambrésiens de Black Hazard. Créé en 2020, après le Covid, fort d’une prestation fort remarquée lors du Raismes Fest de 2023, le combo revient sur scène après un an d’absence. Ludo Loire, son acolyte, le bassiste Antoine Mercier, accompagnés pour la première fois d’Edgy, guitariste très Glam-Rock, bandana à la ceinture et l’athlétique batteur Fox, ont bien envie de satisfaire son public tout en se faisant plaisir à travers un Stoner des plus efficaces. L’egorizer lumineux accueille le frontman barbu qui lance "Kingdom Collapse", nouveau titre et excellente mise en bouche. Le test est réussi. Ludo et sa bande sont déjà très à l’aise. Edgy nous fait de jolis petits levés de manche pendant que le chanteur s’amuse avec le public. Tout l'album y passe à part deux titres : Loud earth, Road to Rollin’, un titre à prendre le volant, Reborn avec une petite incursion de Walk de Pantera pour achever le set par Black Blues. “Merci beaucoup pour l’accueil” lance Ludo avant d’avoir une belle pensée pour les bénévoles et de présenter ses acolytes.Ainsi s’achève 50 minutes de Rock vivifiant, énergique, mettant le feu en coulisses et transcendant l’auditoire à commencer par Steeven El Termito, accroché à la barrière, qui n’a pas manqué une miette de la prestation.

La température monte dans la salle, et il est temps d’accueillir les Samariens de Raven's Crew. Le quintet amiénois emmené par le chanteur à la crête, Arno, nous fait slammer avec son Heavy-Punk-Rock. Après un premier EP Memoriae, sorti en 2022, le combo sort un second Demain c’est loin le 30 mai prochain grâce à un Crowdfunding. Alors Raven's Crew écluse les salles de la région entre le Bistrot St So, le Beaver Fest et ici. “Est-ce que vous allez bien ?” lance le robuste chanteur, avant que les gratteux, dont Christophe Cogez qui est le sosie plus jeune de Rob Halford, lancent Dictocratie. Puis suivront "Lost Trip", s’orientant vers le rythme de Sidilarsen assisté de textes scandés et le groove de Memoriae. Arno ne tient pas en place, tantôt au ras de la scène, tantôt sur l’estrade de la batterie. Entre Punk, Rock et vieux Rap façon Assassin, Ravens Crew enchaîne Futur Intérieur et son riff débridant un circle pit et un pogo, le très mélodieux mais puissant Askip aux proses fournies, le groove de "Parasite Enemy" et "Mon Essence" laissant le frontman les bras en croix face aux fûts de Fred. “We will make America great again”... Sous la huée, Trump lance God Bless America, ça bouge tout de suite grâce à une basse efficace et un chant rageur relayé par des chœurs du bassiste Seb et de Paulo, le deuxième guitariste. “Allez, ça se termine déjà, big up à vous le public”. L’Enfer c’est Les Autres, réplique de Jean-Paul Sartre termine ce set rageur, pendant lequel le frontman pointe du doigt un des membres de l’auditoire, “Merci à toi, à toi, à toi…” et reprenant le refrain à de multiples reprises.

Le public est déjà chauffé à blanc après la moissonneuse-batteuse de Raven's Crew, mais était-il réellement préparé aux salves du char d’assaut de The Metal Circus Show ? Pas sûr…

Après avoir enflammé la salle Beaulieu de Lomme pour le FurioUs CirKus, les 3 chanteurs, 2 guitaristes, un bassiste et un batteur entrent sur scène comme des damnés. On sait que ça va déboîter des cous et déglinguer des oreilles. ”Allez, c’est parti !” Et ça tape dans le dur direct avec Nailbomb de Max Cavalera et son "Wasting Away". Les barrières bougent sous les coups des pogos. Ça saute de partout pendant "Hate Tank" des thrasheurs de M.O.D.. Puis suivront "Sick Boy", "Total Warfare" de Living Terror, "Never Again" de Discharge et le tremolo introductif de "Wealth Rules" des Punks anglais Broken Bones. ”Est-ce que vous êtes là, les papas, Surtout les méchants papas”. Dad est lancé. Chaque musicien s’éclate dans son coin ou tous ensemble. Petite pause : “Nous sommes The Metal Circus Show, nous sommes là pour les bar-mitsvah, anniversaires et les mariages”. avant de balancer "UK 82" de The Exploited pendant lequel le chanteur rattrape les slammeurs. Puis arrivent "Aren’t You Hungry" de M.O.D., "Scratch the Surface" de Sick Of It All, War Pimp Renaissance et Kill Yourself qui déboucheront sur un tube intemporel à l’intro reconnaissable entre mille : "I Wanna Be Your Dog" des Stooges, joué à 100 à l’heure. Sans aucune pause, ce qui est déjà une sacrée performance, le septet continue avec "City Baby Attacked By Rats" de GBH, un titre tout en force et "I Hate You" de The Exploited pendant lequel The Metal Circus Show nous prouve le contraire, aimant le contact avec le public. Le set s’achève sur "United Forces" de S.O.D. et "Nothing" de Negative Approach. “Après cela, il ne reste plus rien”. En effet, “Vous avez tout donné” pour un joyeux bordel, une cacophonie organisée et le bonheur de la famille Punk.

Le public venu en masse pour ces derniers déserte quelque peu la salle. Il faut dire que les balances du début du Fest ont été très longues et ont fait prendre beaucoup de retard à l’orga. Une dernière visite du Diable vêtu de rouge et la “Happy Family”à la crête cède la place à la Brigada 91. Les bandanas sur les yeux sont pléthore dans l’auditoire et les enfants y sont nombreux. LocoMuerte est en plein milieu de sa tournée, marquée entre autres par un passage à The Black Lab, pour les 40 ans de Loudblast.


Pendant la traditionnelle introduction mexicaine, le groupe extrêmement détendu, monte sur scène avec une belle entente perceptible. Notre El Termito, pied de micro-machette à la main, nous présente sa petite folie capillaire : de longues tresses blanches qui sont du plus bel effet lorsqu’il slamme. S'il y a deux choses qui caractérisent les Franciliens hispanisants, c’est d’une part, une énergie débordante et inaltérable et, d’autre part, le plaisir de jouer dans n’importe quelle salle, petite ou grande, Hellfest ou Ecourt- Saint-Quentin.

Tiro Pa Matar en est le premier exemple. Nico Loco, le bassiste, fait l’andouille comme à son habitude, El Mitcho paraît plus posé sans pour autant dépareiller, prenant plaisir, la batterie d’El Floco raisonne bien fort tandis que Steeven El Termito danse caliente, se jette par terre et bouge pour 10 pendant La Brigada. L’énergie de la jeunesse est énervante. N’importe qui mettrait 3 semaines à s’en remettre après 10 minutes de ce régime.

“Como Estas ? On est Loco Muerte!” Un pur délire arrive pendant Loco. Et la folie ne s’arrête pas là. Nico Loco : “On a passé minuit ? J’ai 50 balais et j’ai envie de devenir complètement loco (fou)”. La foule entame un HB NIco. Mais le cadeau vient du groupe continuant son show avec des titres comme Bandolero et son refrain (Bang, bang, Bandolero) est repris par le public, "Demonios de Parano Booster", en passant par "Mi Familia", "Ronque" et "Barrio". Pendant ce temps, on a évidemment eu le droit à la traversée de crocodile mené par un chico et la montée d’une partie de l’auditoire sur le podium.

Diablos que linda la fiesta ! LocoMuerte, comme à son habitude, nous a soufflé avec son concert de dingue mais aussi par sa simplicité, allant à la rencontre de leurs fans, discutant avec eux ou s'intéressant aux autres groupes. Gracias ! ¡Muchas, muchas gracias !

Ce soir, la famille Metal était à la fête avec une première édition de cet Evil Fest absolument génial malgré quelques contretemps, son ambiance de dingue, la gentillesse et la bienveillance de tous. Ce n’était pas un festival mais presque une cousinade où tout le monde se rencontre, discute du bout de gras et finit par se quitter en s’embrassant. Les Hauts-de-France comptent désormais un nouveau, beau et bientôt grand festival, avec des organisateurs ayant la tête dans les étoiles et des idées qui fusent. Merci pour tout et à l’année prochaine !



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