Nous avions profité de la semi-journée de la veille pour nous acclimater et travailler notre endurance. Et question endurance, il faut s’accrocher. Ici, chaque jour, un bon festivalier fait en moyenne quinze kilomètres par jour et arpente les scènes dans le seul but d’apercevoir de près ou de loin le maximum de groupes possibles et ce, dès 10 heures du matin jusqu'à 2h00.
Et que dire, si ce n’est que, pour le moment, nous nous estimons particulièrement chanceux. Nous sommes le 28 juin, il fait bon à Clisson (et particulièrement chaud). Les conditions sont donc optimales pour apprécier comme il se doit les nombreux groupes à l’affiche, même si plusieurs dilemmes s’offrent à nous : Emperor ou Machine Head ? Tom Morello ou Satyricon ? Lofofora ou Klone ? Un véritable casse-tête, mais preuve s’il en est que la programmation du Hellfest Open Air est excellente. Petite surprise à noter : la présence de Shaka Ponk venu saluer le public clissonnais pour la première (et dernière) fois de sa carrière.
Par Axl Meu / Crédit photos : Moris DC
Après un détour sous l’Extreme Market pour y retrouver nos partenaires, Les Acteurs de l’Ombre, Les Editions des Flammes Noires et Frozen Records, nous apercevons de loin Karma Zero. La première formation à nous avoir fait l'œil ce matin s’appelle Houle, qui se produit sous la Temple. Cette dernière vient de sortir son tout premier album, Ciel cendre et misère noire, chez les Acteurs de l’Ombre Productions et propose un Black Metal assez « easy-listening » mélodique, porté par une Adsagsona (chant) qui puise son inspiration dans les histoires de marin. Visuellement attractif et pertinent, ce premier « vrai » concert de la journée est véritablement placé sous le signe de la rigueur ! Après 30 minutes de concert, le groupe donne rendez-vous à ses fans à l’Extreme Market sur le stand de son label. À bientôt dans le nord ?
Après cette session « black metal », nous nous rendons pour la première fois du week-end du côté des scènes Valley (autrefois couverte) et Warzone où se produisent successivement The Devil’s Trade et Smash Hit Combo, deux scènes, deux ambiances donc. The Devil’s Trade - qui, rappelez-vous, s’était fait remarquer en première partie d’Alcest à l’Aéronef de Lille - propose ce que l’on appelle un « Rock funéraire », à la fois calme et pesant et, de l’autre côté sur la Warzone, Smash Hit Combo réveille les ardeurs des geeks à l’aide de morceaux bien connus comme « Hardcore Gamer ». Bien sympathique tout ça : les matinées au Hellfest Open Air sont toujours bien animées !
Après le set épique proposé par Orden Ogan, nous restons aux abords des scènes principales pour observer le concert de While She Sleeps. La formation est désormais ce qui se fait de mieux en matière de Metalcore et est parvenu au fil des années à se forger une réputation « live » et une véritable communauté, notamment décisive lors de la pandémie : c’est la « Sleep Society ». C’est simple et, en toute objectivité, While She Sleeps est à l’origine de la première déflagration sonore de la journée jusqu’à présent assez calme. Au rendez-vous, des gros morceaux « SELF HELL », « SLEEPS SOCIETY », « ANTI-SOCIAL », de belles animations dans la fosse et même des flammes !
Par la suite, Karnivool donne un concert somme toute classique sur la MainStage et beaucoup profitent des points d’eau pour se rafraîchir ou des rares coins d’ombre pour se reposer. Ce qui leur laisse le temps de choisir entre Klone et Lofofora : le véritable premier « clash » de cette deuxième journée. Comme beaucoup, nous décidons de couper la poire en deux et d’observer de loin les deux formations, avant d’aller retrouver Houle du côté de l’Extreme Market. Lofofora est actuellement en campagne pour défendre ses idées politiques (qui n’ont jamais eu autant de portée qu’en ce week-end de législatives) et son nouvel album, Cœur De Cible (disponible le 4 octobre prochain). De l’autre côté, sous la Altar (blindée !), Klone donne un concert rafraîchissant animé par des musiques techniques et des musiciens à fleur de peau. La preuve que la formation de Metal Progressif reste une valeur sûre, que ce soit en salle ou en festival.
Bien que relativement attendue par la rédaction, la prestation de Mork - cousin éloignée de Darkthrone - n’apporte rien de bien nouveau sur la table : nous décidons donc de rejoindre à nouveau les abords des MainStages pour retrouver Fear Factory qui rencontre, lui, un franc succès. On doit avouer que cela nous a fait du bien de voir la formation de Dino Cazares reprendre du poil de la bête suite à l’arrivée de Milo Silvestro au chant. Et que dire, si ce n’est qu’entendre « live » les classiques « Demanufacture », « Replica » et « Zero Signal » n’a pas de prix ?! Bien joué !
Après la théorie, la pratique pour Savage Lands, l’ONG écolo’ montée par Sylvain Demercastel et Dirk Verbeuren en 2022. Le projet commence sérieusement à faire parler. Ses objectifs ? La reforestation du Costa Rica et la sanctuarisation d’espaces qui deviendront intouchables. D’ailleurs, aujourd’hui-même, suite à une conférence de presse donnée par l’organisme, le Hellfest Open Air a promis de l’aider à réaliser ses projets à hauteur d’un million d’euros sur cinq ans. Il est 17h35 et le projet monte sur scène (un an après sa courte apparition lors du concert d’Akiavel) dans le but de sensibiliser les fans à coup de # et de vidéos. Le concert est assez intéressant, même s’il n’apporte rien de bien fou sur le plan musical. On y voit tout un tas de célébrités défiler, notamment Andreas Kaiser (Sepultura), Shane Embury (Napalm Death), Poun (Black Bomb A), Chloé Trujillo pousser la chanson sur des titres personnels et mêmes des reprises (du AC/DC, du Sepultura…). Désormais, il nous faut espérer que le projet aboutisse pleinement et que cette première « vraie » performance en appelle d’autres, car il mérite d’être mis en avant !
Après ce moment de sensibilisation, nous découvrons Polyphia sur la scène principale 1. Ces derniers appartiennent à ce que l’on pourrait appeler « la nouvelle génération de guitar-hero ». D’ailleurs, le travail de Timothy Landon Henson et Scott LePage a déjà reçu la bénédiction de pointures du genre comme Joe Satriani (!). Deux semaines après leur passage remarqué à l’Aéronef de Lille, l’heure est donc à la confirmation au Hellfest Open Air. Beaucoup y ont donc découvert ces virtuoses mêler prouesses « guitaristiques » sur fond d'éléments Djent / Rap : le rendu est vachement agréable, séduisant et surtout, frais !
De l’autre côté, la MainStage 2 s’apprête à recevoir Steel Panther. Il n’y a pas photo : le public de Clisson, alors timide jusqu’à présent, s’est déplacé en nombre pour assister au concert des Américains. La formule est bien rodée et surtout, placée sous le signe de la légèreté (c’est le moins que l’on puisse dire). Musicalement, Michael Starr est en voix et le montre d’emblée sur « Eyes of a Panther ». Mais ce que l’on retient surtout du concert, ce sont les longues touches d’humour du groupe - souvent lascives - qui font directement référence à Rick Allen (le batteur de Def Leppard), à Whitesnake (« 1987 »), mais aussi au dicton « Sex, Drugs & Rock & Roll » notamment sur « Asian Hooker », « Friends With Benefits » et « Community Property », ce dernier voyant défiler bon nombre de filles du public sur scène.
Nous écoutons notre séjour devant la MainStage 2 pour retrouver la Temple où se produiront successivement Satyricon et Emperor, rien que ça ! Petite surprise niveau line-up du côté de Satyricon : c’est désormais Franck Bello (Anthrax) qui assure les parties de basse et qui épaule les rythmiques effrénées de Frost. À côté, rien de bien de nouveau sous le soleil de Satyr. Du classique encore et toujours avec une setlist aux petits oignons avec des morceaux de Now, Diabolical, Deep Calleth Upon Deep et Nemesis Divina (entre autres). De l’autre côté, Amorphis livre un concert classique, porté par le superbe Tomy Joutsen qui alterne toujours aussi bien growl et chant clair...
Notre dernière véritable satisfaction de la journée s'appelle Emperor. Les concerts de Ihsahn ne sont pas légion en France et donc, beaucoup des festivaliers prennent le temps de savourer les incantations du Norvégien, ici épaulé par Jørgen Munkeby aux claviers (du groupe Shining, que nous avions entrevu la veille sur cette même scène). On pensera notamment au génial « Ye Entrancemperium » joué en fin de parcours. Après cette nouvelle claque, nous errons dans le festival : Machine Head n’en a pas totalement fini avec son public. La production du concert est - dira-t-on - à la hauteur de l’événement. Peut-être aurons-nous l’occasion de revoir Machine Head un jour en festival ?
Nous terminons notre journée sur une note « old-school » avec Body Count, les patrons de la scène Crossover / Rap Metal américaine. Ice-T et ses comparses n’ont peut-être plus la fraîcheur de leur vingtaine, mais nous devons avouer que les voir sur scène fait toujours son petit effet !