C’est l’un de nos rendez-vous annuels : le In Theatrum Denonium. Aujourd’hui, le festival denaisien en est déjà à sa huitième édition - à son huitième acte - et a su s’adapter en fonction des nouveaux défis qui s’offrent à lui, tout en restant cohérent avec son cahier des charges : faire jouer du Metal noir dans un lieu somptueux (bien que ce dernier ait été endommagé lors des émeutes de juin dernier).
Cette année, le programme se situe quelque part entre le Thrash technique et old-school et le Black avec des formations comme Dødheimsgard, Inferno, Desaster et Cryptosis (venu remplacer Schizophrenia à la dernière minute). En bonus, nous pouvions également compter sur Jeff Grimal - habitué du festival - venu présenter son side-project acoustique, Kesys. Parfait pour animer notre samedi !
Par Axl Meu
Des quatre formations à l’affiche, une seule est revenue régulièrement sur les réseaux : Dodheimsgard, formation de Black Metal expérimental norvégienne qui a dernièrement fait parler suite à la parution de son sixième opus, Black Medium Current. Le reste est peut-être un poil plus obscur, mais nous devons l’avouer : ça fait du bien de voir des formations rares qui ne se produisent jamais par chez nous.
Commençons par Cryptosis, les grands remplaçants de Schizophrenia. Plutôt surprenant comme choix, étant donné que le trio néerlandais est loin d’évoluer dans un style semblable. Avec Cryptosis, nous sommes plutôt du côté Thrash Technique de la force. Les ex-Distillator sont trois sur scène et s’appuient sur des éléments visuels projetés sur des écrans pour nous immerger dans leur univers dystopique : leur premier album, Bionic Swarm, est un concept-album projetant l’humanité en l’an 2149. Autant dire que la sauce a pris : la performance est efficace et se déroule sans encombre. De quoi ravir les fans Voivod, Vektor, mais aussi d’Obscura, sans doute présents en nombre dans la salle. Une belle entrée en matière de notre côté.
Inferno était méconnu de la rédaction d’Heretik Magazine avant que le In Theatrum Denonium ne les programme. Désormais, place à la découverte donc. L’entrée sur scène se fait progressivement avec des individus au visage occulté et d’un leader couvert d’un drap noir avec, en fond, une musique lourde, assez glaciale dans l’ensemble. Il en sera de même pendant tout le concert. Force est de constater qu’il n’y a pas beaucoup de variations dans le set des Tchèques : les retours sont donc assez mitigés dans le théâtre. Il y a ceux qui ont adoré et les autres qui - une fois la surprise de la configuration passée - ont trouvé le temps bien long.
Après, nous sommes allés nous perdre du côté du fumoir pour assister à la première performance de Kesys, le projet acoustique de Jeff Grimal. Ses tableaux sont exposés en fond, le musicien joue quelques pièces acoustiques et instrumentales et essaie - tant bien que mal - de faire taire tous ceux venus faire le plein en merch’ et en bière.
Après ce petit moment hors du temps, nous regagnons la fosse du théâtre pour le concert de Desaster : formation de Thrash/Black allemand à l’ancienne, qui puise principalement son inspiration chez Venom et Destruction. Les Allemands sont loin d’être carrés, mais on peut dire qu’il est difficile de faire mieux niveau authenticité. Face à leur bassiste vêtu de cuir et de clous à la mode SM, les premiers rangs se lâchent, mettent le parquet sans dessus-dessous et scandent furieusement le refrain de « Countess Bathory » de Venom jouée en fin de partie peu de temps avant le rappel bienvenu : « Speak English or Die » de S.O.D.. Un show presque jamais carré, mais véritablement efficace. Du Thrash teuton, du vrai quoi.
Le temps passe vite à Denain et nous sommes déjà à la performance de Dødheimsgard, véritable curiosité pour ceux qui n’ont encore jamais vu les Norvégiens se produire sur scène. Pour apprécier comme il se doit leur prestation, il faut être averti du style joué : on est dans le Black Metal avant-gardiste. Et de ce concert, nous aurons surtout retenu cette forme de folie visuellement et musicalement incarnée par Vicotnik, le leader et chanteur du groupe. Debout comme à terre, il se plie aux exigences d’une musique dramatique, complexe, car bipolaire. On pensera surtout au grandiose « Traces of Reality », joué par une troupe sérieuse et impassible jusqu’au final du concert : « The Crystal Specter ». Un autre moment suspendu avant de rejoindre Kesys pour sa deuxième performance, concluant comme il se doit cette belle édition. À l’année prochaine !