SUR LES PLATINES DE LA RÉDACTION - Octobre 2025
- Axl Meu
- il y a 2 heures
- 7 min de lecture
Une fois par mois, la rédaction vous invite sur ses platines et reviendra sur quelques disques qu'elle a saignés ces dernières semaines.
Par la rédaction
AGRICULTURE
THE SPIRITUAL SOUND
Post Black Metal / Blackgaze
The Flenser
Début octobre, les californiens d’Agriculture sortaient The Spiritual Sound. Un album d’une intensité rare, entre chaos et transcendance. Après un premier album remarqué en 2023 (et sobrement intitulé Agriculture), le quatuor revient bousculer sa recherche de sonorités extrême, avec un Black Metal lumineux, vibrant et à la limite du mystique. Dès « My Garden », la déferlante sonore s’impose : guitares saturées, rythmes furieux, cris déchirants venus tout droit d’un film d’horreur. Mais les californiens ne cherche pas la destruction, au contraire, ils transforment la violence en une véritable extase auditive ; et le rendu fonctionne très bien ! Chaque morceau alterne entre brutalité et beauté suspendue : « The Flea » explose, « Dan’s Love Song » apporte de la douceur, et « Bodhidharma » appelle à une forme de méditation. La seconde moitié du disque, plus introspective, évoque la paix après la tempête. La production, signée Richard Chowenhill, sculpte des paysages sonores d’une densité impressionnante. Les voix alternent entre hurlements viscéraux et chants clairs fragiles, renforçant le contraste entre l’humain et le spirituel. Le groupe revendique une approche artisanale : déconstruire, recomposer, chercher la pureté au cœur du bruit. The Spiritual Sound n’est pas un album facile à cerner, car il demande une écoute attentive pour mieux le savourer. Mais sa cohérence, sa sincérité et sa puissance émotionnelle en font une œuvre majeure du Metal contemporain. Agriculture transcende les codes du Black Metal pour livrer une expérience à la fois physique et spirituelle, une véritable cérémonie du son !
Antoine Souchet
GLENN HUGHES
CHOSEN
Groovy
Hard Rock
Frontiers Records
Neuf ans après son dernier album Resonate, le grand Glenn Hughes nous revient avec son tout nouvel album intitulé Chosen. Alors certes, durant ces neuf dernières années, il n'a pas vraiment chômé, notamment avec le groupe The Dead Daisies. Cette parenthèse musicale ayant pris fin, le sieur Glenn s'est donc dit qu'il était temps de sortir un nouvel opus sous son nom. Alors qu'en est-il de ce Chosen ? Hé bien, c'est tout simplement un très bon cru. Le chanteur/bassiste ne se repose pas sur ses lauriers, comme il pourrait le faire après toutes ses années de succès. Pour les amateurs du bonhomme, vous devriez adorer, il nous offre ici un Hard Rock à l'énergie brute, teinté de Funk, de Soul, mélange qu’il manie très bien depuis de nombreuses années. Alors, ne vous fiez surtout pas à la pochette qui nous montre une mer paisible, car cet album nous délivre dix pépites d’un Hard Rock Groovy, fait de riffs acérés et terriblement efficaces, et ça fait un bien fou. Aucune baisse de régime durant ces dix titres qui composent ce Chosen, excepté, peut-être, la balade « Come and Go » placée en fin d'album. On pourra noter, également, quelques touches Grungy notamment sur « The Lost Parade ». Quant à la voix si particulière du chanteur, elle est toujours aussi sublime. Il n’y a pas à dire, le père Glenn est en forme et montre avec Chosen qu’il peut encore faire de grandes choses et qu’il faut encore compter sur lui. Ce disque est explosif, chaque morceau vous rentrera dans le crâne, et aura du mal à en sortir. Dès les premières notes de « Voice in my Head »., vous serez happé par cette déferlante de titres puissants, tous aussi bons les uns que les autres, et vous en redemanderez. Il n'y a pas vraiment de titre qui sort du lot, tant la qualité est là sur chaque morceau. Que vous aimiez Glenn Hughes ou que vous aimiez simplement un bon disque de Hard Rock, jetez-y une oreille, ça vous mettra de bonne humeur et c'est la banane assurée.
Chris
HERETOIR
SOLASTAGLIA
Post Black Metal
AOP Records
Les Allemands d’Heretoir signent leur retour avec Solastalgia; autant puissant que bouleversant. Guidé par David « Eklatan » Conrad, le projet explore le sentiment de perte et de nostalgie d’un monde en déclin. Le titre de l’album fait d’ailleurs référence à la solastalgie, c’est-à-dire la douleur de voir disparaître son environnement, sa maison, son refuge intérieur. Dès le morceau d’ouverture, « The Ashen Falls », on comprend que l’album ne sera pas une simple démonstration de force. Les guitares s’élèvent comme des vagues, entre rage et douceur, et la voix oscille entre cris désespérés et chant fragile. C’est une tempête émotionnelle maîtrisée, où la beauté surgit dans le chaos. Vient ensuite « Season of Grief », pièce maîtresse de près de dix minutes, véritable voyage entre fureur et apaisement. On y ressent une intensité rare, presque spirituelle, comme si chaque note cherchait à panser une blessure. Avec « You Are the Night », plus direct et mélodique, Heretoir ouvre une porte vers la lumière. La nuit n’y est plus seulement sombre, mais aussi protectrice, douce, presque consolante. La production est claire, ample, respirante. Rien n’est surjoué, tout sonne sincère. Solastalgia ne cherche pas à impressionner, mais à toucher. C’est un album qui parle de la fragilité du monde et de la beauté qu’il reste à en sauver. On reconnaît les différentes spécificités de ce métal atmosphérique mis en place depuis leur début : Doom, Shoegaze et Black. En d’autres termes, cet album est à la fois lumineux et profond.
Antoine Souchet
NARAKA
BORN IN DARKNESS
Death/Black sophistiqué
Art Gates Records
Alors là ! Voici un O.V.N.I. ! Non, Naraka ne désigne pas un personnage de manga, le nom des Enfers dans le Bouddhisme et l’Hindouisme. Après un premier album, In Tenebris, sorti en 2021, le quatuor revient avec Born in Darkness offrant un Death Metal aux sonorités Black. « Qualité » est le maître-mot de Naraka : outre Jean-Philippe Porteux à la guitare et Théodore Rondeau au chant, on retrouve Pierre-André Krauzer de Vestige à la basse et surtout, derrière les fûts, Franky Costanza. La qualité vient aussi de l’artwork, après une première pochette signée Seth Siro Anton, le Baphomet sur un fond rouge sang est signé Andreas Bathory. De qualité, il en est évidemment question dans le son : les treize titres (oui, oui, vous avez bien lu : 13 titres) sont issus d’un subtil mélange de Death Metal péchu, de Black profond, acoquinés à de l’orchestration à outrance. On y ajoutera les interventions des divas Veronica Bordacchini (Fleshgod Apocalypse) et l’ex-Cradle Of Filth Lindsay Schoolcraft, ainsi celle de Sotiris Anunnaki de Septicflesh. Born In Darkness est un album déroutant par ses influences, ses changements de styles mais qui met en lumière le travail d’un groupe soudé et la maestria de l’homme au bandeau derrière son kit. Patience ! Naraka arrive sur vos platines le 24 octobre avant d’envahir le FurioUs CirKus le 2 Mai 2026.
Flavien Minne
ÖLD BLACK
D.T.R/R.T.D.
Black’n Roll
M & O Music
Ah ! La poésie, l’art, la délicatesse… Oulà, pas de ça ici ! Le Black’n Roll d’Öld Black pue la luxure, la bière, la sueur, la crasse et l'huile de moteur. Le trio bragard (oui, c’est comme ça qu’on appelle les habitants de Saint-Dizier) créé en 2006, sort d’abord deux démos et Just Fucking Christ, un premier album en 2018 et un EP, Vagabönds of Hell, qui leur a valu leur surnom. D.T.R./R.T.D. est sorti le 22 septembre dernier sous le label M & O Music (Locomuerte, Corporal Punishment…). Dès l’intro, on sait où l’on met les pieds : Tribute to Prostitute commence par la présentation du Titty Twister, la boîte maudite dans le film Une Nuit En Enfer de Quentin Tarantino. Six autres titres de la même veine suivront dont "Debauchery", "Total Barbarism" et "Death Prostitute". Avec sa voix proche de celle de Lemmy Kilminster, Öld apporte des riffs ravageurs, Randy détruit littéralement son kit de batterie pendant qu’N. le nouveau bassiste frotte ses cordes à les faire chauffer. Le Metal d’Öld Black est fort, puissant même, et transportent l’auditeur dans son univers de dépravation et de sacrilège. D.T.R./R.T.D. est un album à ne pas louper, à découvrir, à écouter et réécouter. Amateurs de Motörhead des premières heures et de Darkthrone, enfourchez vos bécanes ! Öld Black déboule sur vos platines.
Flavien Minne
PERTURBATOR
AGE OF AQUARIUS
Synthwave / Darkwave
Nuclear Blast
Ce qui est dingue avec James Kent, c’est sa capacité à garder une signature reconnaissable tout en renouvelant la formule à chaque sortie. Prenez la piste Lunacy, à la première mesure il n’y a aucun doute, c’est lui et pourtant, c’est pas la même sauce, on dirait même que ça n’a rien à voir. Pour résumer on pourrait dire qu’il y a un vrai fond de Neo Tokyo / Dangerous Days mais avec un côté plus ambient, plus sombre. Probablement moins banger que d’habitude, Age of Aquarius n’a pas été écrit pour ça, on le sent tout de suite, c’est un parti pris. Il dégage une atmosphère prenante qui vous invite à prendre le temps, à vous faire bosser votre imagination, à vous projeter dans un univers dans lequel les néons ne dissipent pas l’obscurité. On notera pleins de feat sympa : l’habituée Greta Link mais aussi Kristoffer Rygg d’Ulver, Author & Punisher et pour finir Neige d'Alcest qui vient clôturer l’album sur une touche de douceur que l’on aurait peut-être aimé plus directe. Il n’y a pas que des discothèques à « Night City », il y a aussi la BO du quotidien et on l’a enfin reçue.
Théophile
R.B. BAND
CHAINS OF SILENCE (EP)
Metal / Hardcore
Indépendant
Après un premier EP sorti en 1997 et, plus récemment, deux singles, le groupe de Montdidier (80) nous revient avec un nouvel EP 5 titres (dont 1 bonus) intitulé Chains of Silence. Cet opus contient trois nouvelles compos, ainsi que deux anciens titres : « Broken Up » et « Reality ». Les hostilités débutent avec « Modern Slave » qui pose les bases d’un Thrash Old School bien maîtrisé, que tout fan du style devrait apprécier. Car, c’est clair, ce premier titre donne envie d’en découvrir davantage. Le second morceau me donne raison, « R.B.Band » a un petit côté Sepultura, époque Cavalera, sans en être un simple plagiat. Tout y est pour en faire un classique du groupe. Voix hurlée, refrain fait pour être repris en live avec le public. Le solo me dit que le gratteux pourrait bien être fan d’un certain Kerry King (sur les autres solos également). Vient ensuite « Be Yourself » qui lui vise plutôt vers le Hardcore à la Biohazard, avec un refrain bien accrocheur, encore une réussite. L’EP se termine avec les deux compos plus anciennes, « Broken Up » (2022), sur un rythme tantôt lent et lourd, tantôt plus heavy, et le titre bonus « Reality » (2024), clôturant Chains of Silence d’un Thrash/Hardcore sacrément efficace. Puissant et varié, le groupe nous fait passer un très bon moment entre headbanging et jouissance tympanique, et s’il poursuit dans cette voie, les Hauts-de-France auront un groupe sur qui compter.
Chris



